BRENNUS
LES DRUIDES SAISON 2 ÉPISODE 20
BRENNUS ET LE MYSTÈRE DE LA TÊTE COUPÉE
Brennus est une figure majeure de la mythologie celtique. Comme plusieurs dieux ou héros, il est lui aussi un avatar d’Orion.
ORION ET LES ANIMAUX
Orion est caractérisé par plusieurs éléments qui l’entourent. Ceux qui nous intéressent particulièrement dans cet article sont le chien et le corbeau.
Dieu aux oiseaux, sculpture gallo-romaine, Découvert au hameau de Moux, conservé au musée archéologique de Dijon. (Wikimedia Commons).
LE CORBEAU
Parfois ces éléments qui entourent Orion sont à peine décelables, pourtant bien présent. Le système symbolique des Celtes joue avec les images et les mots. Prenons l’exemple du corbeau et du chien. Dans le cas du Brennus qui lance une expédition vers Delphes. Le héros n’est jamais décrit en compagnie d’un corbeau. À cela une explication très simple puisque c’est le personnage lui-même qui porte le nom du corbeau. Le nom du héros est dérivé du celtique branos qui signifie « corbeau ». Ce qui donne Brannos ou Brennos en gaulois et Brennus en latin. Il faut rajouter que ce n’est pas à proprement parler d’un nom, mais plutôt d’un titre honorifique ou d’un grade initiatique au sein du druidisme. Un des plus haut semble-t-il, puisqu’il désigne un chef qui est chargé par les druides de dérober un précieux talisman chez des peuples voisins. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 11 Brennos
Ce qui semble être une grande différence entre le druidisme et le Mithraïsme, dans lequel il existe également un grade initiatique portant le nom du corbeau. Cet échelon de la hiérarchie mithraïque est le plus bas parmi les sept degrés qui mènent au grade suprême.
Les sept grades du mithraïsme sont : le Corbeau (corax), l’Épousé (Nymphus), le Soldat (Miles), le Lion (Leo), le Perse (Perses), l’Héliodrome (Heliodromos) et pour finir le Père (Pater). Le grade suprême de « Père des Pères » trouve son équivalent druidique dans ce texte de César (B.G. VI, 13) :
À tous ces druides il est un supérieur qui exerce sur eux l’autorité suprême.
Dommage que César ne donne pas son nom et son titre.
LE CHIEN DU HÉROS
La présence du chien aux côtés du héros est encore plus subtile. Pas de chien avec l’armée qui attaque Delphes, commandée par Brennos et son second Akchorios. Cependant certains auteurs ont vu dans le nom du lieutenant de Brennos un mot celtique basé sur celui du chien, en gallois Ki-Cawr le « Chien Géant »[1]. Ce qui correspond assez précisément à la constellation du Grand Chien (Canis Major) qui accompagne Orion durant sa course dans le ciel étoilé.
En rouge, Orion (Orion), la constellation du Taureau (Taurus) et la constellation du Grand Chien (Canis Major). D’après la carte céleste Sirius, Éditions Freemedia, Berne.
Cela reste bien sûr une hypothèse intéressante et démontre que les éléments entourant Orion peuvent être utilisés de différentes manières. L’emploi de la poésie, des jeux de mots et de l’analogie qui est la ressemblance établie par l’esprit (association d’idées) entre deux ou plusieurs objets de pensée essentiellement différents. Avec tout ce que ces jeux de l’esprit entrainent comme allusions concernant, dans le cas présent, l’animal, le corbeau, l’homme accompagné par un corbeau ou le nom du corbeau.
Le héros peut prendre une forme animale ou un aspect mixte mi-homme mi-animal, être un homme accompagné d’un animal ou encore porter le nom de l’animal. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 30 Le héros aux mille visages
L’HOMME À TÊTE DE CORBEAU
Avec ces données les possibilités de jouer avec les mots et les concepts sont infinis. Avec des variations sur un même thème comme par exemple avec le corbeau.
