LES DRUIDES ET STONEHENGE

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 20

Cette association longtemps ridiculisée revient en force grâce aux données fournies par le chaudron de Gundestrup. Les druides n’ont pas construit Stonehenge, mais sont les héritiers directs des constructeurs du monument.

STONEHENGE À TRAVERS LES ÂGES

LE TEMPLE DES SOLSTICES

Stonehenge est un monument mégalithique composé d’un ensemble de structures circulaires, érigé entre 3000 et 1600 environ avant J.-C., du Néolithique à l’âge du bronze. Le cercle de pierre est situé à treize kilomètres au nord de Salisbury, et à quatre kilomètres à l’ouest d’Amesbury (comté du Wiltshire, Angleterre). Au premier abord, le site semble orienté vers le solstice d’été. Cependant les recherches les plus récentes renforcent l’hypothèse que c’est le coucher du soleil au solstice d’hiver qui doit être considéré comme étant l’événement le plus important pour les premiers constructeurs de Stonehenge[1].

STONEHENGE ET LES DRUIDES. Coucher de soleil au milieu de l’hiver à Stonehenge

Coucher de soleil au milieu de l’hiver à Stonehenge, en Angleterre. La photo a été prise quelques jours après le solstice. © Simon Wakefield (Wikimedia Commons)

C’est lors de la grande nuit du solstice d’hiver, la nuit la plus longue de l’année, qu’est célébré la mort symbolique et la renaissance du soleil qui apporte vie, lumière et chaleur. À partir de cette nuit commence le cycle ascendant de la lumière.

PLAN DE STONEHENGE

Plan de Stonehenge

Plan du site de Stonehenge :

1. la pierre d’autel

2 et 3. Tumuli

4. la pierre de sacrifice

5. la « Heel Stone » (pierre talon)

6. deux des quatre « stations »

7, 8, 9. fossés, talus

10. l’« avenue » monumentale, qui mène à la rivière Avon, à trois kilomètres à l’est

11 et 12. les deux cercles de 30 trous « Y » et « Z »

13.  les 56 trous d’Aubrey

14. entrée secondaire.

Le monument (cromlech) est situé à l’intérieur du cercle 12 : les mégalithes de grès « sarsen » sont en gris, et les « pierres bleues » en bleu. (Source : Wikimedia Commons).

LES TROIS PHASES DE LA CONSTRUCTION DU MONUMENT

Vue d’ensemble sur les trois phases de construction principales du monument. Stonehenge I, II et III

Vue d’ensemble sur les trois phases de construction principales du monument. Stonehenge I, II et III (source inconnue)

STONEHENGE I (-3000/-2600 av. J.-C.)

L’aire sacrée est délimitée par une enceinte circulaire de 98 m de diamètre. Il existe également un petit talus extérieur, disparu de nos jours, et un fossé intérieur toujours visible. Près de ce dernier sont répartis les 56 trous d’Aubrey[2] dans un vaste cercle. À l’époque de la construction, des poteaux en bois étaient plantés dans ces cavités. Le fossé principal est interrompu par l’Avenue, accès au monument large de 12 m et orientée au nord-est. C’est dans son axe que se trouve à 30 m de l’entrée, la fameuse Heel Stone ou Pierre du Talon. La position de cette pierre levée est très particulière, c’est en effet elle qui indique pour l’observateur placé au centre du monument la direction du lever du soleil au solstice d’été[3]. Situés sur le cercle dessiné par les trous d’Aubrey, nous trouvons les quatre Stations Stones. Représentées par deux pierres et deux petits tumuli, leur disposition donne un rectangle parfait. Leur alignement semble indiquer les levers et couchers particuliers de la Lune et du Soleil.

