L’ORIGINE DES CELTES

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 14

L’origine des Celtes remonte très loin dans le temps. Le chaudron de Gundestrup donne une date 2260 av. J.-C. C’est à cette époque qu’apparaît en Europe de l’Ouest une nouvelle culture.

LA CULTURE CAMPANIFORME

La culture campaniforme est une culture qui s’est développée en Europe au cours du IIIe millénaire avant notre ère (vers 2900 av. J.-C. à 1900 av. J.-C.). Couvrant le Chalcolithique ou âge du cuivre et une partie de l’âge du bronze ancien européen. Ce phénomène culturel touche une grande partie de l’Europe centrale et occidentale.  Il se caractérise tout d’abord par une poterie en forme de cloche renversée, souvent de très belle facture, qui lui a donné son nom.

LES CELTES ORIGINE Poterie campaniforme

Vase en argile noire, décoré de motifs géométriques incisés rehaussés d’une pâte blanche (Castille Espagne, entre 1970 et 1470 av. J.-C.) (Source Wikimedia Commons)

UNE ORIGINE TRÈS DISCUTÉE

L’origine et la diffusion de la culture campaniforme demeurent un phénomène complexe en raison de son développement dans l’espace et dans le temps. La genèse de cette culture a été âprement discutée par les spécialistes. Les uns situe son origine en Europe centrale, d’autres aux Pays-Bas, d’autres encore dans la péninsule Ibérique. Cependant des analyses génétiques à partir des années 2010 semblent montrer une origine unique de la culture campaniforme à l’est de l’Europe centrale dans une population issue des migrations de la culture Yamna. Cette culture se diffuse ensuite dans toute l’Europe centrale et occidentale.

Qui sont ces nouveaux-venus ?

DES CONQUÉRANTS

Ce sont en premier lieu des hommes. Voir ANNEXE 16 La colonisation de l’Europe, ce que dit la génétique.

Ce sont des navigateurs. Cette capacité de se déplacer en bateaux sur de longues distances permet de garder le contact avec leurs congénères établissant ainsi un réseau social et commercial à travers toute l’Europe. Ces grands bateaux servent au transport des hommes, des animaux, des marchandises et des matières premières. Voir ANNEXE 21 Les bateaux de l’âge du bronze

UNE ÉLITE

Ils colonisent toute la façade atlantique, mais empruntent également les voies fluviales pour s’installer à l’intérieur des terres. Il n’y a pas d’unité politique, mais des liens forts entre les élites grâce à des échanges matrimoniaux et une entraide en cas de difficultés. Ce commerce « international » les rend riches, puissants et influents.

DES ASTRONOMES

Cependant pour naviguer sur les mers et l’océan, il faut savoir s’orienter grâce aux étoiles et connaître le mouvement des astres errants comme le Soleil et la Lune. Avoir une connaissance poussée des marées[1] est indispensable pour naviguer en Manche, en mer du Nord ou sur l’océan.

Ce sont des bâtisseurs, car cette connaissance du mouvement des astres leur a également permis d’être les continuateurs de Stonehenge.

Voir ANNEXE 20 Stonehenge et les druides

LES MAÎTRES DU FEU

Ce sont des maîtres du feu, mystérieux et inquiétants, connaissant le secret des minerais dont ils tirent la matière première pour fabriquer des armes en métal. Leurs poignards en cuivre est le symbole de cette supériorité technique alors que les autochtones qui les entourent sont encore à l’âge de pierre.

LES CELTES ORIGINE Poignards en cuivre campaniformes

Poignards en cuivre arsénié, talon de lance en bronze, chaîne en or, brassard d’archer en schiste pourpre et hachette-pendantif en jadéitite de Lothéa (Quimperlé, Finistère), Datés du début de l’âge du Bronze ancien (vers 2150 av. J.-C.), conservés au musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye et au musée de Cluny (clichés : C. Nicolas, Université Paris 1).

Conscient du prestige que leur confèrent ces avantages, ils forment très vite l’élite au sein des communautés autochtones.

DES ARCHERS IMPITOYABLES

Ce sont aussi des guerriers, quand le prestige ne suffit pas pour prendre le pouvoir, ils sont prompts à éliminer les opposants ou les concurrents. Comme le montre l’homme criblé de flèches retrouvé dans le fossé entourant l’enceinte circulaire de Stonehenge. Ce sont des archers qui peuvent tuer de loin contrairement aux peuples autochtones qui sont obligés de se battre au près avec leur hache de combat.

