LES BATEAUX DE L’ÂGE DU BRONZE

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 22

Durant la préhistoire apparaissent des bateaux capables d’affronter l’océan.

LES VOIES DE COMMUNICATIONS

La culture campaniforme (2600-1900 av. J.-C.) se distingue des autres sociétés de la Préhistoire par un vaste réseau social et commercial qui couvre toute l’Europe de l’Ouest. Colonisant les rivages de la mer du Nord et de l’Atlantique, du Jutland jusqu’au Portugal en passant par les îles britanniques, sans oublier l’intérieur des terres en remontant les fleuves. Cette culture s’est étendue jusqu’aux côtes et îles méditerranéennes de l’Espagne jusqu’à l’Italie.

LES BATEAUX DE L’AGE DU BRONZE. Carte de l’Europe campaniforme.

Carte de l’Europe campaniforme. © Olivier Lemercier.

Pour maintenir un lien entre les différentes communautés, il faut des voies de communications. Pour cela les porteurs de la culture campaniforme utilisent la navigation tant fluviale que maritime. Hélas, ce sont des navigateurs sans bateaux. Puisqu’il n’existe malheureusement pas de vestiges archéologiques de bateaux de cette époque. Cependant grâce à des dépôts sans doute liés à un rituel — le bateau étant déposé comme le chaudron de Gundestrup dans un lieu sacré en offrandes aux dieux — les archéologues ont découvert quelques navires de l’âge du bronze. C’est-à-dire seulement quelques centaines d’années après la présence de la culture campaniforme. Surprise ! ces bateaux retrouvés dans les îles britanniques sont relativement grands, une dizaine de mètres de long, capables de naviguer en mer et pouvant transporter jusqu’à deux tonnes de fret. Les bateaux sont composés de plusieurs planches assemblées suivant une technique appelée « à bords cousu ». Le principe est d’attacher ensemble les planches de la coque avec des cordes. Ces dernières passent à travers des trous pratiqués dans les planches, d’où ce nom de « cousu ». La technique d’assemblage demande un savoir-faire certain en matière de charpente en bois. Ce genre de technique élaborée suppose non seulement la transmission d’un savoir-faire dans le domaine de la construction navale sur des générations, mais également la transmission d’un savoir sur de longues distances. C’est en tout cas ce que semble indiquer la découverte d’un autre bateau de l’âge du bronze, l’épave de Zambratja près des côtes de l’Istrie (Croatie) daté entre le XIIe et le Xe siècle av. notre ère. L’embarcation a été fabriquée suivant les mêmes techniques de constructions que les navires des îles britanniques. À cinq cents mètres environ de l’épave, les archéologues ont identifié une zone d’un hectare environ, où des pieux en bois émergent du fond de l’eau, à quatre mètres de la surface. Les analyses préliminaires ont montré qu’il s’agissait peut-être de restes d’habitations sur pilotis.

LES BATEAUX DES ÎLES BRITANNIQUES

Les plus anciens bateaux retrouvés en Europe par les archéologues sont les bateaux de Ferriby découverts en 1937 sur la rive nord de l’Humber, à proximité de North Ferriby, dans le Yorkshire de l’Est, en Angleterre. Ce sont cinq bateaux de l’Âge du bronze et de l’Âge du fer, datés de 1900 à 400 av. J.-C. Le plus ancien des bateaux appelé Ferriby no 1 (1880 – 1680 av. J.-C.) devait mesurer près de 13 m de long pour une largeur 1,67 m. Les navigateurs de cette époque n’utilisaient pas de voile pour se déplacer, mais uniquement des pagaies pour propulser le bateau. La découverte d’artéfacts métalliques ainsi que de l’ambre montrent que ces navires devaient traverser la mer du Nord pour le commerce.

LES BATEAUX DE L’AGE DU BRONZE. Reconstitution hypothétique d’un bateau Ferriby.

Reconstitution hypothétique d’un bateau Ferriby. (Illustration Roger Waites).

UNE DÉCOUVERTE EXCEPTIONNELLE

Le bateau de l’âge du bronze mis au jour en 1992 lors de fouilles consécutives à des travaux routiers à Douvres en Angleterre. Daté de 1575-1520 av. J.-C., c’est l’un des bateaux maritimes les plus anciens d’Europe et le mieux préservé pour cette époque.

Vue du bateau en 1992 après son dégagement. © Canterbury Archaeological Trust.

Vue du bateau en 1992 après son dégagement. © Canterbury Archaeological Trust.

Privé de sa proue le bateau atteint en l’état 9,5 mètres de long pour une largeur de plus de 2,2 m. le reste du navire étant impossible à dégager puisqu’il se trouve sous un immeuble. Les spécialistes en construction navale estiment que la longueur initiale du bateau devait être de dix-huit mètres environ. Dépourvu de voile, il était également propulsé par des pagaies maniées par un équipage de seize hommes et pouvait atteindre, en moyenne, une vitesse de l’ordre de cinq nœuds. La capacité de charge de ce bateau est estimée à deux tonnes environ. La structure principale est faite de quatre planches principales en chêne et les planches latérales incurvées ont été ligaturées à la partie inférieure du bateau à l’aide de branches d’if torsadées, suivant la technique « à bords cousu » évoquée plus haut.

LES BATEAUX DE L’AGE DU BRONZE. Bateau de l’âge du bronze de Douvres (1575-1520 av. J.-C.).

Bateau de l’âge du bronze de Douvres (1575-1520 av. J.-C.). © Dover museum. (Wikimedia Commons).

Le bateau de Douvres représente la première preuve tangible de navigation maritime dans les eaux de la Manche et de la mer du Nord. Par ailleurs les échanges sur de longues distances sont attestés par des importations de matériaux très spécifiques comme l’ambre de la Baltique que l’on retrouve à l’âge du bronze des deux côtés de la Manche.

Les Celtes de l’âge du fer du nord de la Gaule et des iles britanniques n’ont eu qu’à suivre les anciennes voies maritimes de l’âge du bronze pour continuer le commerce de l’ambre et ainsi d’entrer en contact avec les Cimbres du Jutland.

©JPS2021

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Image mise en avant:

Gravure sur roche d'un bateau de l’âge du bronze, Tanum (Suède)

Gravure sur roche d’un bateau de l’âge du bronze, Tanum (Suède)

Source:

Wikipedia: Dover boat and Ferriby boats.

Anne Lehoërff, L’âge du bronze en Manche et Mer du Nord. Vingt ans d’études, des découvertes archéologiques à la réalisation du projet européen « boat 1550 bc ». In : Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 159e année, N. 1, 2015. pp. 195-214, disponible sur www.persee.fr