LA QUÊTE DE L’IMMORTALITÉ
LES DRUIDES SAISON 2 ÉPISODE 15
ORION ET ESUS (4ème partie)
ESUS ET LA QUÊTE DE L’IMMORTALITÉ
Orion est un des dieux les plus importants du panthéon celtique. Il forme avec son frère jumeau un duo. Ce duo est la composante principale de la Religion des Étoiles des druides.
ORION ET HÉRAKLÈS
Orion est tout d’abord le dieu qui sacrifie le Taureau céleste sur la plaque du fond du chaudron de Gundestrup. Cette image est surtout une carte du ciel qui permet de dater cet événement. Voir SAISON 1 ÉPISODE 5 Le chaudron de Gundestrup et l’astronomie
Plaque du fond, au centre la constellation du Taureau (Taurus), en haut Orion (Orion) et le Grand Chien (Canis Major), en bas la constellation du dragon (Draco) et de la Petite Ourse (Ursa Minor). Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré, © Copenhague, Nationalmuseet
Sang du Taureau cosmique qu’il récupère dans un bassin fabriqué à cet effet. Le chaudron de Gundestrup est un magnifique exemple d’un de ces récipients.
En bon héros indo-européen, il est également celui qui tue le Tricéphale. Voir SAISON 3 ÉPISODE 5 Le dieu Tricéphale
Plaque intérieure du chaudron de Gundestrup aux trois taureaux. Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré, © Copenhague, Nationalmuseet
Son « avatar » Héraklès en fait de même, il tue le taureau de Crète et tue un être triple.
Héraklès et le Taureau de Crète. Détail d’un lécythe attique à figures noires, vers 480-470 av. J.-C. Découvert à Athènes. Musée du Louvre. (Wikimedia Commons).
Seul le choix des artistes diffère pour représenter cet être triple.
Héraclès et le triple Géryon, amphore athénienne à figures noires 6e av. J.-C., Cabinet des Médailles.
Trois taureaux sur le chaudron de Gundestrup. Un homme avec trois torses et trois têtes sur un vase grec. Un seul et même mythe.
ORION ET ESUS
C’est en tant qu’Esus qu’il abat l’arbre cosmique qui soutient la voûte céleste et déclenche ainsi la fin du monde en faisant tomber le firmament sur terre. Le fameux « ciel qui tombe sur la tête des Gaulois ». Voir SAISON 2 ÉPISODE 12 Esus le destructeur de mondes
C’est également en tant qu’Esus qu’Orion devient un tueur de dragon. Esus n’est pas seulement un destructeur, mais il prend également une fonction de créateur puisqu’il coupe le monstre en deux et crée ainsi le ciel et la terre. Comme Shiva en Inde qui lorsque sa création lui déplait, détruit un monde pour en créer un autre. Voir SAISON 2 ÉPISODE 14 Esus le tueur de dragon
En tuant le dragon ou en abattant l’arbre de vie, ce qui est dans la symbolique druidique la même chose, Esus récupère un liquide : la sève de l’arbre de vie ou le sang du dragon. Ce qui est encore une fois la même chose symboliquement. Voir SAISON 2 ÉPISODE 13 Esus et l’arbre de vie
LA BOISSON DES DIEUX
En Inde, du sang du dragon ou de la sève de l’arbre est tiré le Soma, le breuvage des dieux qui rend immortel.
Indra a frappé Vritra, le plus ténébreux de ses ennemis. De sa foudre puissante et meurtrière, il lui a brisé les membres, tandis qu’Ahi[1], tel l’arbre attaqué par la hache, git étendu sur la terre[2].
Le dragon et l’arbre ne faisant qu’un. Le dragon Vritra est découpé tel un arbre et son sang devient la boisson d’immortalité.