UNE NOUVELLE LANGUE

Ce sont les locuteurs d’une nouvelle langue, celle du commerce et des élites qui s’impose peu à peu lors des relations avec les autochtones. C’est assurément une langue indo-européenne. On peut prudemment avancer l’hypothèse d’une langue celtique archaïsante. Voir ANNEXE 17 Les langues celtiques

UNE NOUVELLE RELIGION

Ce sont également les porteurs d’une nouvelle religion qui se mélange aux croyances des autochtones. Le calendrier des druides commence avec la fin de l’ère du Taureau en 2260 av. J.-C. C’est à partir de ce moment que le druidisme devient une religion mixte qui intègre les croyances de la culture campaniforme avec celles de l’ancienne religion pratiquée par les peuples du néolithique partis du croissant fertile et qui ont colonisé l’Europe vers 6500 av. J.-C. Ces premiers paysans d’Europe ont conservé les mêmes dieux que leurs congénères restés en Orient. Ce qui est corroboré par la présence des jumeaux divins dans l’iconographie du chaudron d’argent. Ce qui fait du chaudron de Gundestrup le témoignage d’une des plus anciennes religions de l’humanité.

LES GUERRIERS DE PIERRE

Outre la céramique, nous connaissons surtout cette culture à travers les rites funéraires. Le défunt repose en position repliée sous un tumulus rond. La tombe contient quelques objets caractéristiques de cette culture, notamment un équipement d’archer, composé de pointes de flèches et d’un brassard en pierre qui protège l’avant-bras. Dans la sépulture se trouvent aussi des objets en métal : bijoux en or ou poignard en cuivre, ce qui nous laisse deviner que ces hommes sont des initiés dans l’art de travailler les métaux.

LE CERCLE DE PIERRE

L’astronomie ne leur était pas non plus inconnue puisqu’ils édifient Stonehenge II orienté sur les solstices avec son double arceau de pierres bleues. En général, leurs tombes sont individuelles, mais parfois, ils n’hésitent pas à réemployer d’anciens dolmens comme sur le site du Petit-Chasseur à Sion (Suisse). C’est d’ailleurs dans tout l’arc alpin que l’on retrouve les stèles anthropomorphes qui caractérisent ce site suisse

LES CELTES ORIGINE Stèle du Petit-Chasseur à Sion.

Fac-similé de la stèle du Petit-Chasseur à Sion

Stèle anthropomorphe de la nécropole néolithique du Petit-Chasseur à Sion et fac-similé pour voir plus de détails (Valais, Suisse)

DES INDO-EUROPÉENS

D’après l’archéologue Marija Gimbutas, ces stèles sont la manifestation des premiers Indo-Européens originaires d’Europe de l’est (Ukraine). L’archéologue d’origine lituanienne a proposé dès le milieu des années cinquante de voir dans les peuples qui sont partis des steppes ukrainiennes des Indo-Européens qui avancent vers l’Europe de l’Ouest à la fin du néolithique et au début de l’âge du bronze, entre le troisième et le second millénaire avant notre ère. Ce qui caractérise ces populations sont les rites funéraires, le rôle du cheval, une économie basée sur l’élevage, une structure sociale très hiérarchisée de forme guerrière et patriarcale.

CE QUE DIT LA GÉNÉTIQUE

Cette théorie est d’ailleurs confirmée par les études génétiques les plus récentes publiées dans les revues Nature (février 2018) et Science (mars 2019) qui démontrent que 40 % de l’ADN des populations locales avait disparu en quelques centaines d’années en Espagne, remplacés par des gènes originaires des steppes et même jusqu’à 90 % en Grande-Bretagne. Plus étonnant encore, près de 100 % des chromosomes Y, caractérisant les lignées paternelles, auraient été remplacées par des lignées venues des steppes[2]. Difficile de ne pas y voir les conséquences d’un affrontement.

LE ROI DE STONEHENGE

Ces nouveaux venus paraissent particulièrement belliqueux avec la mise en avant de leur armement dans les sépultures. Ce qui semble d’ailleurs être un trait commun aux peuples cavaliers nomades que ce soit les Huns, les Arabes, les Mongols ou dans ce cas précis les Indo-Européens. L’une des plus belles stèles représente un guerrier armé d’un arc avec une flèche, d’une hache et de poignards. Or, c’est précisément de la région alpine (Suisse, Autriche ou sud de l’Allemagne[3]) que semble provenir celui que l’on appelle « l’archer d’Amesbury »[4]. Un homme de 35-45 ans. Sa tombe qui date de 2300 avant J.-C. a été trouvée à cinq kilomètres de Stonehenge.

