LE DIEU TUEUR DE DRAGON
LES DRUIDES SAISON 2 ÉPISODE 14
ORION ET ESUS (3ème partie)
ESUS LE TUEUR DE DRAGON
Esus est à la fois le dieu qui déclenche la fin du monde, un tueur de dragon et le détenteur du breuvage d’immortalité. Ce qui en fait une des figures les plus fascinantes du panthéon gaulois.
Dans cet article, c’est sa fonction de tueur de dragon qui sera attentivement étudiée.
LE COMBAT CONTRE LE DRAGON
Le combat contre un dragon est un des archétypes mythiques les plus répandu au monde. Les dieux, les héros de toutes les religions leurs ont livré une lutte sans merci. Le sujet est tellement vaste qu’il ne permet qu’une approche sélective des textes mettant en scène ces monstres extraordinaires.
UN MYTHE HITTITE
Ce texte hittite[4] décrit l’opposition entre le dieu de l’Orage Tarhu[1] et le dragon Illuyanka[2].
Le dieu de l’orage et le dragon qui habite les profondeurs des eaux étaient ennemis de longue date, et ennemis acharnés, chacun s’imaginant être plus puissant que l’autre. Quand le dieu de l’orage faisait souffler et siffler ses vents, le dragon faisait rugir et gronder les vagues ; et si le dieu de l’orage envoyait la foudre et la pluie, le dragon à son tour déchainait la houle et l’inondation.
Un jour leur inimitié dégénéra en violente querelle, et ils se mirent à se frapper et à se meurtrir à tel point que, à la fin, le dragon réussit à arracher le cœur et les yeux de son adversaire. Cela n’empêcha du reste pas le dieu de vivre : contrairement aux hommes les dieux peuvent en effet vivre sans cœur, mais cela lui porta sûrement un coup funeste et le laissa très déprimé.
Pendant longtemps le dieu de l’orage s’occupa à panser ses plaies et à ruminer sa vengeance, cherchant comment il pourrait ravoir ce que le monstre lui avait volé. Enfin l’occasion survint.
Le dieu de l’orage alla sur la terre et épousa la fille d’un humble paysan qui lui donna un fils. L’enfant étant devenu grand, de qui pensez-vous qu’il s’éprit, si ce n’est justement de la fille du dragon ? Pour celle-ci, bien entendu, son amoureux n’était qu’un simple mortel, ni elle ni sa famille ne soupçonnaient de qui il était le fils. Le dieu de l’orage, cependant, avait là une chance entre mille, et dès qu’il connut la chose, il résolut de la tourner à son avantage.
« Mon fils, dit-il, tu iras bientôt chez cette jeune fille pour la demander en mariage. Lorsque son père voudra savoir ce que tu désires comme cadeau de noces, réponds que tu veux le cœur et les yeux du dieu de l’orage. »
Le jeune homme fit ainsi qu’il lui était prescrit. Il demanda le cœur et les yeux qui lui furent aussitôt remis ; il revint chez lui et les donna à son père.
Au bout de peu de temps, le dieu de l’orage avait complètement recouvré sa force et il descendit alors vers la mer pour se mesurer avec le dragon. Tonnant, fulminant, soufflant et tourbillonnant, il réussit cette fois à le maîtriser complètement. Mais pendant que la bataille faisait rage, voici que le fils du dieu était reçu dans la maison de son futur beau-père. Lorsqu’il entendit le bruit du combat et vit le dragon s’affaisser, il comprit alors, à sa consternation, qu’il avait été l’instrument de la vengeance de son père et que celui-ci l’avait entraîné à trahir son hôte, crime suprême. Son honneur et l’antique tradition demandait réparation de cette offense. Il fit alors monter sa voix vers le haut des cieux, appelant son père : « Père, dit-il, englobe-moi dans ta vengeance, ne m’épargne pas ! » Et le dieu de l’orage lui donna satisfaction, et, fulminant et tonnant, il vint tuer le dragon en même temps que son propre fils[3].
Le dieu de l’orage hittite Tarhu, accompagné de son fils Sarruma, tuant le dragon Illuyanka. Représentation sur calcaire néo-hittite (850-800 av. J.-C.) trouvée à Malatya. (Musée des civilisations anatoliennes, Ankara). (Wikimedia Commons). ©Le dieu tueur de dragon
Dans ce texte hittite, le héros subit une lourde défaite contre son adversaire et ne vit plus que pour sa vengeance, n’hésitant pas à sacrifier son fils. Il est intéressant de constater à travers ce texte que le dragon est ressenti comme un roi ayant comme fille, une belle princesse, et que ce n’est qu’au moment du combat qu’il prend un aspect horrible.
Depuis les plus temps anciens, le dragon apparaît sous la forme d’un serpent monstrueux. Voir à ce sujet SAISON1 ANNEXE 11 Les métamorphoses du dragon
Mais le symbolisme du dragon va encore plus loin.