De son côté, Esus abat l’arbre/dragon et récupère sa sève/son sang dans une coupe. Ce récipient devient le prototype du Graal. Il est représenté dans l’iconographie gauloise sous les traits de Sucellus (parfois appelé Sylvain) qui tient une coupe dans sa main. Voir SAISON 2 ÉPISODE 6 Sucellus
Relief du Silvain gaulois sur un autel nîmois. Le dieu porte son maillet et son olla distinctifs. Un chien se trouve à son côté. (Musée archéologique de Nîmes)
Il apparaît également sur un bas-relief montrant un dieu, qui n’est pas nommé, mais qui tient plusieurs accessoires permettant de l’identifier en tant qu’Esus.
Dieu aux oiseaux, sculpture gallo-romaine, Découvert au hameau de Moux, conservé au musée archéologique de Dijon (Wikimedia Commons).
Cette image du dieu aux oiseaux est la clef du mystère Esus. L’arbre/dragon est découpé, la branche tordue le prouve. Ici se présente une variante du mythe ce n’est pas la sève qui est récupérée, mais les fruits. Ces derniers sont comparables aux pommes d’or du jardin des Hespérides qui elles aussi sont un symbole d’immortalité.
Alors, ce personnage est-il Esus ou Sucellus ?
Aucun des deux ou les deux à la fois. Peu importe puisqu’il s’agit toujours d’Orion, la présence dans les deux cas de son fidèle chien le prouve.
Il faut encore expliquer la présence des deux corbeaux.
LE CIEL ÉTOILÉ
Pour cela il faut étudier la coupe. Car il y a une coupe dans le ciel étoilé.
Image de l’hydre de la coupe et du corbeau dans l’Atlas Céleste de Johannes Hevelius, 1690. (Wikimedia Commons).
Cette coupe est gardée par un serpent et un corbeau essaie de la dérober. Cette image dans le ciel comporte un message et permet plusieurs niveaux de lecture.
UN MYTHE GREC
Pour un grec de l’Antiquité, c’est l’histoire classique d’Apollon qui attaque le sanctuaire de Delphes. Lieu saint des Grecs qui est gardé par un dragon le serpent Python.
Apollon affrontant le serpent Python. Entre les deux, le chaudron à trois pieds symbole de Delphes, Statère, Crotone, Lucanie, vers 420 av. J.C.
Apollon est parfois représenté avec un corbeau dans l’iconographie grecque.
Apollon et le corbeau (musée de Delphes), Coupe en céramique à fond blanc (480-470 av J.C.), photo : J-P Dalbéra.
L’enjeu est un objet entreposé dans le sanctuaire. Dans le cas de Delphes c’est un chaudron qui posé sur un trépied. Dans le ciel étoilé, c’est une coupe. Le chaudron celtique est un prototype du Graal. Voir SAISON 1 ANNEXE 13 Les chaudrons celtiques
Même si le Graal peut prendre des formes parfois bien étranges. Voir SAISON 2 ANNEXE 13 Les différents aspects du Graal
Ce qui signifie que le dieu Apollon des grecs est un autre « avatar » d’Orion. Aussi incroyable que cela puisse paraître.
UN MYTHE GAULOIS
Un corbeau qui attaque le sanctuaire du serpent est également présent dans la mythologie celtique avec Brennus (dont le nom signifie « corbeau »). C’est l’épisode mi-historique mi-légendaire de l’expédition des Celtes vers le sanctuaire de Delphes en 279 av. J.-C. Voir les différents Brennus dans SAISON 2 ANNEXE 11 Brennos
UN MYTHE DRUIDIQUE
Pour un druide, cette histoire inscrite dans le ciel rappelle un mythe rapporté par Pline dans lequel un druide pénètre dans l’Autre Monde pour dérober un œuf de serpent, un bien étrange talisman.