LE TEMPLE DU DRAGON

Pourtant il y a un fait majeur pour la compréhension du site qui n’est que très rarement retenu par les commentateurs : la construction de Stonehenge commence sous le signe du Dragon. En effet, l’étoile Polaire de cette époque lointaine, alpha Draconis, se situe comme son nom l’indique dans la constellation du Dragon. Or, cet astre qui semble être un point fixe dans le ciel indique le Nord céleste, mais ce n’est pas tout, car le firmament dans son entier paraît tourner autour de cet axe central, telle une roue autour d’un moyeu. Un phénomène d’une telle importance ne peut qu’avoir retenu l’attention des astronomes de la Préhistoire et les a très certainement influencés. C’est donc effectivement l’ombre du dragon qui plane sur la première phase de ce site préhistorique.

STONEHENGE II (-2300/-2000 av. J.-C.)

Cette seconde phase marque l’arrivée des peuples de la culture campaniforme. C’est un vase en forme de cloche renversée qui a donné son nom à cette culture. Ces peuplades étaient non seulement de remarquables potiers, mais maîtrisait également l’art de la métallurgie ; ce qui leur a donné un avantage décisif sur les peuples de l’Âge de pierre. Outre les vases, deux objets caractéristiques les accompagnent dans la tombe : des pointes de flèches et un brassard d’archer. Ce sont eux qui construisent un double fer à cheval de 80 Blue stones. Ces pierres bleues proviennent du Pays de Galles à 250 km de Stonehenge, le transport s’est effectué par voie maritime puis fluviale, ce qui constitue un véritable exploit technique. Certains archéologues avancent l’hypothèse de pierres guérisseuses, faisant de Stonehenge un « Lourdes » préhistorique. Autour du site, la plaine de Salisbury forme une vaste nécropole. Au moment de Stonehenge I, les tombes sont des tumulus long, sorte de caveaux familiaux. Avec ces envahisseurs, les tombeaux lors de la phase II deviennent ronds et sont individuels. Il s’agit clairement d’un changement de mentalité et même de religion avec l’arrivée de ces nouvelles populations. Comme à Delphes, Apollon, le dieu des nouveaux arrivants[4], tue l’ancien maître du sanctuaire, le dragon[5]. C’est ainsi que les adeptes de la nouvelle religion prennent le contrôle du site de Stonehenge. Durant cette époque se déroule un autre événement majeur dans le ciel. La fin de l’ère du Taureau qui est représentée sur le chaudron de Gundestrup sous la forme du sacrifice du taureau céleste. Cet événement marque le début du calendrier druidique. Une nouvelle ère commence.

STONEHENGE III (-2000/-1200 av. J.-C.)

C’est l’époque de l’édification du grand Stonehenge.

Reconstitution de l'enceinte circulaire de Stonehenge.

La brillante civilisation du Wessex prend le relais de la culture campaniforme avec l’érection du célèbre cercle continu de trilithes formés de deux grands piliers surmontés de tenons dans lesquels s’insèrent des linteaux horizontaux. Les pierres bleues sont réemployées avec un cercle extérieur ainsi qu’un demi-cercle à l’intérieur des trilithes. L’espace central est occupé par un fer à cheval de cinq trilithes. Composé d’énormes blocs de sarsen (grès) d’une hauteur de 6 à 7.3 m et pesant chacun 25 tonnes, tandis que les linteaux pèsent 5 tonnes. Un travail de titan.

STONEHENGE ET LES DRUIDES. Enceinte circulaire de Stonehenge vue du ciel.