LE ROI DRAGON
Les mythes peuvent avoir plusieurs niveaux de lecture. Le plus simple, le dragon est un horrible monstre qu’il faut éliminer. Cependant, il peut être également l’image d’un souverain, tout ce qu’il y a d’humain, à l’instar du roi Arthur ou de l’Empereur de chine. Alors, le dragon est un roi que le dieu ou le héros tue pour prendre sa place.
Suite au décès de son frère, Uther père du futur roi Arthur, devient roi sous le signe du Dragon.
Uter exposa à ses sujets les actions accomplies par son frère et par lui-même d’après les indications de Merlin, mais il ne parla pas du dragon dont, tout comme les autres, il ne savait rien. À la suite du rapport d’Uter, Merlin dévoila la signification du dragon : il représentait la mort du roi, l’élévation d’Uter en dignité, une impérissable marque d’honneur pour son frère. En raison du dragon miraculeux qui planait dans les airs Uter se fit appeler Uter pandragon[5].
C’est l’apparition dans le ciel d’un dragon de feu (une comète) qui donne à Uther son nom et son titre royal.
C’est depuis ce temps-là qu’on l’appela Uther Pendragon[6] ce qui signifie en langue bretonne « tête de dragon ». Ce nom lui était venu de ce que Merlin avait prédit son accession à la royauté par le dragon[7].
UN TITRE ROYAL
L’image du dragon est positive dans ce récit, ce qui est rare dans le monde occidental, contrairement à l’Extrême-Orient, où le dragon est le fondateur d’une lignée d’empereurs.
Puissance céleste, créatrice, ordonnatrice, le dragon est tout naturellement le symbole de l’empereur. Il est remarquable que ce symbolisme s’applique non seulement en Chine, mais chez les Celtes, et qu’un texte hébreu parle du Dragon céleste comme d’un roi sur son trône. […] Le dragon est une manifestation de la toute-puissance impériale chinoise : la face du dragon signifie la face de l’empereur[9].
Ainsi, à l’instar des empereurs chinois, les premiers personnages royaux de l’île de Bretagne furent des rois dragons. Outre son nom, le père du roi Arthur prend pour emblème un dragon, symbole de sa royauté.
Quant au frère d’Aurèle, Uther, après avoir convoqué le clergé et le peuple du royaume, il prit la couronne de l’île et, devant l’assentiment général, fut élevé à la dignité royale. Puis se souvenant de l’explication que Merlin avait donnée à propos de la fameuse étoile, il fit fabriquer deux dragons en or semblables à celui que l’on avait aperçu sur le rayon de l’astre. Ils furent réalisés avec une remarquable habileté ; Uther déposa l’un d’eux dans la cathédrale de Winchester et il conserva l’autre pour l’emporter avec lui dans les combats[10].
Par ces exemples, il est acquis que le père d’Arthur portait le titre de Pendragon, mais qu’en est-il du plus fameux roi de la mythologie celtique. Normalement, Arthur devrait avoir dans ce cas un lien privilégié avec la symbolique du dragon.
ARTHUR UN ROI DRAGON ?
Il semble bien que oui, car dans son Histoire des rois de Bretagne, Geoffroy de Monmouth mentionne un tel lien.
Arthur lui-même, revêtu de la cuirasse qui convenait à un si grand roi, se coiffa d’un casque en or, gravé d’une figure représentant un dragon[11].
Un peu plus loin, Geoffroy donne un second indice.
Quant à Arthur, il choisit de s’installer avec une légion qu’il avait placée sous ses ordres, dans un endroit situé à l’arrière de ces formations, où il fixa le dragon d’or qui lui servait d’enseigne[12].
Ainsi, Arthur est un fier descendant de roi dragon.
Cas exceptionnel d’un dragon qui n’est pas la symbolisation du mal absolu, mais au contraire un titre prestigieux. Cette appellation est issue d’un monde très ancien dans lequel le dragon avait encore une image positive. Être le fils du dragon était un honneur, un titre royal. Il en va de même pour le prince Vlad III de Valachie plus connu sous le nom de Vlad Dracula.
En fait, il ne s’agit pas d’un nom, ni même d’un surnom, mais d’un titre. Ce titre, Vlad III l’avait hérité de son père, Vlad II, auquel il avait été décerné par l’empereur romain germanique Sigismond lors de son intronisation au sein d’un ordre chevaleresque — et initiatique —, l’Ordre du Dragon. Car le mot Dracula provient de la même racine indo-européenne qui a donné le grec drakôn, et que l’on retrouve sous une forme très voisine dans toutes les langues européennes[8],
Contrairement au roi Arthur, le titre de Vlad III est devenu à travers le roman de Bram Stoker , le nom d’un vampire sanguinaire dans l’imaginaire des Occidentaux. Il faut dire que le vrai Dracula n’était pas moins cruel que sa version de papier puisque Vlad III (1431-1476), surnommé Drăculea (signifiant « fils du dragon » en roumain médiéval), fils de Vlad II le Dragon (Vlad Dracul), a également été nommé « l’Empaleur » ( Țepeș en roumain), parce qu’il faisait empaler ses ennemis sur des pieux.