LE ROI DE STONEHENGE

C’était un personnage important, d’ailleurs les médias l’on surnommé le « roi de Stonehenge », car sa sépulture était l’une des plus riche de cette époque[5]. Le mobilier funéraire comporte des pointes de flèches en silex, des bracelets, une paire d’ornements en or pour les cheveux, cinq vases campaniformes ainsi que trois poignards en cuivre qui provenait de France et d’Espagne. Voir ANNEXE 22 L’archer d’Amesbury

LES CELTES ORIGINE. La tombe de l'Archer de Stonehenge

La tombe de l’Archer, exposée au Salisbury and South Wiltshire Museum (Wikimedia Commons).

LE CHAÎNON MANQUANT

Comme le démontre l’archer retrouvé près de Stonehenge, originaire de l’arc alpin, ces hommes voyageaient beaucoup et avec eux le savoir et les idées. Peut-être sont-ils le chaînon manquant entre les constructeurs de mégalithes et les individus qui vont devenir des Celtes. Une chose est certaine, ils sont les continuateurs des constructeurs des mégalithes, l’archéologie l’a prouvée. Ils ont réutilisé les monuments de pierre en les adaptant à leur propre culture. Stonehenge est resté pour eux un lieu sacré[6].

LA FIN DE L’ÈRE DU TAUREAU

Les différentes orientations du site prouvent également qu’ils avaient des connaissances en astronomie, ce qui en fait des candidats parfaits pour recueillir une tradition et de la transmettre. Enfin, ils sont les contemporains de la fin de l’ère du Taureau. Cet événement cosmique est à l’origine de la religion stellaire des druides. Le chaudron de Gundestrup en est le témoin le plus remarquable.

EN AVANCE SUR LEUR TEMPS

De plus, ce sont des forgerons, spécialistes du cuivre. On peut même penser que leur savoir a contribué à l’invention du bronze, technique qui a révolutionné la protohistoire. Pour les paysans du néolithique, qui ignorent la métallurgie, ces hommes sont considérés comme des magiciens, des alchimistes. Les détenteurs de la connaissance de la transformation des métaux, ce qui leur donnent un prestige immense et qui engendre également une méfiance envers ces inquiétants « maîtres du feu »[7]. Peut-être que l’archer d’Amesbury est un de ces forgerons itinérants. Peut-être est-il également le lien entre les agriculteurs sédentaires et les nomades conquérants. Il forge non seulement les armes des dieux et des héros, mais il garde un lien avec la Terre-Mère puisqu’il connaît le secret des minerais tirés du sol.

LA FIN DE L’ÈRE DU TAUREAU

Reprenons les éléments du problème. À travers le déchiffrement du chaudron de Gundestrup, nous pouvons deviner qu’une date semble essentielle aux druides 2260 av. J.-C.[8] Cette date indique la fin de l’ère du Taureau. Or, à la même époque, de mystérieux archers, spécialistes dans l’art de la métallurgie, font leur apparition en Europe. À Stonehenge, ils prennent le pouvoir, instaurent une nouvelle religion et construisent un nouveau cercle de pierre. Quel est le lien entre la culture de la céramique campaniforme et les Celtes. C’est le cœur du problème.

UNE LUEUR D’ESPOIR

Rare sont les auteurs qui mentionnent un quelconque rapport entre ces deux cultures. C’est pourtant un court texte d’un archéologue français qui nous donne la solution du problème[9]. Il constate dans ce document que si personne ne conteste le fait de situer le foyer celte dans la zone nord-alpine durant l’âge de fer (culture de La Tène), il n’en va pas de même pour ce qui concerne la présence de Celtes à l’Ouest du continent (les rivages de l’Atlantique et les iles britanniques). Selon cet auteur, il n’existe aucune preuve archéologique d’une diffusion culturelle de la zone nord-alpine vers l’ouest de l’Europe au second âge de fer[10]. Il propose de voir l’arrivée des premiers locuteurs des langues celtes à une époque beaucoup plus haute.

UNE LANGUE CELTIQUE

Il semble plus pertinent d’envisager qu’au début du second âge du fer des langues celtiques étaient déjà parlées sur la plupart des rives de l’Atlantique et, par conséquent, de chercher leur mise en place à une date plus haute. Le problème devient alors de fait exclusivement archéologique puisque, avant l’âge du fer, la plupart des sociétés européennes n’utilisaient pas l’écriture[11].