En alchimie, c’est la version mi-humaine mi-animale qui est retenue : un homme à tête de corbeau qu’il faut décapiter. Cette action désigne une des phases essentielles du Grand Œuvre pour aboutir à la pierre philosophale :
Avise cet homme en la forme d’un Saint Paul…Il veut prendre le glaive nu, ou pour trancher la tête, ou pour faire quelque chose d’autre sur cet homme qui est à ses pieds à genoux… Mais veux-tu savoir ce qu’enseigne cet homme qui prend l’épée ? Cela signifie qu’il faut couper la tête du corbeau, c’est-à-dire de cet homme… qui est à genoux… Ôte la tête à cet homme noir, coupe la tête au corbeau, laquelle ôtée, à l’instant vient la couleur blanche. (Nicolas Flamel, Le livre des figures hiéroglyphiques, V).
Le corbeau et le crâne, symboles du Nigredo. Frontispice du Mystère des Cathédrales de Fulcanelli (1926). Illustration de Julien Champagne. (Wikimedia Commons).
Raymond Lulle (La clavicule, VIII), autre alchimiste ajoute :
Tu auras alors la Tête de Corbeau que les philosophes ont tant cherchée, sans laquelle le Magister ne peut exister.
Pour aboutir à la pierre philosophale, il faut passer par trois étapes majeures du processus alchimique : l’Œuvre au noir (Nigredo), l’Œuvre au blanc (Albedo) et l’Œuvre au rouge (Rubedo). Couper la Tête du Corbeau symbolise le passage entre deux étapes du Grand Œuvre.
BRAN LE BÉNI
L’homme à tête de corbeau n’est pas inconnu de la mythologie celtique. Puisque dans un mythe gallois, un héros dénommé Bran « corbeau » meurt après une expédition en Irlande pour récupérer un chaudron qui ressuscite les guerriers morts. Ses compagnons le décapitent et sa tête enterrée dans une colline blanche devient un talisman protecteur de l’île de Bretagne.
Bran-le-Béni[2] ordonna qu’on lui coupe la tête.
Prenez ma tête, dit-il, emportez-la jusqu’à la Colline Blanche (Y Gwynvryn) à Londres, et enterrez-la avec la face tournée vers la France. Vous allez faire route pendant longtemps ; pendant sept ans vous resterez festoyer à Harddlech, tandis que les oiseaux de Rhiannon chanteront pour vous. Ma tête sera pour vous une compagnie aussi agréable que lorsque vous l’avez connue, au mieux de sa forme, sur mon corps. Vous resterez vingt-quatre ans à Gwales en Pembroke. Jusqu’à ce que vous ouvriez la porte du côté de l’Aber Henvelen, en direction de Cornouailles, vous pourrez rester là sans que la tête ne se corrompe. Mais sitôt que la porte sera ouverte, vous ne pourrez plus rester là. Vous gagnerez Londres pour y enterrer la tête, puis vous continuerez votre chemin de l’autre côté[3].
Le noir corbeau inhumé dans une colline blanche.
LE CULTE DES TÊTES
La tête coupée de Bran enterrée dans une colline devient un talisman protecteur de l’ile de Bretagne contre toute invasion. Cette colline devient ainsi la tombe du fondateur de la dynastie, un centre sacré. Ce qui rappelle la colline du Capitole[4] à Rome. La légende stipule que lorsque les Romains ont creusé les fondations du temple de Jupiter, ils ont retrouvé l’énorme crâne d’un guerrier étrusque[5]. Et que penser du Golgotha[6], également une colline du crâne, sur laquelle Jésus fut crucifié. La tradition religieuse considère que dans ce même lieu fut déposé le crâne d’Adam, ancêtre par excellence de l’humanité. Nous sommes au plus près du mystère des crânes. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 23 Celtes : des coupeurs de têtes
LE CORTÈGE DU GRAAL
Dans un autre conte gallois appelé Peredur, le fameux Graal devient la tête coupée d’un homme qui repose sur un plat.