Représentation tirée des chroniques de Brodoc montrant Vlad Țepeș dînant devant une « forêt de pals ». (Wikimedia Commons).
Ce prince de Valachie est pourtant considéré en Roumanie comme un héros national parce qu’il s’est opposé aux envahisseurs turcs.
UN MYTHE GREC
L’exemple suivant d’un combat entre un dieu et un dragon pour la suprématie dans le ciel vient de Grèce et oppose Zeus, le dieu du tonnerre et roi des dieux des Grec,s au monstrueux Dragon Typhon engendrée par la Terre-Mère.
Pour se venger de l’extermination des Géants, la Terre-Mère s’unit au Tartare et peu après, dans l’antre corycien en Cilicie, elle mit au monde son plus jeune fils, Typhon, le plus gigantesque monstre qui fût jamais. À partir des cuisses, il n’était que serpents, et ses bras, lorsqu’il les étendait, pouvaient atteindre à cent lieues dans n’importe quelle direction ; en outre, il avait d’innombrables têtes de serpents en guise de mains. Sa tête d’âne bestiale touchait les étoiles, ses larges ailes voilaient la lumière du soleil, ses yeux lançaient les flammes et les roches incandescentes jaillissaient de sa bouche. Lorsqu’il se rua vers l’Olympe, les dieux pris de terreur s’enfuirent jusqu’en Égypte[13] où ils se dissimulèrent en prenant des formes animales : Zeus devint un bélier, Apollon un corbeau, Dionysos un bouc, Héra une génisse blanche, Artémis un chat, Aphrodite un poisson, Arès un sanglier, Hermès un ibis, etc.
Seule Athéna ne recula pas ; elle railla Zeus pour son manque de courage tant et si bien qu’ayant repris sa véritable apparence, il lança un trait de sa foudre contre Typhon et le poursuivit en le frappant avec sa faucille de silex dont il s’était servi pour châtrer son père Ouranos.
Blessé et hurlant, Typhon s’enfuit sur le mont Casius qui domine la Syrie du Nord et là ils luttèrent corps à corps. Typhon enroula autour de lui ses myriades d’anneaux, le désarma, lui prit sa faucille et après lui avoir coupé les tendons de ses mains et des pieds, il le traîna dans l’antre corycien. Zeus était bien immortel mais pour le moment il était incapable de bouger le petit doigt ; Typhon avait caché les tendons dans une peau d’ours, sous la garde du monstre femelle à jambes de serpents, Delphyné[14].
La nouvelle de la défaite de Zeus répandit la consternation parmi les dieux, mais Hermès et Pan se rendirent en secret dans la grotte et là Pan fit peur à Delphyné en poussant un cri effroyable, tandis qu’Hermès s’emparait adroitement des tendons ; ils les remirent en place dans les membres de Zeus.
Zeus revint dans l’Olympe et, sur un char traîné par des chevaux ailés, il poursuivit encore Typhon avec sa foudre. Typhon s’était rendu au mont Nysa où les trois Parques lui offrirent des fruits éphémères en lui promettant qu’ils lui feraient recouvrer ses forces alors qu’en réalité ils le condamnaient à une mort certaine. Il atteignit le mont Haemos en Thrace et, se saisissant des montagnes entières, il les lança contre Zeus qui, interposant les traits de sa foudre, les fit retomber sur le monstre, le blessant affreusement. Les torrents de sang qui jaillissaient de la blessure de Typhon donnèrent au mont Haemos son nom. Il s’enfuit vers la Sicile où Zeus mit fin à la poursuite et au combat en lançant sur lui le mont Etna qui crache encore des flammes jusqu’aujourd’hui[15].
Le combat de Zeus contre Typhon, hydrie à figures noires, v. 550 av. J.-C. (Staatliche Antikensammlungen Munich). (Wikimedia Commons). ©Le dieu tueur de dragon
Dans l’iconographie grecque, Typhon est représenté en tant que géant ailé ayant des serpents à la place des jambes. Cette image du combat dans le ciel était très certainement connue des druides. Surtout la version du dieu suprême combattant un géant anguipède qui se retrouve au sommet de colonnes datant de l’époque gallo-romaine. Ces monument montrent un guerrier divin (assimilable au dieu Taranis), dressé sur son cheval cabré qui foule sous ses sabots un géant difforme dont les jambes se finissent en queue de serpent.
SAINT MICHEL ET LE DRAGON DES PROFONDEURS
Le Christianisme n’est pas en reste et connait lui aussi des représentations de ce mythe des origines. Ce sont des statues que l’on trouve dans maintes églises ou chapelles, il s’agit de Saint-Michel terrassant le dragon. Comme Zeus, St Michel se bat contre le dragon pour la suprématie dans les cieux.