Enceinte circulaire de Stonehenge

LE CERCLE DES GÉANTS

Le cœur de Stonehenge est la pierre dite du sacrifice, seule debout au milieu de l’édifice. Cependant l’événement le plus important à Stonehenge n’est pas l’observation du solstice d’été comme le pensent les visiteurs du site qui se réunissent en masse pour assister au phénomène tous les 21 juin de chaque année. Pour les prêtres-rois de la Préhistoire, l’épisode le plus marquant de l’année était au contraire le solstice d’hiver, comme à Newgrange[6]. Pour cela le peuple se rassemblait autour de la Pierre Talon, à l’extérieur du cercle de pierre[7]. De cette position particulière, Stonehenge ressemblait à une muraille fermée. Seules deux ouvertures étaient visibles. Le soleil couchant du solstice d’hiver descendait dans le monument de pierre et illuminait alors une lucarne. La divinité solaire descendait ainsi une fois par an dans le temple et embrasait le site d’un vif éclat de couleur or. Spectacle garanti pour les observateurs. Mieux encore, la Lune descendante passait, elle aussi, une fois par mois par une lucarne et le disque d’argent scintillait dans toute sa splendeur vers les spectateurs. Ainsi, à partir de la pierre du Talon pouvait on observer le Soleil et la Lune descendre à intervalles réguliers dans le temple luni-solaire de Stonehenge[8].

UN PRÉCIEUX TÉMOIGNAGE

Or, Diodore de Sicile nous dit ceci (citant le géographe grec Hécatée de Milet) :

Puisque nous sommes arrivés à parler des contrées septentrionales de l’Asie, il ne sera pas hors de propos de dire un mot des Hyperboréens. Parmi les historiens qui ont consigné dans leurs annales les traditions de l’antiquité, Hécatée et quelques autres prétendent qu’il y a au-delà de la Celtique, dans l’Océan, une île qui n’est pas moins grande que la Sicile. Cette île, située au nord, est, disent-ils, habitée par les Hyperboréens, ainsi nommés parce qu’ils vivent au-delà du point d’où souffle Borée. Le sol de cette île est excellent, et si remarquable par sa fertilité qu’il produit deux récoltes par an. C’est là, selon le même récit, le lieu de naissance de Latone, ce qui explique pourquoi les insulaires vénèrent particulièrement Apollon. Ils sont tous, pour ainsi dire, les prêtres de ce dieu : chaque jour ils chantent des hymnes en son honneur. On voit aussi dans cette île une vaste enceinte consacrée à Apollon, ainsi qu’un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes ; la ville de ces insulaires est également dédiée à Apollon ; ses habitants sont pour la plupart des joueurs de cithare, qui célèbrent sans cesse, dans le temple, les louanges du dieu en accompagnant le chant des hymnes avec leurs instruments. Les Hyperboréens parlent une langue qui leur est propre ; ils se montrent très bienveillants envers les Grecs, et particulièrement envers les Athéniens et les Déliens ; et ces sentiments remontent à un temps très reculé. Ou prétend même que plusieurs Grecs sont venus visiter les Hyperboréens, qu’ils y ont laissé de riches offrandes chargées d’inscriptions grecques, et que réciproquement, Abaris, l’hyperboréen, avait jadis voyagé en Grèce pour renouveler avec les Déliens l’amitié qui existait entre les deux peuples. On ajoute encore que la lune, vue de cette île, paraît être à une très petite distance de la terre, et qu’on y observe distinctement des soulèvements de terrain. Apollon passe pour descendre dans cette île tous les dix-neuf ans. C’est aussi à la fin de cette période que les astres sont, après leur révolution, revenus à leur point de départ. Cette période de dix-neuf ans est désignée par les Grecs sous le nom de Grande année. On voit ce dieu, pendant son apparition, danser toutes les nuits en s’accompagnant de la cithare, depuis l’équinoxe du printemps jusqu’au lever des Pléiades, comme pour se réjouir des honneurs qu’on lui rend. Le gouvernement de cette ville et la garde du temple sont confiés à des rois appelés Boréades, les descendants et les successeurs de Borée[9].

La description d’une île située au nord dans l’océan au-delà de la Celtique avec une vaste enceinte et un temple rond semble correspondre à la Grande-Bretagne et ses monuments mégalithiques les plus emblématiques : Avebury et Stonehenge. Néanmoins ce texte nous pose un gros problème d’ordre chronologique parce que Diodore de Sicile, historien grec du Ier siècle av. J.-C. décrit des événements très ancien dont il ne peut pas être un contemporain puisque à son époque Stonehenge est déjà à l’abandon depuis au moins mille ans (vers 1100 av. J.-C.).