Peredur s’assit à côté de son oncle, et ils discutèrent. Puis il vit deux jeunes gens entrer dans la grande salle puis dans la chambre, portant une lance d’une taille indescriptible ; trois ruisseaux [de sang] la parcouraient tout au long, de la pointe jusqu’à terre. Lorsque les gens de la cour virent cela, tous se mirent à crier et à gémir si fort que c’était insupportable. Mais l’homme n’interrompit pas pour autant sa conversation avec Peredur ; il ne lui apprit pas ce que c’était, et l’autre ne lui posa pas de question.
Après un moment de silence, ensuite, voici deux jeunes filles qui entrent avec un grand plat, sur lequel il y avait une tête d’homme et du sang en abondance. Chacun se mit alors à crier et gémir au point qu’il était pénible de rester dans la même maison[7].
La tradition d’une tête coupée posée sur un plat existe également dans le Christianisme.
La Tête de saint Jean-Baptiste, Tableau peint en 1507 par Andrea Solari. Il représente la tête de Jean le Baptiste, tranchée et disposée dans une coupe. Musée du Louvre. (Wikimedia Commons).
Voir également SAISON 2 ANNEXE 13 Le Graal
LES SAINTS CÉPHALOPHORES
Le céphalophore est généralement un saint, martyr par décapitation qui se relève et prend la tête entre les mains avant de se mettre en marche. L’un des plus connus est sans aucun doute saint Denis (Dionysius en latin), le premier évêque de Lutèce (Paris). La légende de Saint-Denis est reprise au XIIIe siècle par Jacques de Voragine dans sa Vie des Saints.
Denis et ses compagnons Rustique et Éleuthère sont chargés d’évangéliser la Gaule par le pape Clément Ier. Denis construit la première église à Lutèce. L’empereur Domitien, inquiété par les nombreuses conversions, ordonne une persécution. Le préfet romain Fesceninus les fait arrêter. Saint-Denis est incarcéré à la prison de Glaucus. Au cours de l’interrogatoire, une aristocrate romaine nommée Larcia accuse Denis d’être un magicien. Aussitôt, Denis est dénudé et flagellé sous les yeux de ses compagnons Rustique et Éleuthère, qui ne tardent pas à subir le même sort. Denis est ensuite allongé nu sur un gril enflammé, puis livré à des bêtes féroces affamées et finalement suspendu à une croix, mais il surmonte toutes ces épreuves grâce à la puissance de ses prières. Ses compagnons, soumis aux mêmes tourments, y survivent avec le même succès. Ensuite, tandis que saint Denis célébrait une messe dans sa prison, le Christ serait apparu accompagné de la multitude des anges et lui aurait tendu l’hostie de ses propres mains. Enfin, après d’autres supplices, le préfet ordonne la mise à mort des trois hommes. Ils sont finalement condamnés à être décapité au temple de Mercure (mons Mercurii ) au sommet de la butte Montmartre qui devient le « mont des Martyrs » ( mons Martyrum).
LA MORT DE SAINT DENIS
Les soldats qui conduisaient Denis, Éleuthère et Rustique ayant renoncé à gravir la butte les décapitèrent à mi-pente.
Le martyre de saint Denis, peinture de Léon Bonnat, Paris, Panthéon.
Denis ramassa sa tête continua à monter sous la conduite d’un ange. Il s’arrêta au sommet pour laver son chef à une source et expira après un parcours de 6 kilomètres où une veuve, Catulla, l’inhuma dans un champ avec ses deux compagnons.
Saint Denis, par Jean Bourdichon.Horae ad usum parisensem,ca.1480,BNF. (Wikimedia Commons).
Plus tard Sainte-Geneviève fit élever à cet endroit la basilique de Saint-Denis qui est la sépulture des rois de France depuis les temps mérovingiens. Avec pas moins de 42 rois, 32 reines, 63 princes et princesses et 10 grands serviteurs du royaume qui furent inhumés dans la basilique Saint-Denis jusqu’au XIXe siècle. Cette nécropole des rois fait partie des ensembles funéraires les plus importants au monde.
