PRÉHISTOIRE : LA COLONISATION DE L’EUROPE

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 16

Dans les temps anciens, l’Europe a été colonisée par trois vagues de peuplement. Qu’indiquent les découvertes génétiques les plus récentes ?

LA PRÉHISTOIRE

Une première très ancienne par les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique. Le Paléolithique supérieur couvre une longue période qui est marqué par l’arrivée d’Homo sapiens en Europe il y a 45 000 ans et s’achève, si on inclut le Mésolithique, avec l’introduction de l’agriculture, attestée à partir de 6400 av. J.-C. en Grèce et dans les Balkans. Ils nous ont laissé les magnifiques grottes ornées de Chauvet, d’Altamira ou de Lascaux, pour n’en citer que quelques-unes.

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. La Dame de Brassempouy

La Dame de Brassempouy (environ 26000-24000 ans) (Wikimedia Commons).

AU NÉOLITHIQUE

La deuxième vague est formée par les fermiers du Néolithique, en provenance d’Anatolie et du Proche-Orient.

À la fin du Néolithique, vient la troisième vague, celle des nomades, éleveurs de bovins et de chevaux, venus des steppes du nord de la mer Noire, locuteurs des langues indo-européennes.

Ce qui fait que chaque européen moderne possède à un taux variable les gènes de ces trois populations anciennes. La part de fermiers anatoliens est plus importante en Europe du Sud, et l’ascendance chasseur-cueilleur et nomade des steppes domine génétiquement l’Europe du Nord et du Nord-Est.

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. Tableau qui récapitule l'origine génétique des Européens.

Tableau qui résume l’origine génétique des Européens modernes. En orange le pourcentage de gènes issus des fermiers du Néolithique, en bleu celui des chasseurs-cueilleurs d’Europe de l’ouest, en vert celui des nomades des steppes Yamnayas. On peut remarquer que si les Sardes ont le plus de gènes issus des fermiers du Néolithique, ils portent néanmoins un faible pourcentage de gènes des chasseurs-cueilleurs et des nomades des steppes. L’inverse est vrai pour les Estoniens. À noter que les habitants de la Toscane et les Espagnols n’ont pas d’ascendance chasseurs-cueilleurs. Source : Bernard Sécher, Migration massive des Steppes vers l’Europe liée à la propagation des langages Indo-Européens. © Wolfgang Haak.

LE PEUPLE DE LA MER ET LE PEUPLE DU FLEUVE

Pour commencer, il faut essayer de résumer au plus simple la colonisation de l’Europe par les premiers fermiers au Néolithique. Un peuple n’est pas parti du point A (le Moyen-Orient ou l’Anatolie) pour arriver au point B (les rivages de l’Atlantiques) en un seul voyage. Au contraire, ce voyage s’est étendu sur des millénaires en avançant à chaque génération de quelques kilomètres. Cependant ces terres colonisées n’étaient pas vierges, car les colons partis du croissant fertile se sont retrouvés face à des groupes de chasseurs-cueilleurs du Mésolithique[1]. Ces chasseurs-cueilleurs ont déjà vécu en Europe depuis des dizaines de milliers d’année avant que ne commence la migration des fermiers.

LA COEXISTENCE ENTRE LES PEUPLES

L’être humain balance entre deux tendances, le mélange ou l’extermination, les deux ont coexistées. Parfois, ces deux cultures se sont regardées en chien de faïence et elles ont cohabitées tant bien que mal, la plus faible culturellement n’étant pas restée sans copier les bonnes idées de la plus avancée[2]. Pour rester simple, deux courants colonisateurs sont partis du Proche-Orient et de l’Anatolie et ont amenés avec eux l’agriculture et la domestication des animaux en Europe. Le courant méditerranéen (7500 av. J.-C.) est parti par voie maritime à l’assaut des rivages de la Méditerranée. Il est caractérisé par la production de céramique cardiale[3].

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. Céramique cardiale

Céramique cardiale de la grotte  »La Sarsa » (Valence, Espagne) (Wikimedia Commons).