LES HYPERBORÉENS

Malgré tout ce passage nous donne plusieurs informations importantes. Par exemple que les habitants des îles britanniques de cette époque lointaine sont appelés Hyperboréens par les Grecs. Que les princes de la culture du Wessex qui régnaient sur le sud de l’actuelle Angleterre sont des rois dénommés Boréades. Que ces Boréades sont les desservants d’un dieu que les Grecs nomment Apollon. Que cette fonction sacerdotale fait d’eux des prêtres-rois. Que ces prêtres-rois sont des astronomes qui observent les mouvements des astres, du Soleil et de la Lune. Ensuite, que le dieu descend dans cette île tous les dix-neuf ans. Ce chiffre surprenant indique que les habitants de l’île connaissent le cycle de Méton (Période de 235 lunaisons (18.6 années pour être exact) au terme de laquelle les phases de la Lune se reproduisent aux mêmes dates du calendrier. L’auteur grec nous apprend également que le dieu est présent entre l’équinoxe de printemps et lever des pléiades. Diodore mentionne même un homme de cette époque dénommé Abaris qui a voyagé jusqu’en Grèce devenant ainsi ambassadeurs des Hyperboréens auprès des Grecs, notamment les Athéniens et les Déliens[10]. Que les Boréades, les fils de Borée le vent du Nord, ont aligné Stonehenge sur les solstices. Ce qui est encore vérifiable de nos jours. Que les cycles lunaires jouent également un grand rôle pour les habitants de l’île. Cet Apollon hyperboréen est le dieu des autochtones, ce n’est pas l’Apollon des Grecs (nous y reviendrons plus en détail lors du déchiffrement du chaudron de Gundestrup). Cependant comme l’Apollon grec qui a tué le serpent Python, gardien du temple de Delphes, le dieu hyperboréen a éliminé le dragon gardien du cercle de pierre britannique. Ce dragon (la constellation du Dragon) est resté le maître de Stonehenge pendant mille ans. Durant cette période il portait dans sa queue l’étoile polaire — centre du ciel étoilé autour de 2700 av. J.-C. Pour plus de détail voir ANNEXE 9 L’étoile polaire

L’APOLLON HYPERBORÉEN

Cependant la machinerie céleste continue de tourner au-dessus de nos têtes dans un ronde sans fin et le dragon a finalement perdu la suprématie sur les cieux lorsque l’étoile polaire s’est éloignée de lui. Or, le moment où le dragon céleste perd la souveraineté sur le ciel étoilé coïncide avec l’arrivée des premiers envahisseurs issu de la culture campaniforme. On peut avancer l’idée que l’Apollon hyperboréen est leur dieu principal. Les porteurs de la culture campaniforme sont des archers, les dépôts funéraires dans leurs tombes le prouvent et Apollon est lui aussi un archer.

STONEHENGE ET LES DRUIDES. Apollon tirant sa flèche, statère vers 420 av. J.-C., Crotone

Apollon tirant sa flèche, statère vers 420 av. J.-C., Crotone, Lucanie. Il est intéressant de noter que pour les grecs un dragon est un gros serpent. Voir ANNEXE 11 Le dragon

MONUMENTS MÉGALITHIQUES

Pour finir il faut revenir aux monuments que décrit Diodore de Sicile : une vaste enceinte dédiée à Apollon et un magnifique temple de forme ronde. Ce qui peut correspondre aux sites mégalithiques d’Avebury et de Stonehenge.

Le henge (un fossé circulaire entouré d'un talus) et les cercles de pierre d’Avebury.