Saint Michel terrassant le dragon. Église Saint Tugen de Brasparts (Bretagne). (Wikimedia Commons). ©Le dieu tueur de dragon
UN MYTHE HINDOU
En Inde, les protagonistes de cette confrontation titanesque sont Indra et Vritra. Indra est le dieu de la guerre et de l’orage, le roi des dieux et le maître du ciel. Un des dieux les plus importants des Indiens védiques, c’est-à-dire les envahisseurs Indo-Européens de l’Inde. Après la fusion de la religion des autochtones et de celle des nouveaux venus qui deviendra avec le temps l’hindouisme, il perd son rôle prépondérant et devient un dieu mineur. Quant à Vritra, il est tout simplement le plus fameux dragon de la mythologie indienne. Vritra dont le nom signifie « l’Obstructeur » est dans la religion védique, puis l’hindouisme, l’Adversaire par excellence. Vritra retenait les eaux du ciel et, de ce fait, empêchait l’univers de naître. Il avait la forme d’un serpent ou d’un dragon. Indra, après son combat victorieux contre Vritra, y gagna un nouveau surnom, celui de Vṛtráhan, « tueur du Dragon ».
Il était une fois un puissant brahmane du nom de Tvachtri qui n’aimait point Indra ; afin de le déposséder de son trône, il se crée un fils et le fortifia de sa propre puissance. Ce fils avait trois têtes : avec la première il lisait les Védas, avec la seconde il se nourrissait et avec la troisième il semblait dévorer du regard tous les points de l’horizon. Il surpassait tous les hommes tant par l’ardeur de son ascétisme que par la pieuse humilité de son cœur. Indra inquiet de le voir tous les jours accroître une force qui paraissait destinée à absorber l’univers entier, résolut d’intervenir. Les nymphes célestes les plus séduisantes furent chargées, mais en vain de tenter le jeune ascète. Indra décida alors la mise à mort du jeune sage, et il le frappa de son foudre ; mais, même dans la mort, le corps du jeune brahmane répandait sur le monde une si glorieuse clarté que les craintes d’Indra n’étaient pas apaisées. Il ordonna à un bûcheron qui passait de trancher les trois têtes du mort : de grands vols de colombes et d’autres oiseaux s’en échappèrent à l’instant même.
Pour venger son fils, Tvachtri fit naître un démon redoutable auquel on donna le nom de Vritra. Ce démon était immense, sa tête touchait au ciel. Il invita Indra au combat. Une lutte horrible s’ensuivit et le démon fut victorieux. Ayant saisi le roi des dieux, il le jeta dans sa gueule et l’avala. Les dieux pleins de terreur, ne savaient que faire. Ils eurent l’idée de faire bâiller le démon. Aussitôt que celui-ci ouvrit la bouche, Indra, contractant son corps, sauta hors des mâchoires béantes, et la lutte reprit de plus belle. Mais le dieu fut contraint à la fuite. Humilié, il alla prendre conseil des Richis[16], et tous ensembles avec les dieux allèrent consulter le dieu Vichnou, qui leur conseilla de faire la paix, par l’entremise des Richis, ajoutant mystérieusement qu’il s’incarnerait peut-être un jour lui-même dans une arme qui tuerait le démon Vritra. Les Richis réussirent à persuader Vritra de se réconcilier avec son ennemi, mais a une condition : « Donnez-moi, dit-il, la promesse qu’Indra ne m’attaquera avec aucune arme de bois, de pierre ou de fer, ni avec une chose sèche, ni avec une chose mouillée ; promettez-moi aussi qu’il ne m’attaquera ni de jour ni de nuit. » Le pacte fut conclu.
Indra, cependant, méditait en secret sa revanche. Un soir qu’il était sur la plage, il aperçut non loin de là son ennemi ; et, tout à coup, il pensa : « Le soleil descend à l’horizon, l’obscurité s’approche, la nuit n’est pas encore venue, mais ce n’est plus tout à fait le jour. Si je pouvais tuer le démon à présent, entre le jour et la nuit, je n’aurai pas enfreint ma promesse. » Tandis qu’il réfléchissait, voici qu’une immense colonne d’écume s’éleva de la mer, et Indra se rendit compte qu’elle n’était ni sèche, ni mouillée, ni de pierre, de fer ou de bois. Il se saisit de l’écume et la précipita sur le démon ; celui-ci tomba sans vie sur la grève, car Vichnou qui, selon sa promesse, avait animé cette arme étrange, et personne ne saurait lui résister. Les dieux se réjouirent, et aussi la nature ; le ciel s’emplit de lumière et une douce brise se mit à souffler ; même les bêtes des champs se réjouissaient. Mais Indra sentait cependant qu’il portait le poids d’un grand péché, car il avait tué un brahmane[17].
Comme dans le mythe hittite le dieu perd dans un premier temps contre son formidable adversaire et finalement ne s’impose que par la ruse.
LE DRAGON ET L’ARBRE
Le mythe indien est d’une importance capitale pour comprendre l’image du pilier de Nautes représentant Esus entrain de couper les branches d’un arbre.