LES PREMIERS MARINS

Ce sont des marins qui cinglent par cabotage[4] vers de nouveaux horizons — Grèce, Italie, îles de la Méditerranée, sud de la France, Espagne et Portugal — emmenant avec eux l’agriculture, du petit bétail, moutons et chèvres[5].

LES PREMIERS PAYSANS

Le second courant est appelé danubien (6500 av. J.-C.) parce que parti d’Anatolie, il remonte le Danube et colonise en suivant les fleuves toute l’Europe occidentale. La céramique qui caractérise cette culture est appelée rubanée[6].

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. Céramique à décor rubané

Céramiques à décor rubané, vers 5500 av. J.-C. de Merxheim (Haut-Rhin, France) ©Musée Unterlinden, Colmar.

Ce sont, eux aussi, des agriculteurs et des éleveurs, mais plutôt de bovins cette fois-ci[7].

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. Expansion néolithique de la Culture cardiale (en orange) et de la Culture rubanée (en rose) en Europe

Expansion néolithique de la Culture cardiale (en orange) et de la Culture rubanée (en rose) en Europe (Source Wikimedia Commons).

LA GRANDE DÉESSE

Les deux courants se retrouvent sur les rivages de l’Atlantique vers 4700 av. J.-C., car l’Europe pour eux est un cul de sac. Ainsi, voit-on se dessiner une civilisation pan-méditerranéenne, dont le berceau semble proche-oriental et qui a essaimé dans toutes les directions, du Proche-Orient et de la Turquie jusqu’aux rivages de l’Atlantique et du Moyen-Orient jusqu’à la vallée de l’Indus, emmenant dans leurs bagages non seulement l’agriculture et les animaux domestiques, mais aussi leurs dieux, le culte de la déesse Anat, celui du taureau et du serpent. Certains éléments qui composeront le chaudron de Gundestrup sont déjà présent.

Le mythe d’Anat peut être classé parmi les éléments communs de la vieille civilisation agricole qui s’étendait de la Méditerranée orientale jusqu’à la plaine gangétique[8]

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. Figurine dite de la « Dame aux fauves » de Çatal Höyük.

Figurine dite de la « Dame aux fauves » de Çatal Höyük (6000-5500 av. J.-C.) Musée des civilisations anatoliennes, Ankara, Turquie 5Wikimedia Commons°

On peut même aller plus loin et prolonger cette influence jusqu’aux rivages de l’extrême occident, puisqu’en Irlande on retrouve Anat sous une forme à peine changée avec Ana (ou Anna[9]), Anu, Dana, ou Don qui est la Déesse Mère des anciens Celtes. En Irlande, c’est la mère des dieux Dana, dont l’équivalent gallois est Dôn.

LES NOMADES DES STEPPES

À la fin du néolithique, des nomades venus des steppes du nord de la mer Noire (actuelle Ukraine et Russie) conquièrent l’Europe en moins de 500 ans. Ces nomades sont appelés Indo-Européens. Leur grande force est la domestication du cheval et l’introduction d’innovations technologiques comme la roue et le chariot. On ne sait pas encore si c’était des cavaliers ou si les chevaux servaient uniquement à tirer des chariots qui permettaient d’avancer rapidement sur de grandes distances. L’Europe est peuplée jusqu’alors des premiers fermiers venus d’Anatolie. Cependant le vieux-continent semble vivre un déclin juste avant l’arrivée des Indo-Européens puisque de grandes agglomérations de Bulgarie et des Balkans pouvant abriter jusqu’à 15 000 individus sont abandonnées subitement vers 3400 av. J.-C. D’après une étude de 2019, il semble que cet abandon soudain est dû à l’apparition de la peste qui décime la population. Ce qui laisse la place aux nouveaux conquérants. Il semble que ces nouveaux venus sont surtout des hommes[10], des jeunes guerriers formant des bandes qui ont colonisé un territoire et prenant femme parmi les autochtones, non sans avoir auparavant massacrés les hommes. C’est en tout cas ce que semble indiquer la génétique, les lignés masculines des fermiers européens disparaissent totalement remplacés par les gènes des conquérants.