Le henge (un fossé circulaire entouré d’un talus) et les cercles de pierre d’Avebury. Construit et modifié pendant la période néolithique, à peu près entre 2850 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., le henge comprend une partie du village d’Avebury. Dans le henge se trouve également le plus grand cercle de pierre de Grande-Bretagne qui à son tour entoure deux cercles de pierre plus petits. ©English Heritage

Le grand cercle de pierres d'Avebury

Le grand cercle de pierres d’Avebury comprenant à l’origine près de 100 menhirs, certains pesant plus de 40 tonnes et d’une hauteur variant de 3.6 m à 4,2 m. Wiltshire, Angleterre (CYB4C6, Francisco Martinez / Alamy Banque D’Images)

À quoi peut servir une énorme enceinte comme le henge d’Avebury ?

Reconstitution du henge d’Avebury

Reconstitution du henge d’Avebury (Source inconnue)

LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP

L’iconographie insistant sur le sacrifice du taureau du chaudron de Gundestrup et un texte de Platon peut nous aider à comprendre le fonctionnement d’un tel ensemble.

STONEHENGE ET LES DRUIDES. Plaque du fond du chaudron de Gundestrup.

Plaque du chaudron de Gundestrup. Le triple sacrifice du taureau.

Le sacrifice du taureau est un thème majeur sur le chaudron de Gundestrup. La plaque du fond forme l’élément central du récipient et sur une plaque intérieur une scène de sacrifice est répétée trois fois. Il s’agit du sacrifice du Taureau céleste lors d’un changement d’ère, mais comment s’imaginer le rituel entourant ce sacrifice dans le monde réel. C’est là qu’intervient le texte de Platon lorsqu’il décrit le sacrifice du taureau par les rois de l’Atlantide dans le Critias. Effaçons le mot Atlantide qui ne nous intéresse pas pour l’instant et gardons uniquement la scène des rois qui rendent justice après avoir capturé et sacrifié un taureau dans une enceinte sacrée. Ce genre de sacrifice était connu des Grecs et sans aucun doute des druides. Le déroulement en devait être le même.

UNE CORRIDA ANTIQUE

On lâchait les taureaux dans l’enclos sacré de Poséidon. Les dix rois, restés seuls, après avoir prié le Dieu de leur faire capturer la victime qui lui serait agréable, se mettaient en chasse, sans armes de fer, avec seulement des épieux de bois et des filets. Celui des taureaux qu’ils prenaient, ils le menaient à la colonne et l’égorgeaient à son sommet, comme il était prescrit. Sur la colonne, outre les lois, il y avait, gravé, le texte d’un serment qui proférait les anathèmes les plus terribles contre qui le violerait. Après donc qu’ils avaient effectué le sacrifice conformément à leurs lois et consacré toutes les parties du taureau, ils remplissaient de sang un cratère et aspergeaient d’un caillot de ce sang chacun d’eux. Le reste, ils le mettaient au feu, après avoir fait des purifications tout autour de la colonne. Ensuite, puisant du sang avec des coupes d’or dans le cratère, et le versant dans le feu, ils faisaient le serment de juger en conformité avec les lois inscrites sur la colonne […]. Puis il buvait le sang et remettait la coupe en ex-voto dans le sanctuaire du Dieu. Après quoi, il soupait et vaquait aux autres occupations nécessaires.

Quand l’obscurité était venue et que le feu des sacrifices était refroidi, tous revêtaient de très belles robes d’azur sombre et ils s’asseyaient à terre, dans les cendres de leur sacrifice sacramentaire. Alors, dans la nuit, après avoir éteint toutes les lumières autour du sanctuaire, ils jugeaient et subissaient le jugement, si l’un d’eux en accusait un autre d’avoir commis quelque effraction. La justice rendue, ils gravaient les sentences, le jour venu, sur une table d’or, qu’ils consacraient en souvenir, ainsi que leurs robes[11].