Monument funéraire d’Henri II et de Catherine de Médicis (en arrière-plan) et, au premier plan, gisants de Philippe V (à gauche), de Jeanne d’Évreux (au centre) et Charles IV le Bel (à droite). (Wikimedia Commons).
LE SANCTUAIRE CENTRAL
Il n’est pas tout à fait anodin qu’un saint céphalophore soit à l’origine d’un sanctuaire qui abritent les tombes des rois de France. La basilique de saint Denis est un ancien sanctuaire central gaulois, christianisé par l’histoire de saint Denis, lié à l’adoration d’une tête sacrée qui, comme dans le cas de Bran, fait office de talisman protecteur. La basilique s’élève sur l’emplacement d’un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250 et devient ensuite la nécropole des rois de France.
La basilique Saint-Denis en 1844-1845 avant le démontage de la tour nord en 1847. (Wikimedia Commons).
DENIS UN NOUVEAU DIONYSOS
C’est le nom du saint qui est la clef de l’énigme. Denis est issu du grec Dionysos via le latin Dionysius. Or le dieu gaulois Cernunnos peut être considéré comme l’équivalent du Dionysos grec. Le dossier est trop volumineux pour être traité dans cet article. Cependant Cernunnos est le Maître des animaux et peut se transformer en animal. D’après le chaudron de Gundestrup, ses animaux préférés sont le cerf, le taureau, le loup et le serpent à cornes de bélier, sur cette plaque il y a également des lions et un poisson. Sur d’autres plaques, il est en compagnie d’un cheval (ailé) ou flanqué de dragons.
Le dieu aux bois de cerf assis en tailleur qui tient dans sa main droite un torque et dans la gauche un serpent à tête de bélier. Le dieu est entouré d’animaux sauvages. Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré, © Copenhague, Nationalmuseet
Dionysos possède également ce don de métamorphoses.
Enfant, il subissait mille transformations : parfois c’était un adulte en délire, et un duvet fleuri commençait à peindre les extrémités de son visage. Lion simulé, poussant dans sa fureur d’effroyables rugissements, il ouvrait une gorge béante, ombrageait son cou d’une crinière épaisse et hérissée, ramenait en rond sa queue sur les poils touffus de son dos, et de ce fouet naturel battait ses flancs. Bientôt, abandonnant la forme du lion, il hennissait comme un coursier à la haute crinière, indompté, mordant fièrement son frein, et blanchissant d’écume sa bouche meurtrie. Ensuite, dragon armé de cornes, il faisait siffler son gosier sonore, rouler et glisser ses larges écailles, vibrer sa langue hors de sa gueule entrouverte ; et, bondissant sur la tête redoutée d’un Titan, il en entourait le cou des anneaux tortueux d’un monstrueux collier. Ensuite, abandonnant le corps sinueux du reptile, il était tigre à la peau tachetée, ou taureau ; et c’est alors, comme il poursuivait les Titans de ses cornes aiguës et combattait pour sa vie, que Junon, la cruelle marâtre, répondit aux mugissements fictifs de son gosier par les horribles mugissements des airs, et, rivalisant avec Zagrée, ébranla sous de bruyantes tempêtes aériennes les portes de l’Olympe[8].
Lion, cheval, tigre, mais surtout Dionysos se transforme en dragon cornu et en taureau. Durant l’Antiquité grecque les dragons, comme Python, le gardien du sanctuaire de Delphes, sont souvent représentés sous la forme d’un gros serpent. Pour plus de détails SAISON 1 ANNEXE 11 Les métamorphoses du dragon
Les dragons cornus grecs et le serpent à tête de bélier sont de la même espèce.
Dionysos chevauchant un taureau, illustration tirée de peintures de vases grecs de J. E. Harrison et D. S. MacColl, publiées en 1894
Cernunnos et saint Denis à travers Dionysos ne font qu’un. Avec quelques éléments suspectes en moins, comme les bois de cerf (trop diabolique) ou la tricéphalie qui est remplacée par trois personnages distincts : Denis, Rustique et Éleuthère.