CE QUE DIT LA GÉNÉTIQUE

La génétique appliquée aux mouvements des populations en Europe durant la Préhistoire est une science récente et les études se succèdent à un rythme accéléré. Si ces différentes études ne se contredisent pas sur l’essentiel elles permettent néanmoins d’affiner les analyses. Lorsque ces études sont sorties à partir de 2010 et plus encore à partir de 2015, les médias et les scientifiques se sont emparés du terme Yamnaya qui a commencé à remplacer le mot un peu plus ancien d’Indo-Européens. Or le terme Yamnayas désigne les porteurs de la culture Yamna (en russe et ukrainien : Ямная культура, « culture des tombes en fosse », du russe et de l’ukrainien яма, « fosse »). Cependant ce terme ne correspond pas au phénomène Indo-Européen dans sa totalité. Les Yamnayas ne représentent qu’une partie des Indo-Européens et les études les plus récentes[11] démontrent qu’ils ne sont les ancêtres que d’une partie des cultures qui se sont succédés en Europe. C’est pourquoi il faut rester prudent, mais pour résumer les dernières connaissances on peut avancer que les Indo-Européens qui ont envahi l’Europe à la fin du néolithique doivent être séparé en deux groupes génétiques distincts, l’haplogroupe R1a et l’haplogroupe R1b, ces derniers sont les fameux Yamnayas. Voir la signification du mot haplogroupe dans le glossaire en bas de page.

LE GROUPE R1a

L’haplogroupe R1a est à l’origine d’une des plus grandes cultures de l’Europe préhistorique, la culture de la céramique cordée. Elle doit son nom à ses poteries caractéristiques, décorées par impression de cordelettes sur l’argile crue (avant cuisson).

Annexe 16 La colonisation de l'Europe. Poteries de la culture de la céramique cordée

Poteries de la culture de la céramique cordée exposées au Museum für Vor- und Frühgeschichte (Berlin), env. 2500 avant notre ère (Wikimedia Commons).

Cette culture s’étend entre 3000 à 2200 av. J.-C. sur tout le nord de l’Europe continentale, de la Russie au nord-est de la France, en passant par la Scandinavie méridionale (où elle est désignée comme culture des tombes individuelles et plus au nord comme « culture des haches de combat »). Mis à part la céramique qui leur a donné le nom, et la hache de pierre polie par laquelle on désigne également cette culture, leur trait le plus frappant sont les sépultures et le traitement différencié des deux sexes. Les tombes sont plates ou surmontées d’un tumulus. Les corps reposent sur le dos ou sur le côté avec les jambes fléchies. Dans ce dernier cas, les hommes reposent sur le côté droit, tête vers l’ouest et visage vers le sud tandis que les femmes reposent sur le côté gauche, la tête tournée vers l’est et le visage vers le sud.

Carte montrant la répartition géographique des cultures de la céramique cordée (rouge), des amphores globulaires (orange), de Baden (violet) et Yamna (jaune)

Carte montrant la répartition géographique des cultures de la céramique cordée (rouge), des amphores globulaires (orange), de Baden (violet) et Yamna (jaune), v. 3200-2300 av. J.-C. La culture de Baden (des fermiers d’Anatolie) s’est effondrée sous la pression des Yamnayas. D’après l’Encyclopedia of Indo-European Culture. (Wikimedia Commons).

Il y a bien quelques porteurs de l’haplogroupe R1b au sein de cette population, mais ils restent fortement minoritaires. Les porteurs de la culture de la céramique cordée sont considérés par la majorité des spécialistes comme les locuteurs de dialectes indo-européens à l’origine des grandes langues attestées ensuite à l’époque historique dans ces régions : germanique, balte et slave. On trouve actuellement l’haplogroupe R1a plutôt en Asie centrale et occidentale, en Inde et dans les populations slaves d’Europe de l’Est.

Distribution de l'haplogroupe R1a en Europe

Distribution de l’haplogroupe R1a en Europe (Source : www.eupedia.com).