Il existe, en outre, une autre espèce d’œufs en grand renom dans les Gaules et dont les Grecs n’ont pas parlé. Des serpents s’enlacent + en grand nombre + ; avec leur bave et l’écume de leurs corps ils façonnent une sorte de boule appelée + urinum +. Les druides disent que cette façon d’œuf est projetée en l’air par le sifflement des serpents, et qu’il faut la rattraper dans un manteau sans lui laisser toucher la terre ; que celui qui s’en est emparé doit s’enfuir à cheval, car les serpents le poursuivent jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés par l’obstacle d’une rivière ; l’épreuve qui fait reconnaître cet œuf est qu’il flotte contre le courant, même s’il est attaché avec de l’or. De plus avec cette ingéniosité qu’ils ont à envelopper de mystères leurs mensonges, les Mages prétendent qu’il faut les prendre pendant une certaine lune, comme s’il dépendait de la volonté humaine de faire coïncider avec cette lune l’opération des serpents. J’ai du reste vu cet œuf : il était de la grosseur d’une pomme ronde moyenne, et sur sa coque se remarquaient de nombreuses cupules cartilagineuses semblables à celle dont sont munis les bras des poulpes. Les Druides vantent fort son merveilleux pouvoir pour faire gagner des procès et pour faciliter l’accès auprès des souverains, mais c’est une si grande imposture qu’un chevalier romain du pays des Vocontiens qui, au cours d’un procès, en portait un sur son sein, fut mis à mort par l’empereur Claude sans autre motif que je sache. Pourtant ces enlacements de serpents et leur union féconde semblent être la raison qui a déterminé les nations étrangères à entourer, en signe de paix, le caducée de l’image de serpents ; c’est l’usage en effet que les serpents du caducée n’aient pas de crêtes[3].
L’interprétation du mythe est relativement simple. Un druide sur son cheval, animal psychopompe, pénètre l’Au-delà pour dérober le secret de l’immortalité. Les serpents sont les morts qui essaient de leur retenir dans l’Autre Monde. Il est évident que ce druide dont le nom n’est pas évoqué porte le nom du corbeau, c’est-à-dire Brennos en gaulois.
LE SANCTUAIRE DES DRUIDES
Pourquoi l’objet sacré est-il un chaudron dans le mythe grec ? Une coupe dans le ciel étoilé ? Un objet indéterminé dans le mythe gaulois ? Et un œuf de serpent dans le mythe druidique ? La multitude d’objets différents dans ces mythes s’explique par le fait que le sanctuaire comporte plusieurs objets précieux. Le dieu ou le héros qui vent les dérober n’a que l’embarras du choix pour s’emparer d’un des objets présents. Voir à ce sujet SAISON 2 ANNEXE 24 Le sanctuaire des druides
VOYAGE DANS L’AU-DELÀ
Suivant la sentence alchimique et hermétique qui dit que : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».
Ce mythe a certainement son pendant exact dans la réalité des rites pratiqué dans le secret des sanctuaires. Cela signifie que l’immortalité n’est pas de ce monde et qu’il faut voyager dans l’Au-delà et en revenir pour en chercher le secret. Les druides pratiquaient-ils des expériences aux frontières de la mort pour découvrir le secret de l’immortalité ?
La question mérite en tous cas d’être posée.
Quant à savoir ce que contient la boisson d’immortalité, ce sera pour un autre article.
En tous cas le gui y joue un rôle important.
Gui (Viscum album) Planche Flore médicinale de Chaumeton 1828.
Ce n’est pas pour rien que les dignitaires celtes arboraient des couvre-chefs reproduisant les feuilles de cette bien étrange plante sur leurs monuments funéraires.
Prince celte du Glauberg portant des feuilles de gui sur sa tête. Détail d’une statue érigée à l’origine sur le tumulus du prince. (Hesse, Allemagne).
©JPS2023/24
[ACCUEIL]
NOTES :
[1] Ahi « serpent » est le second nom donné par les textes védiques au dragon Vritra.
[2] Rig Véda ou Livre des hymnes, Tome I, Section première, Lecture deuxième, Hymne XII, 5, Traduction A. Langlois, Librairie Didot frères, Paris, 1848.
[3] Pline l’ancien, Histoire naturelle, Livre XXIX, XII, par. 52 à 54, Traduction A. Ernout, Les Belles Lettres, Paris, 2003.
Voir également : Gui (plante) — Wikipédia (wikipedia.org)
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