Cernunnos est le Dis Pater des Gaulois, leur dieu Père auquel ils ont élevé un sanctuaire central axé sur la vénération d’une tête d’un dieu ou d’un ancêtre. Ce dernier devient une nécropole autour de laquelle se font enterrer les rois. Le lieu est tellement sacré que la tradition de se faire inhumer à cet endroit a traversé les vicissitudes de l’histoire. Elle a résisté à un changement de religion, du druidisme au Christianisme et à plusieurs changements de dynasties (mérovingiens, carolingiens, Robertiens puis Capétiens).
Voir également SAISON 2 ANNEXE 24 Le sanctuaire des druides
UN CROMLECH
La route antique qui reliait Paris à Saint-Denis était appelée l’Estrée (du latin via strata lapide, voie couverte de pierres plates). Or il existe un tableau présent au musée Carnavalet d’un peintre anonyme de la fin du XVIe siècle représentant sainte Geneviève à proximité de l’Estrée, assise à l’intérieur d’un cercle de pierres dressées, attestant de la présence d’un véritable cromlech au bord de cette route.
Sainte Geneviève gardant ses moutons, anonyme, entre 1501 et 1600, Musée Carnavalet, Paris.
Curieux tableau sur lequel la patronne de Paris est représentée une houlette à la main, au milieu d’un enclos mégalithique transformé en parc à moutons. Le chien représenté à côté de la sainte ressemble étrangement à un loup. La sainte semble assise sur les ruines d’un autel. Le paysage est imaginaire dans son ensemble, mais comprend une vue générale de Paris. On peut reconnaître de gauche à droite : la Bastille, la tour du Temple, l’enceinte de Charles V, la colline et l’abbaye de Montmartre.
UN STONEHENGE GAULOIS
Cette étrange peinture est la seule qui témoigne d’un ancien cercle de pierre près de la route qui mène de Saint Denis à Paris. On peut avancer l’hypothèse que la taille du personnage dépend plus de son importance que d’une recherche des proportions exactes par rapport au lieu. On peut aussi signaler que les moutons semblent extrêmement petit par rapport à la sainte, le « chien » également. Ce qui renforce l’idée que l’artiste n’a pas respecté les proportions du personnage par rapport aux éléments qui l’entourent. Donc les pierres du cromlech peuvent être beaucoup plus grandes, comme celles d’Avebury par exemple.
Des moutons paissant tranquillement au milieu des monolithes de pierre, Avebury, Wiltshire, Angleterre. Source : pinterest.fr
UNE INTERPRÉTATION ASTRONOMIQUE
On peut se demander si ce tableau de sainte Geneviève n’a pas un lien avec les étoiles. Il n’y a qu’une seule femme assise dans le ciel étoilé et c’est Cassiopée.
La constellation de Cassiopée (Cassiopeia). Source : Le livre de la connaissance du monde et l’éducateur universel (Boston : J.R. Spaulding & Co., 1901).
Ce n’est pas un hasard si Geneviève est assise près du bord du cercle de pierre et non au centre, car c’est exactement la position de la constellation dans le cercle des constellations circumpolaire. Ces dernières, contrairement aux constellations saisonnières, restent visibles toute la nuit en toute saison.