Esus, Pilier des Nautes (Musée de Cluny, Paris). ©Le dieu tueur de dragon
Car si l’on suit les textes du Rig Véda, le livre sacré de l’Inde, l’arbre cosmique et le dragon Vritra ne font qu’un. Vritra y est décrit comme un arbre auquel on coupe les branches
(Vritra) est comme un arbre qui étend ses vastes rameaux. Coupe ses branches. Brise la force du brigand[18].
Dans la suite, le dragon Vritra (parfois appelé dans certains textes Ahi « serpent ») est clairement identifié à un arbre gigantesque.
Indra a frappé Vritra, le plus ténébreux de ses ennemis. De sa foudre puissante et meurtrière, il lui a brisé les membres, tandis qu’Ahi[19], tel l’arbre attaqué par la hache, git étendu sur la terre[20].
Le dragon est tué par Indra, le dieu de l’orage. Or, détail important, celui-ci l’abat comme un arbre.
Prêtres (au dieu) qui de sa foudre à brisé, comme un arbre, Vritra, l’assembleur de nuages, apportez le soma qu’il souhaite. Indra mérite qu’on le rassasie de soma.[21].
LA BOISSON D’IMMORTALITÉ
C’est après avoir abattu l’arbre/dragon que le dieu boit le Soma goulûment. Le Soma est une boisson qui donne l’immortalité aux dieux du panthéon hindou. Mais les textes vont plus loin et disent que le Soma est le sang du dragon, car :
Soma est la sève vitale qui coula lorsque Vritra fut décapité[22].
L’arbre et le dragon ne font plus qu’un, le meurtre du dragon est également l’abattage et le tronçonnage de l’arbre sacré et son sang ou sa sève devient le breuvage d’immortalité.
Il est évident que le broyage des tiges de soma reflète la passion de Vritra[23].
Or, dans la pensée du Moyen Âge, issue en ligne droite de l’Antiquité, la sève de l’arbre et le sang du dragon ne font qu’un.
Le « sang du dragon » est en effet un produit médicinal, la résine provenant de la partie externe des fruits d’un palmier (Calamus Draco). En raison de sa couleur rouge vif, qui rappelait d’abord l’image du sang, on le nommait aussi « cinabre indien », et on le confondit parfois avec le cinabre minéral, utilisé comme colorant. Pline se plaint, quant à lui, de sa confusion avec le minium, qui est un poison très dangereux. Il reconnait par ailleurs avec la majorité des auteurs antiques, que ce cinabre (ou minium) provient du sang des dragons répandu sur la terre lorsqu’ils combattent les éléphants. Le Moyen Age a répercuté cette fable et s’est rendu coupable d’une confusion supplémentaire en prêtant à la substance médicamenteuse l’origine que Pline reconnaissait au colorant[24].
Ainsi, le sang du dragon peut être à la fois un produit aux vertus médicinales et un poison très puissant[25]. L’image du caducée reflète le double aspect symbolique du serpent : l’un bénéfique, l’autre maléfique[26].
Caducée de Lémenc en bronze, Ier-IIe siècle après J.-C., découvert à Chambéry en 1826, Baguette ailée autour de laquelle sont enroulés deux serpents dessinant un 8. (Musée savoisien, Chambéry, Savoie). (Wikimedia Commons).
Il est certainement intéressant de noter que les caducées des professions de santé (médecins, pharmaciens etc.) ne comportent qu’un seul serpent. Ce qui signifie que leur savoir est incomplet et qu’il faudra chercher l’immortalité ailleurs.
LE SERPENT DEVENU ARBRE
D’après les textes indiens, le dragon et l’arbre primordial, qu’il soit représenté par un axe ou une colonne, ne font qu’un. En ce qui concerne le lien entre le serpent et l’arbre, voir SAISON 2 ÉPISODE 13 L’Arbre de Vie
Il existe plusieurs preuves de cette fusion arbre/colonne/serpent. Le premier exemple vient de Grèce, quand l’arbre/axe devient une colonne serpentine, comme celle qui se trouvait devant le temple d’Apollon à Delphes[27]. Il s’agit d’un pilier en bronze datant de 479 av. J.-C., haute de 8 mètres dont la torsade est constituée par l’enroulement de trois serpents.
Colonne serpentine, élevée en 479 av. J.-C. devant le temple d’Apollon à Delphes. (Istanbul, Turquie). (Wikimedia Commons). ©Le dieu tueur de dragon
Au cours du temps, La colonne fût endommagée. Ainsi, en l’an 1700, les trois têtes de serpent tombèrent et disparurent mystérieusement. Ci-dessous, l’une des têtes, retrouvée en 1848.
Tête d’un des serpents (musée archéologique d’Istanbul). (Wikimedia Commons).
Une miniature ottomane de 1582 montre la colonne intacte.
La colonne serpentine intacte, sur une miniature ottomane de 1582. Sürname de Mourad III (Livre des festivités), (musée de Topkapi). (Wikimedia Commons). ©Le dieu tueur de dragon
En fait, dans le sanctuaire de Delphes, un chaudron était posé à l’origine sur la tête des trois serpents.