La culture de la céramique campaniforme est, d’après cet auteur, la meilleure candidate pour introduire les langues celtes sur toute la façade atlantique. C’est-à-dire les archers de l’âge du cuivre, les continuateurs de Stonehenge.

LA LANGUE DES ÉCHANGES COMMERCIAUX

D’après l’hypothèse de l’archéologue, tous les peuples de l’ouest européens ne sont pas des Celtes bien entendu, mais ils utilisent les langues celtiques comme moyen de communication pour les échanges économiques[12]. Ainsi, ce sont peut-être les métallurgistes du cuivre qui ont répandues les langues celtiques sur une grande partie du continent ouest européen et ce dès la fin du IIIème millénaire avant notre ère.

DEUX CULTURES CELTIQUES

Ensuite, cette grande aire campaniforme se scinde en deux : les complexes culturels nord-alpins et atlantiques. L’auteur pense que ces deux sous-ensembles sont probablement déjà celtiques. Ces deux ensembles culturels évolueront indépendamment les uns des autres avant de se rejoindre à nouveau au IIIème siècle avant notre ère dans le vaste ensemble celtique de l’âge de fer[13]. Voir SAISON 1 ÉPISODE 13 L’origine des Celtes 1/4

LA LANGUE DES ANCÊTRES

On peut même ajouter un argument supplémentaire et penser que le complexe atlantique qui atteint son apogée lors de l’âge du bronze était peuplé de locuteurs de langues celtique en « q » (le celtibère, le gaélique), les plus anciennes, tandis que le complexe alpin qui atteint son apogée bien plus tard lors de l’âge du fer était peuplé de Celtes utilisant une langue en « p » (le gaulois, le gallois, le breton…). Par exemple, en celte « p » cheval se dit Epos tandis qu’en celte « q » tel le vieil irlandais et l’ogamique, le même mot se dit ech et eqo-[14]. Voir ANNEXE 16 Les langues celtiques.

CE QUE DISENT LES MYTHES

Il est certainement intéressant de noter que le celtibère en Espagne est une langue en « q » de même que le gaélique d’Irlande. Or, selon le Lebor Gabála Érenn, (le Livre des Conquêtes d’Irlande), les Gaëls ou Fils de Mile se disent originaire d’Espagne. Ce qui semble être un indice de plus pour un ancien peuplement de locuteurs d’une langue celtique en « q » sur les rivages de l’Atlantique depuis les temps les plus reculés.  

DES DRUIDES À STONEHENGE

Pour prendre un exemple concret, si cette hypothèse se vérifie, l’archer d’Amesbury est non seulement originaire de l’arc alpin qui préfigure la future Celtique, mais il est déjà le locuteur d’une langue celtique[15]. Peut-on appeler ces voyageurs issus de la culture campaniforme des Celtes de l’âge du cuivre ?

Si la réponse est oui, alors l’hypothèse de la présence des druides à Stonehenge à partir de 2300 avant J.-C. n’est plus aussi ridicule.

LES ORIGINES DU DRUIDISME

Cela donne raison à César qui prétend que la doctrine druidique est originaire de Bretagne insulaire et que ceux qui veulent s’instruire dans cette discipline vont sur cette île[16].

On croit que leur doctrine est née en Bretagne, et a été apportée de cette île dans la Gaule ; de nos jours encore ceux qui veulent en faire une étude approfondie vont le plus souvent s’instruire là-bas[17].

César n’est pas un affabulateur, mais décrit une réalité des plus anciennes.

Poignard campaniforme en cuivre

Poignard campaniforme en cuivre arsénié n°1 du tumulus de Lothéa (Quimperlé, Finistère), conservé au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (cliché : C. Nicolas, Université Paris 1).

LES CELTES : ORIGINE ©JPS2021(Texte écrit en 2015 remanié en 2021)

[SAISON 1 ÉPISODE 15]

ACCUEIL

Sources :

Patrice Brun, L’origine des Celtes. Communautés linguistiques et réseaux sociaux, disponible sur www.academia.edu.

Patrice Brun, Les Celtes à la lumière de l’archéologie, disponible sur www.academia.edu.