LE GROUPE R1b

Comme les Yamnayas, les porteurs de la culture campaniforme font partie du groupe R1b. D’ailleurs, le plus ancien squelette de l’haplogroupe R1b détecté en Europe occidentale appartient à la culture campaniforme. Cependant en génétique rien n’est simple et l’haplogroupe R1b comporte ce que l’on appelle des sous-clades (voir définition dans le glossaire en bas de page). Ce qui fait du R1b-M269 l’haplogroupe le plus courant Europe de l’Ouest.

Répartition géographique de l'haplogroupe R1b en Europe

Répartition géographique de l’haplogroupe R1b en Europe (Source : www.eupedia.com).

Les populations celtiques sont caractérisées par ces différents sous-groupes de l’haplogroupe R1b-M269 introduit en Europe par les migrations indo-européennes. Cependant on peut encore affiner la lecture génétique des populations de l’Europe de l’Ouest puisque R1b-M269 se décompose en deux sous-groupes R1b-P312 qui caractérise les peuples celtiques et R1b-U106 qui est une branche germanique apparue il y a environ 3 000 ans en Europe centrale ou en Frise et qui se trouve principalement autour de la Mer du Nord. Dans l’arbre Y-chromosome, R1b-U106 et R1b-P312 sont des haplogroupes frères. Mais revenons au R1b-P312, cet haplogroupe celtique se divise encore une fois en trois groupes : le R1b-L21, le R1b-S28/U152et le R1b-DF27. On peut dire que ces trois sous-groupes sont des fils de R1b-P312. Une étude de 2019 montre que ce sont les porteurs de la culture campaniforme qui ont disséminé les sous-groupes de l’haplogroupe R1b-P312 en Europe.

Voyons cela en détail.

LES TROIS BRANCHES CELTIQUES

R1b-L21 (apparue il y a environ il y a environ 4 500 ans dans le Sud de l’Allemagne) est un sous-clade de l’haplogroupe R1b et en représente la branche celtique atlantique. Ce sous-clade est particulièrement présent parmi les populations peuplant le Nord-Ouest de l’Europe.

Répartition géographique de l'haplogroupe R1b-L21 en Europe

Répartition géographique de l’haplogroupe R1b-L21 en Europe (Source : www.eupedia.com). Les plus fortes concentrations correspondent aux pays dans lesquels il existe encore de nos jours une langue celtique parlée. La coloration sombre de l’Islande est sans doute due au Vikings qui au Moyen Âge ont capturés des esclaves parmi les populations celtiques d’Irlande ou d’Écosse, qu’ils ont ensuite transportés dans leur nouvelle colonie d’Islande

LES CELTES DE L’ATLANTIQUE

Durant le IIIe millénaire avant notre ère, des populations originaires d’Europe centrale se sont déplacées vers l’Ouest en diffusant la culture campaniforme. D’après une étude publiée en 2021[12] portant sur la Bohême montre que tous les individus de la culture campaniforme étudiés appartiennent à l’haplogroupe R1b-P312. La majorité de ces individus font partie du sous-clade R1b-L2 à l’inverse des Campaniformes de Grande Bretagne qui sont à majorité du sous-clade R1b-L21, ce qui signifie que les Campaniformes de Grande-Bretagne et de Bohême ne sont pas descendants les uns des autres mais ont plutôt évolué en parallèle à partir d’une population ancestrale commune. Les auteurs de cette étude proposent que cette population ancestrale a vécu entre les deux régions peut-être au bord du Rhin avant de migrer à la fois vers l’est et vers l’ouest Une autre étude publiée en 2021[13] est encore plus précise et suggère l’émergence de la culture campaniforme en Alsace et les régions limitrophes, l’est de la France, le nord de la Suisse, le Bade-Wurtemberg. Cette région à la frontière de la France, de l’Allemagne et de la Suisse a produit des sépultures Campaniformes très ancienne comme Achenheim (2848-2470 av. JC) et Hégenheim (2832–2476 av. JC). La culture Campaniforme s’est ensuite diffusé le long du Rhin vers le Nord, le long du Danube vers l’Est et le long du Rhône vers le Sud.