Platon évoque un enclos sacré dans lequel sont lâchés des taureaux. Le site d’Avebury se prête très bien à une corrida de ce genre. Les dix rois chassent les animaux et en capturent un qu’ils égorgent ensuite. Ils recueillent le sang de l’animal dans un grand récipient. Cette chasse au taureau devait être un grand spectacle et une immense foule pouvait prendre place sur le talus entourant l’enceinte sacrée.

Le jallikattu est une fête qui fait partie de la tradition tamoule du sud de l'Inde

Le jallikattu est une fête qui fait partie de la tradition tamoule du sud de l’Inde, également connu sous le nom de Manju Virattu (chasse du taureau) Le participant s’accroche à l’animal et l’embrasse, il faut préciser qu’il n’y a pas mise à mort du taureau. Le taureau étant la monture sacrée du dieu Shiva. Alanganallur, Madurai, Inde. (Wikimedia Commons).

Seul des rois ou des prêtres peuvent pénétrer dans l’enclos sacré du dieu. Ensuite les rois boivent le sang du taureau et rendent justice.  À noter, l’évocation d’une colonne qui indique que c’est bien symboliquement le taureau céleste que l’on sacrifie au sommet du pilier cosmique. Sur un bas-relief de Trèves, une tête de taureau se trouve dans l’arbre cosmique.

Bas-relief de Trèves, face latérale d'une stèle dédiée à Mercure.

Bas-relief de Trèves, face latérale d'une stèle dédiée à Mercure.

Bas-relief de Trèves, face latérale d’une stèle dédiée à Mercure. (Rheinisches Landesmuseum, Trier, Allemagne)

César nous dit que ce sont les druides qui président aux sacrifices et qui rendent justice. (César, Guerre des Gaules, Livre VI, 13). D’après un texte de Pline (Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XVI, 249-251), c’est lors de la cueillette du gui que les druides portent des vêtements blancs et sacrifient deux jeunes taureaux blancs. Des robes bleu nuit pour les prêtres-rois atlantes, des vêtements blancs pour les druides.

LA ROUE DU TEMPS

La fin de Stonehenge semble liée à une réforme calendaire. Vers 1180 av. J.-C. soit à la moitié de l’ère du Bélier (-2260 à -100) l’Apollon hyperboréen doit céder sa place à son frère jumeaux. Le règne de chacun des Dioscures s’étend sur la moitié d’une ère. C’est pourquoi Stonehenge en tant que sanctuaire de l’Apollon hyperboréen perd sa raison d’être et le site est petit à petit délaissé pour finir par tomber en ruine. Cette réforme calendaire est représentée symboliquement sur le chaudron de Gundestrup par une scène au cours de laquelle le dieu père, maître du temps, remet à son fils le nouveau calendrier sous la forme d’une roue à huit rayons (les huit grandes fêtes du calendrier celtique).

Plaque du chaudron de Gundestrup. Le dieu à la roue.

Cependant à partir de cette époque ce sont les fêtes lunaires (Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad) qui seront plus importantes que les fêtes solaire (solstices d’été et d’hiver, équinoxes de printemps et d’automne) en honneur du nouveau dieu. Le dieu cornu qui porte des cornes de taureau au Printemps et des bois de cerf en Automne.

Le dieu Cernunnos sur le chaudron de Gundestrup.

Le dieu Cernunnos sur le chaudron de Gundestrup. © Nationalmuseet, Roberto Fortuna og Kira Ursem

L’Apollon Hyperboréen est ensuite tombé dans l’oubli puisque l’on ne retrouve aucune trace de ce dieu chez les Celtes. Vraiment ?

En fait ce dieu est partout sauf qu’il n’a pas été reconnu en tant que tel puisque ses noms sont innombrables et son apparence est multiforme. C’est grâce à l’astronomie et au chaudron de Gundestrup que nous allons retrouver sa trace. Une partie de la Saison II sera consacrée à la réhabilitation de cette divinité mystérieuse.