[1] Le phénomène de marées étant dû à la force gravitationnelle entre la Terre et la Lune. Les horaires de pleine mer et de basse mer ne sont pas les mêmes d’un port à l’autre. Ensuite les coefficients de marées ne seront pas toujours les mêmes. Entre les vives eaux (gros coefficients de marées) et les mortes eaux (petits coefficients de marées), il n’y a pas la même hauteur d’eau à mi-marée.

[2] Les Cahiers de Science & Vie, N° 187, Migrations, Comment elles ont construit l’Occident, Juillet 20019, p.35.

[3] Le cœur de la future Celtique.

[4] Ce sont des tests sur l’émail dentaire qui ont démontré son origine des régions alpines.

[5] Non loin de la sépulture de l’archer, les archéologues ont retrouvé une autre tombe. Celle d’un homme plus jeune. Les analyses ont montré que les deux hommes étaient apparentés. Il est probable qu’ils étaient père et fils.

[6] De même à Sion dans les Alpes en Suisse sur le site du Petit-Chasseur, les porteurs de la culture campaniforme ont été les continuateurs des constructeurs de mégalithes. Rappelons encore un fois que l’archer d’Amesbury est originaire de l’arc alpin.

[7] Depuis toujours les Maîtres des Forges sont les maîtres du monde. Cela s’est vérifié tout au long de l’histoire.

[8] Les observateurs des mouvements célestes n’avaient pas d’instruments d’observations sophistiqués, c’est pourquoi cette date ne peut être qu’approximative et peut varier dans un sens comme dans l’autre d’une centaine d’année, sinon plus. L’archer d’Amesbury était présent sur le site de Stonehenge aux alentours de 2300 av. J.-C. et on peut penser qu’il a joué un grand rôle dans ce changement de religion. Cependant ce changement ne s’est certainement pas opéré du jour au lendemain, la prise de pouvoir des nouveaux venus s’est certainement faite sur des années voire des décennies. Si l’archer d’Amesbury et son fils ont peut-être été les artisans de ce changement, ils ne furent pas forcément les bénéficiaires directs. Les nouveaux venus n’étaient pas nombreux, ils ont pris le pouvoir par opportunisme et par la ruse, forts de leurs connaissances en matière d’astronomie et de métallurgie et du prestige qui en rejaillit. Cependant ils n’ont pas hésité pour employer la force quand il le fallait. D’ailleurs les archéologues ont retrouvé un corps percé de flèches dans l’enceinte même du site, peut-être un autochtone victime des archers venus de l’étranger.

[9] Patrice Brun, Les Celtes à la lumière de l’archéologie, consultable sur inrap.fr.

[10] L’auteur précise que cette diffusion supposée est pourtant systématiquement proposée dans les manuels scolaires et les ouvrages destinés au grand public.

[11] Patrice Brun, Les Celtes à la lumière de l’archéologie, consultable sur inrap.fr.

[12] Comme l’anglais qui est devenu une langue internationale pour le commerce mondial. Ces langues celtiques jouaient le même rôle en Europe occidentale.

[13] Ce n’est qu’à cette époque finalement tardive que des peuples belges vont traverser la Manche et s’établir en Grande Bretagne. Ce qui est évidemment trop tard pour établir une préséance du druidisme insulaire sur celui qui est pratiqué sur le continent.

[14] Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Éditions Errance, Paris, 2001, p.137.

[15] Cet archer devait parler en 2300 avant notre ère une langue celtique archaïque en « q » puisqu’il est parti de l’arc alpin avant la lente transformation de cette même langue archaïque en celtique plus moderne en « p ».

[16] Le général romain est quand même plus proche de plus de deux mille ans des événements que les commentateurs modernes. D’ailleurs tout au long de l’histoire des druides nous butons sur un problème de chronologie. Citons le chaudron de Gundestrup daté généralement de la fin du IIème ou de la première moitié du Ier siècle avant J.-C. et qui par son décor de la plaque du fond indique la fin de l’ère du Taureau en 2260 av. J.-C.  Il faut également citer les chapeaux pointus rituels datant de 1500 à 1000 av. J.-C. qui indiquent l’existence d’une classe sacerdotale influente alors que les druides n’avaient pas encore d’existence officielle. Un dernier exemple avec Arthur, roi des Bretons insulaires aux alentours de l’an 500 de notre ère, mais qui est d’après la légende contemporain des premiers temps de Stonehenge.

[17] César, Guerre des Gaules, Tome II, Livre VI, 13, Traduction L.-A. Constans, Les Belles Lettres, Paris, 1989.