Reconstitution du trépied de la bataille de Platées[28] à Delphes, proposée par l’historien et archéologue allemand Ernst Fabricius en 1886[29]. La seule partie subsistante de ce trépied est la colonne serpentine, qui se trouve aujourd’hui dans l’hippodrome de Constantinople (Istanbul) (Source Wikipedia). ©Le dieu tueur de dragon
UNE COLONNE DRAGONNÉE
Autre exemple de fusion entre l’arbre et le serpent. Dans le domaine celtique cette fois. Un autel trouvé en Allemagne représentant plusieurs personnages dont trois Matrones tenant chacune, sur les genoux, une corbeille de fruits.
Autel des matrones (164 apr. J.-C.) mis au jour dans la cathédrale de Bonn, aujourd’hui au Rheinisches Landesmuseum de Bonn, en Allemagne. Les trois Matronae Aufaniae sont assises sur un banc et tiennent des corbeilles de fruits. Ce type de matrones a été trouvé à Bonn, Nettersheim et Xanten. Au-dessous est représenté un sacrifice, peut-être avec des portraits de donateurs de Quintus Caldinius Celsus et de sa famille. Sur les côtés de l’autel sont représentés des arbres. (Wikimedia Commons). ©Le dieu tueur de dragon
Les faces latérales du monument sont particulièrement intéressantes pour notre propos puisqu’elles montrent un arbre et un serpent. Pourtant, cet étrange ophidien n’est pas enroulé autour de l’arbre comme on pourrait s’y attendre en pareil cas, mais forme une branche qui sort du tronc de l’arbre. Sans aucun doute possible l’arbre et le serpent ne font qu’un.
Autel trouvé en 1928, Sur chaque face latérale, un laurier avec baies, du tronc duquel sort un serpent. (Rheinisches Landesmuseum Bonn, Allemagne)[30].
Le gros plan confirme que le serpent et l’arbre ne font qu’un.
Détail de l’autel des Matrones.. ©Le dieu tueur de dragon
Autre preuve, dans l’art gallo-romain, de la fusion arbre/serpent, le pilier qui se couvre d’écailles d’ophidien comme c’est le cas sur la colonne de Cussy.
Colonne romaine de Cussy-la Colonne (Côte d’Or), IIIe siècle après J.-C. (Wikimedia Commons).
Il faut dire, que dans ce cas, l’abstraction est poussée à son paroxysme avec ces mystérieuses colonnes couvertes d’écailles. Mais il y a mieux, certaines de ces colonnes portant des écailles de serpent abritent à leur sommet la version celtique du dieu combattant un monstre, le géant anguipède. La boucle est bouclée.
Colonne de Jupiter Taranis terrassant un géant anguipède datant du IIe siècle après J.-C., découvert à Seltz (Bas-Rhin) en 1846 (Musée historique de Haguenau, Bas-Rhin).
Le dieu cavalier terrassant le géant anguipède (aux pieds en forme de serpents) est le pendant exact de Zeus le dieu de l’orage indo-européen. Le géant anguipède devient alors l’équivalent du dragon indien Vritra et de Typhon, le monstre de la mythologie grecque.
ESUS, UN DIEU MÉCONNU
Ce qui signifie que le bas-relief du dieu Esus abattant un arbre tel qu’il figure sur le pilier des Nautes est donc à ne pas en douter un dieu qui abat l’arbre, axe du monde, le pilier qui soutient la voûte céleste.
Esus, Pilier des Nautes (Musée de Cluny, Paris).
Si l’axe terrestre, l’arbre cosmique, est abattu, c’est toute la voûte céleste qui s’écroule sur la terre. Le fameux ciel qui tombe sur la tête des Gaulois ! Voir à ce propos SAISON 2 ÉPISODE 12 Esus le destructeur de mondes
Ces images ont bien sûr des significations multiples, car tout un enseignement se cache derrière elles. Pour un druide, ce bas-relief représente également le combat du dieu contre le dragon. Tout simplement parce que le dragon et l’arbre cosmique ne font qu’un. C’est donc la version gauloise du combat entre Indra et Vritra qui est représentée. Le dieu qui abat le dragon et tronçonne celui-ci comme un arbre. L’observateur qui contemple le bas-relief du pilier des Nautes a devant lui, aussi incroyable que cela paraisse, l’équivalent gaulois de St Michel combattant le dragon.
Image de St Michel terrassant le dragon. École siennoise (XIVe s.).
Le dieu abat l’arbre/dragon et boit sa sève/son sang. Ce liquide devient le Soma, le breuvage d’immortalité des dieux. Cette action extraordinaire entraine la fin du monde. Une image, en apparence très simple, peut résumer à elle seule tout un pan de la doctrine druidique. Tout est dit ! On a rarement fait plus concis.