CONCLUSION

La population de la Grande-Bretagne durant les âges du cuivre et du bronze semble vénérer un dieu tueur de dragons et leurs prêtres-rois sont appelés Boréades. Or en suivant la logique des articles précédents si les individus porteurs de la culture campaniforme sont les premiers Celtes c’est donc parmi les Boréades qu’il faut chercher les ancêtres des druides. Ces Boréades sont les héritiers du savoir astronomique et de la religion des premiers constructeurs de Stonehenge. Notamment le culte majeur des Dioscures que l’on retrouve sur le chaudron de Gundestrup et qui ne correspond pas aux croyances des anciens Indo-Européens pour lesquels les jumeaux divins sont des divinités mineures. L’héritage du culte des Dioscures est un élément fondamental du druidisme. Sans cet apport atlantique du culte des Dioscures et la nature mixte du druidisme le chaudron de Gundestrup ne peut pas être décrypté et la religion des druides restera pour toujours un mystère pour nous.

Les Celtes qui habitent les bords de l’Océan vénèrent surtout les Dioscures ; et que, selon la tradition de ces mêmes habitants, ces dieux arrivèrent anciennement par l’Océan[12].

©JPS2021(Texte écrit en 2015 remanié en grande partie en 2021)

ACCUEIL

[1] Un preuve dans ce sens a été fourni par des restes sacrificiels retrouvés à proximité de Durrington Walls, une grande enceinte complémentaire de Stonehenge, dont l’analyse a montré que les bêtes avaient été abattues en décembre ou janvier de chaque année.

[2] Une des nombreuses théories veut que ces trous servent à la prédiction des éclipses de Soleil et de Lune.

[3] Il semble que cette pierre avait une sœur jumelle à sa gauche, c’est donc la visée du centre du monument entre les deux pierres qui indique le solstice. Wolfhard Schlosser/Jan Cierny, Sterne und Steine, Darmstadt, 1996, p.83.

[4] Les archéologues ont retrouvé la tombe d’une de ces nouveaux arrivants. Appelé l’archer d’Amesbury, l’homme était originaire des régions alpines, Suisse, Autriche ou sud de l’Allemagne.

[5] À cause de la précession des équinoxes les étoiles changent de position au cours des millénaires. Au bout d’un certain temps alpha Draconis ne correspondait plus au pôle Nord céleste. Le dragon est jeté de son trône, ce drame dans le ciel coïncide avec l’arrivée de nouvelles peuplades qui imposent un culte solaire.  Les autochtones n’avaient d’autre choix que d’accepter le message envoyé par les étoiles et de se soumettre au dieu des vainqueurs.

[6] Le monument mégalithique irlandais est orienté sur le lever du soleil au solstice d’hiver. Chaque année, le jour du solstice d’hiver (le 21 décembre), le soleil pénètre directement dans la chambre centrale pendant à peu près 15 minutes.

[7] Personne, hormis peut-être le grand prêtre, ne se serait placé dans le Saint des saints pour regarder du centre vers la pierre du Talon. Le sanctuaire est réservé aux dieux et interdit au commun des mortels.

[8] Ces constatations sont tirées du documentaire Stonehenge, Sternenkult der Steinzeit, diffusé sur la chaine Phoenix, avec les commentaires du Dr. Lionel Sims, anthropologue, University of East London et le Professeur Barry Cunliffe, archéologue, Oxford University.

[9] Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Livre II, 47, Traduction F. Hoefer, Charpentier, Paris, 1846.

[10] Délos était l’un des lieux sacrés les plus renommés et les plus fréquentés de la Grèce antique, considérée comme l’« île sacrée d’Apollon », l’endroit où le dieu est censé être né.

[11] Platon, Critias, 119d-120c, Traduction A. Rivaud, Éditions Les Belles Lettres, Paris, 1956.

[12] Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, IV, 56, 4).

Pour en savoir plus:

Stonehenge — Wikipédia (wikipedia.org)