LES CELTES ALPINS ET LEURS COUSINS ITALIQUES

R1b-S28/U152 est la branche italo-celtique R1b-P312 (apparue il y a environ 3 500 ans dans la région des Alpes). Comme son nom l’indique ce groupe de frères jumeaux se compose de deux entités qui sont identique génétiquement, mais qui se différencient linguistiquement. Avec d’un côté les langues celtiques, le gaulois notamment, de l’autre les langues italiques dont le représentant le plus connu est le latin.

Répartition géographique de l'haplogroupe R1b-S28 (U152) en Europe

Répartition géographique de l’haplogroupe R1b-S28 (U152) en Europe (Source : www.eupedia.com).

Cependant ces deux sous-groupes sont d’une parenté plus proche l’un à l’autre qu’ils ne le sont par rapport à leurs congénères indo-européens. Par exemple sur la fibule de Préneste, datée d’environ 600 av. J.-C., la déclinaison classique du masculin en -us typique de la langue latine était dans les temps ancien en -os comme on la trouve dans la langue gauloise.

La succession de quatre cultures étroitement liées : la culture des tumulus, la culture des Champs d’urnes, qui évoluera rapidement en la culture de Hallstatt (à partir de 1200 av. J.-C.) et finalement aboutira dans la culture de La Tène (à partir de 450 av. J.-C.) pose les bases de la culture celtique classique. Voir Saison 1 Épisode 13 L’origine des Celtes 1/4

L’expansion de la culture villanovienne (v. 1100-700 av.-C.) qui a des affinités étroites avec la culture des tumulus et des champs d’urnes est à l’origine des différentes cultures italiques (Latins, Osques, Ombriens etc.).

Jules César et Vercingétorix étaient, d’un point de vue génétique,  des frères… ennemis.

LES CELTIBÈRES

Et pour finir le R1b-DF27 qui est la branche gasco-ibérique de R1B-P312. La lignée est dans une large mesure associée aux mouvements campaniformes, celtiques et plus tard celtibères. Ce sous-clade est apparu relativement récemment, vers le début de l’âge du bronze européen (vers 2200 av. J.-C.), et est surtout répandu dans la population de la région des Pyrénées. Les régions où il a été principalement trouvé sont le Pays Basque, la Navarre, les Asturies, la Galice, le Portugal, l’Aragon, la Catalogne, les Pyrénées-Atlantiques ainsi qu’une certaine présence en Grande-Bretagne et en Irlande. Les sous-groupes de DF27 correspondent étroitement aux différents royaumes formés par les Celtibères.

Répartition géographique de l'haplogroupe R1b-DF27 en Europe

Répartition géographique de l’haplogroupe R1b-DF27 en Europe (Source : www.eupedia.com).

CONCLUSION

On peut remarquer qu’il existe génétiquement très tôt une différence entre les Celtes atlantique et ibériques et les Celtes alpins qui correspond relativement bien aux deux sous-groupes appelés complexe culturel atlantique et complexe culturel nord-alpin étudiés lors d’un article précédent. Voir Saison 1 Épisode 13 L’origine des Celtes 1/4

La linguistique propose également deux sous-groupes qui semblent correspondre aux complexes culturels atlantique et nord-alpin. Avec les langues celtes en « q », les langues gaéliques d’Irlande et d’Écosse et le celtibère et les langues en « p » comme le gaulois ou les langues brittoniques (gallois et breton). La migration des locuteurs de langues gaéliques vers les îles Britanniques a dû se faire à l’âge du bronze ancien (2100-1700 av. J.-C.), avant l’évolution de la langue celtique vers une forme en « p » Celle-ci est intervenue probablement au second millénaire avant J.-C., sans doute au nord des Alpes. Ce qui signifie que les locuteurs de langues brittoniques ont migré vers les îles britanniques que beaucoup plus tard au début de l’âge du bronze tardif (vers 1300/1200 av. J.-C.). Voir Annexe 17 Les langues celtiques.