Cassiopée est au bord du cercle des constellations circumpolaires. Source : club-betelgeuse.jimdofree.com
Cassiopée fait partie des rares constellations qui sont visibles toutes l’année. Cette propriété est considérée comme remarquable en astronomie (par exemple, ces constellations permettent de se repérer dans sa lecture du ciel quel que soit l’heure de la nuit et le mois de l’année). Il y a encore un cercle plus étroit dans le ciel dans lequel les constellations peuvent contenir pour un certain temps l’étoile polaire et devenir ainsi le centre du firmament. Voir à ce propos SAISON 1 ANNEXE 9 L’étoile polaire
Ce n’est pas le cas de Cassiopée qui est reine à travers son époux Céphée qui lui peut potentiellement contenir l’étoile polaire et devenir ainsi le roi du ciel. Ce n’est pas tout. En dehors du cercle de pierre passent des personnages sur une route, on peut distinguer en regardant vers le sud, à gauche les Gémeaux et à droite la constellation de la Vierge. Le tableau a été peint entre 1500 et 1600, si l’on prend une date entre les deux, disons 1550 et que l’on prend le logiciel Stellarium celui-ci indique que c’est autour du 1er novembre que l’on peut voir au nord Cassiopée, à l’est la constellation de la Vierge et celle des Gémeaux à l’ouest. Ce qui signifie que la position des personnages représentés sur le tableau indique une date : samonios, une des fêtes les plus importantes du druidisme.
CONCLUSION
Tout centre sacré de l’Antiquité qui se respecte doit contenir un omphalos, une pierre tombée du ciel[9], qui représente l’étoile polaire, elle-même centre du ciel étoilé. C’est ici qu’intervient Brennus, un homme qui porte le grade initiatique du corbeau et dont la mission est de dérober la pierre sacrée.
(à suivre…)
©JPS2024
[ACCUEIL]
Image mise en avant :
Détail d’Orphée (ou Jeune Fille thrace portant la tête d’Orphée), tableau réalisé par Gustave Moreau en 1865 et conservé aujourd’hui au Musée d’Orsay à Paris. (Wikimedia Commons).
Sculpture de saint Denis sur le portail de la Vierge, façade ouest de la cathédrale Notre-Dame de Paris. (Wikimedia Commons).
NOTES
[1] Jean Markale, Les Celtes et la civilisation celtique, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1999, p. 95.
[2] Héros majeur de la mythologie galloise. C’est un géant, roi de Bretagne. Il possède un chaudron qui lui permet de ressusciter les guerriers morts. Il donne sa sœur Branwen comme épouse au roi d’Irlande. Celui-ci la maltraite. Bran organise une expédition pour la venger. Cette campagne tourne au désastre. Le chaudron magique est détruit et Bran est blessé à la jambe par une lance empoisonnée. Il demande à ses sept compagnons survivants de lui couper la tête. Celle-ci, enterrée à Londres, protègera l’île de Bretagne contre tous les envahisseurs.
[3] Les Quatre Branches du Mabinogi, Le Mabinogi de Branwen, Traduction P-Y Lambert, Gallimard, Paris, 1993, p.73.
[4] Centre religieux de Rome. De Caput « tête ». But ultime de l’expédition des Gaulois en terre romaine.
[5] « Ici est le Capitole, où fut jadis trouvée cette tête d’homme qui, au dire des devins, annonçait qu’à cette place serait la tête du monde, la souveraine des empires ». Tite-Live, Histoire romaine, LIV, 7, Traduction M. Nisard, Tome I, Firmin Didot, Paris, 1864.
[6] « Arrivés à un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire lieu dit du Crâne ». (Matthieu 27,33)
[7] Les Quatre Branches du Mabinogi, L’histoire de Peredur fils d’Evrawc, Traduction P-Y Lambert, Gallimard, Paris, 1993, pp.248-249.
[8] Nonnos, Dionysiaques, VI, v.181-200. Source remacle.org
[9] Autrement dit une météorite, cependant on n’a jusqu’à présent jamais retrouvé une telle pierre, ce sont toujours des copies qui sont retrouvées sur les sites sacrés. À Delphes, à Rome, en Irlande, en Écosse, les pierres des origines ont toutes disparues et il ne reste que des copies. Même la pierre de Jérusalem qui est entreposée dans un coffre transportable, l’Arche d’Alliance, a disparu. On peut se demander, mais où sont passées ces pierres sacrées ?
Pour en savoir plus sur Saint Denis : Denis de Paris — Wikipédia (wikipedia.org)