Pourtant ce dieu en tuant le dragon déclenche certes la fin du monde, mais en même temps, il est à l’origine d’un monde nouveau puisque dans nombres de mythes de la création le tronçonnage d’un monstre est à l’origine du Ciel et de la Terre. Ainsi, en Mésopotamie, Mardouk tue d’abord le dragon Tiamat, puis le tranche en deux ; d’une moitié il fait la voûte céleste, de l’autre le support du monde terrestre. Comme le temps n’est pas linéaire, mais cyclique, la fin est également un commencement. Le dieu en détruisant l’ancien monde fait également un acte de création[31].
LE DIEU ET LE DRAGON
Si les druides ont poussé l’abstraction à son paroxysme avec le pilier de Nautes, ils ont également privilégié une expression plus directe comme le démontre un monument retrouvé en Allemagne et qui montre le dieu Esus (sous l’identité d’hercule /Smertrios) terrassant un monstre serpentiforme.
Hercule/Smertrios terrassant l’Hydre, Relief d’Alzey (Kreis Alzey-Worms, Allemagne). Source: R. Haeussler: Interpretatio Indigena. Re-Inventing local cults in a global world.
ESUS ET LA BOISSON D’IMMORTALITÉ
Sur le piler des Nautes, Esus est un bûcheron qui coupe les branches d’un arbre. Il existe un bas-relief funéraire sur lequel est représenté un bûcheron avec une hache, à cheval cette fois-ci, se dirigeant vers une magnifique colonne, autour de laquelle est enroulé un serpent.
Bas-relief funéraire, cavalier accompagné de son chien avance vers une colonne autour de laquelle est enroulé un serpent[32].
Plus de doute possible, Esus le dieu bûcheron armé d’une hache bipenne se dirige vers le pilier cosmique afin de l’abattre. Détail important, l’individu est accompagné d’un chien. Sur le chaudron de Gundestrup, le personnage accompagné par un chien est toujours Orion. Ce qui confirme d’ailleurs l’hypothèse d’un dieu Orion qui est représenté dans l’iconographie celtique sous différentes identités. Voir les différents articles de la SAISON 2
Si le dieu/héros porte une hache sur son épaule, il tient dans sa main droite une patère, coupe antique peu profonde en bronze ou en argile qui servait soit pour boire soit pour des libations. [33]. À quoi peut bien servir un tel récipient, préfiguration du Graal, sinon pour boire le breuvage d’immortalité tiré de l’arbre cosmique? Cette boisson peut être suivant la version retenue la sève de l’arbre ou le sang du dragon.
©JPS2023 (Texte partiellement écrit en 2016, largement remanié et augmenté en 2023)
[ACCUEIL]
NOTES :
[1] Le Dieu de l’Orage est la divinité principale du panthéon des Hittites, grand dieu de la royauté et protecteur du souverain et de son royaume. Son nom en hittite est inconnu, en hatti, son nom était Taru, en louvite Tarhun, Tarhunta ou Tarhunna. L’étymologie de Tarhunna signifie « Celui-de-la-Foudre ».
[2] Le mot illuyankaš, en hittite, est le nom commun voulant dire « serpent ».
[3] Théodore H. Gaster, Les plus ancien contes de l’humanité, Éditions Payot & Rivages, Paris, 2001, pp.164-166.
[4] Peuple de langue indo-européenne qui fonda une civilisation en Anatolie au IIème millénaire avant J.-C.
[5] Robert de Boron, Merlin, Traduction A. Micha, Garnier-Flammarion, Paris, 1994, p.112.
[6] Pen désigne « la tête ». Tandis qu’Uter est à rapprocher des mots terrible ou effrayant. Le nom d’Arthur signifie quant a lui « ours » du gaulois ARTOS, de l’irlandais art, du gallois arth et du breton arzh.. Philippe Walter, Merlin ou le savoir du monde, Imago, Paris, 2000, pp.133-134. Le dragon Uter est donc le père de l’ours Arthur, ou dit autrement, l’ours est le fils du dragon. Cette filiation existe également dans le ciel étoilé car l’étoile polaire à « migré » au cours des siècles de la constellation du Dragon vers celle de la Petite Ourse.
[7] Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne, Traduction L. Mathey-Maille, Les Belles Lettres, Paris, 1993, p.192.
[8] Jean Markale, L’énigme des vampires, Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 1991, p.97.
[9] Jean Chevalier, Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, Paris, 1982, p.367.
[10] Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne, Traduction L. Mathey-Maille, Les Belles Lettres, Paris, 1993, p.192.
[11] Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne, Traduction L. Mathey-Maille, Les Belles Lettres, Paris, 1993, p.208.
[12] Geoffroy de Monmouth, Histoire des rois de Bretagne, Traduction L. Mathey-Maille, Les Belles Lettres, Paris, 1993, p.243.
[13] Cette fuite permet d’expliquer le culte égyptien des dieux à forme animale. Zeus-Amon un bélier, Hermès-Thot un ibis etc.