©JPS2022 (Texte écrit en 2015, remanié en 2022)

ACCUEIL

GLOSSAIRE :

Haplogroupe : un haplogroupe désigne un groupe d’humains ayant un même ancêtre commun en lignée patrilinéaire ou matrilinéaire. Pour la génétique humaine, on étudie généralement les haplogroupes du chromosome Y (ADN-Y) et des haplogroupes de l’ADN mitochondrial (ADN mt). On peut employer les deux pour définir les populations génétiques. L’ADN-Y suit seulement la lignée patrilinéaire, alors que l’ADN mt suit seulement la lignée matrilinéaire. Les hommes disposent des deux types de marqueurs génétiques (ADN mitochondrial de la mère et chromosome Y du père) ; les femmes possèdent un seul type : l’ADN mitochondrial de la mère.

Sous-clade : en génétique, « ‘sous-clade »  » est un terme utilisé pour décrire un sous-groupe d’un haplogroupe.

Sources :

Thomas Cavaillé-Fol, Yamnayas : le peuple fantôme de l’Europe, Science&Vie, 2019. Consultable sur www.science-et-vie.com

Olivier Lemercier, Le Campaniforme et l’Europe à la fin du Néolithique, 2006, disponible sur halshs.archives-ouvertes.fr

Christian Jeunesse, Les statues-menhirs de Méditerranée occidentale et les steppes. Nouvelles perspectives, 2015, disponible sur www.academia.edu

Kristian Kristiansen, La diffusion préhistorique des langues indo-européennes : un modèle archéologique, 2010, disponible sur www.academia.edu

Bernard Sécher, Yamnayas, Cordés et Campaniformes en mouvement, 2021, disponible sur secher.bernard.free.fr

Volker Heyd, Yamnaya, Corded Wares, and Bell Beakers on the Move, 2021, disponible sur www.academia.edu

Iaroslav Lebedynsky, Les Indo-Européens, Éditions Errance, Paris, 2006.

Bernard Sergent, Les Indo-Européens, Éditions Payot et Rivages, Paris, 1995.

[1] Période intermédiaire entre le paléolithique, âge dans lequel les hommes sont exclusivement chasseurs-cueilleurs, et le néolithique qui voit l’arrivée d’un mode de vie sédentaire, l’homme devient agriculteur et éleveur. Le Mésolithique s’étend en Europe de 10000 à 5000 av. J.-C. environ.

[2] Chaque étape voit la création d’une nouvelle entité, ce qui fait que cette route vers l’occident est jalonnée de différentes cultures portant toutes des noms différents. Ce qui ne simplifie pas l’affaire.

[3] Ce nom provient du décor de la céramique réalisé avec des coquillages, le cardium.

[4] Déplacement de proche en proche en longeant les côtes.

[5] Le petit bétail peut être plus facilement transporté en pirogue que les bovins.

[6] Terme issu du décor en forme de ruban.

[7] Pourquoi cette distinction ? Parce que le mode de vie influe sur la religion. Les trois groupes, chasseurs-cueilleurs, fermiers méditerranéens et fermiers danubiens vénèrent tous les trois un dieu cornu, mais pour les premiers il porte des cornes de cerf, pour les seconds il porte les cornes d’un bouc et pour les troisièmes il porte les cornes d’un taureau. Le dieu aux bois de cerf du chaudron de Gundestrup indique les druides ont puisé dans une tradition iconographique qui remonte très loin dans le temps jusqu’à la Préhistoire.

[8] Mircea Eliade,  Histoire des croyances et des idées religieuses, Tome I, Éditions Payot, Paris, 2000,  p.169.

[9] Devenue Sainte Anne en Bretagne, mère de la Vierge Marie.

[10] D’après une étude de 2017, pour 14 hommes ayant quitté leur steppe natale, une seule femme les aurait suivis.

[11] Volker Heyd, Yamnaya, Corded Wares, and Bell Beakers on the Move, 2021, disponible sur www.academia.edu

[12] Luka Papac et al., Dynamic changes in genomic and social structures in third millennium BCE central Europe, Science Advances, Vol. 7, no. 35, 25 août 2021.

[13] Volker Heyd, Yamnaya, Corded Wares, and Bell Beakers on the Move, 2021, disponible sur www.academia.edu