[14] Dragon femelle. A Delphes le compagnon de Delphyné s’appelait Python et c’est Apollon le fils de Zeus qui tua le dragon pour s’emparer du sanctuaire. Apollon-Python, encore un combat entre les Grecs, nouveaux venus, et les autochtones pour s’emparer du sanctuaire de la Déesse-Mère et instaurer une nouvelle religion. Il s’est passé exactement la même chose à Stonehenge, le temple du Dragon est devenu le sanctuaire de l’Apollon Hyperboréen.
[15] Robert Graves, Les mythes grecs, I, Hachette, Paris, 2000, pp.147-148.
[16] « Les Voyants (Rishi-s) sont des êtres mystérieux en rapport avec l’origine de l’homme et l’origine de la connaissance. On les représente comme des sages de forme humaine, mais ils sont en réalité des puissances éternelles qui apparaissent de temps en temps, chaque fois qu’une nouvelle révélation est nécessaire ». Alain Daniélou, Mythes et Dieux de l’Inde, Flammarion, Paris, 1997, p.479.
[17] Félix Guirand, Joël Schmidt, Mythe & Mythologie, Larousse-Bordas, Paris, 1996, pp.409-410.
[18] Rig Véda ou Livre des hymnes, Tome I, Section sixième, Lecture troisième, Hymne IX, Traduction A. Langlois, Maisonneuve, Paris, 1872.
[19] Ahi « serpent » est le second nom donné par les textes védiques au dragon Vritra.
[20] Rig Véda ou Livre des hymnes, Tome I, Section première, Lecture deuxième, Hymne XII, 5, Traduction A. Langlois, Librairie Didot frères, Paris, 1848.
[21] Rig Véda ou Livre des hymnes, Tome I, Section deuxième, Lecture sixième, Hymne VI, 2, Traduction A. Langlois, Librairie Didot frères, Paris, 1848.
[22] Ananda K. Coomaraswamy, La doctrine du sacrifice, Dervy, Paris, p.104.
[23] Ananda K. Coomaraswamy, La doctrine du sacrifice, Dervy, Paris, p.33.
[24] Jean-Pierre Albert, Odeurs de sainteté, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1990, p.67.
[25] Le sang du dragon est ambivalent puisqu’à l’instar du sang de la Gorgone Méduse il peut guérir ou tuer.
Athéna lui (Asclépios, dieu de la médecine) avait donné deux fioles contenant du sang de la Gorgone Méduse : à l’aide de celui qu’on avait tiré de sa veine gauche, il pouvait rendre la vie aux mortels et à l’aide de celui qu’on avait tiré de sa veine droite, il pouvait tuer instantanément.
[…] Athéna avait donné deux gouttes de ce même sang à Érichthonios, l’une pour tuer, l’autre pour guérir, et elle avait fixé les fioles à son corps de serpent avec des lanières d’or.
Robert Graves, Les mythes grecs I, Hachette, Paris, 1999, p.190.
Rappelons que les Gorgones sont des créatures fantastiques ayant le corps d’une jeune femme, avec un visage horrible, de grandes canines et la chevelure hérissée de serpents. Leur regard pétrifie ceux qui les approchent.
Érichthonios quant à lui est un être mi-homme mi-serpent. Toutes ces créatures ont la particularité d’être toujours associés à l’élément serpent ou dragon. Signalons aussi pour être tout à fait complet que le venin de serpent peut être à petite dose un médicament et bien sûr létal à haute dose. Il est également intéressant de noter qu’Asclépios fut foudroyé par Zeus pour avoir ressuscité certains héros. Les dieux n’aiment pas partager leur immortalité avec les humains.
[26] L’un des serpents fournit les remèdes qui guérissent l’autre le poison mortel. Le bâton est le symbole de l’axe terrestre, le pilier cosmique, autour duquel s’enroulent les deux serpents. Ce symbole devait plaire aux druides puisqu’il représente l’union des contraires. L’union des deux serpents divins qui engendraient l’œuf cosmique puis toute la création.
[27] L’Empereur Constantin (306-337) ordonna son transfert de Delphes vers Constantinople (Istanbul).
[28] La bataille de Platées (479 av. J.-C.) oppose une alliance des cités-États grecques à l’Empire perse de Xerxès Ier.
[29] Ernst Fabricius (1857-1942) — Ernst Fabricius, « Das plataische Weihgeschenk in Delphi », Jahrbuch des Deutschen Archäologischen Instituts, 1886, 1, p. 189.
[30] Émile Espérandieu, 7777, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, Tome 11, Imprimerie Nationale, Paris, 1938, p.93. (Bonner Jahrb., CXXXV, (1930), p.15 et pl.XVI).
[31] Dans le mythe moderne de la création, le fameux Big Bang, l’effondrement colossal de l’ancien univers engendre la déflagration titanesque à l’origine de l’univers actuel.
[32] Émile Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, Belgique, Première Partie, Vol. 5, Imprimerie Nationale, Paris, 1913, p.151.
[33] La constellation de la Coupe (Crater) est également appelée Patera.