ORION ET MITHRA
LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 7
L’étrange ressemblance entre le dieu qui figure sur la plaque du fond du chaudron de Gundestrup et Mithra, un dieu d’origine iranienne. Pourtant les différences sont également nombreuses.
LES ÉLÉMENTS ENTOURANT ORION
Le portrait-robot du dieu Orion se précise au fil des articles.
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Le combat contre un taureau
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La présence d’un chien
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Orion est armé d’une épée
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Orion affronte un adversaire triple
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Le héros est lui aussi triple
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Une massue
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Une peau de lion
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Orion est le « père des Celtes »
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Orion est un archer et ses attributs sont l’arc et le carquois
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Orion conduit les âmes des morts
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Orion est un chasseur
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Orion porte un vase
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Un maillet
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Trois pommes
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Une serpe
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La présence de deux corbeaux
Ces éléments entourent toujours plus ou moins explicitement cette divinité méconnue. Parfois un ou plusieurs de ces attributs sont accolés au personnage. Tous ces éléments sont indispensables pour identifier Orion sous des traits parfois méconnaissables. Qui aurait pu penser, sans l’apport de ces éléments, que le Hercule gaulois et Sucellus, deux divinités si dissemblables, sont les avatars d’une seule et même entité : Orion.
Le dieu Orion dans son combat contre un taureau est un des éléments mis en avant dans cet article. La ressemblance de la plaque du fond du chaudron de Gundestrup avec les monuments dédiés à Mithra sur lesquels on peut voir le dieu sacrifier un taureau a déjà été étudié dans un article précédent. Il existe certes quelques ressemblances entre les deux, mais également un grand nombre de différences. C’est pourquoi, on peut dire qu’il n’y a pas d’influence directe du Mithraïsme sur le druidisme, mais plutôt un emprunt à une source commune : le ciel étoilé. Voir à ce propos SAISON 1 ÉPISODE 5 Chaudron de Gundestrup et astronomie
Plaque du fond du chaudron de Gundestrup, au centre le Taureau céleste (constellation du Taureau), en haut Orion et son chien (Constellation du Grand Chien), en bas au centre la constellation du Dragon et à sa droite, à peine visible, la constellation de la Petite Ourse. Cet ensemble de constellations donne une date, 2260 av. J.-C. et montre un évènement que les druides ont observé dans le ciel étoilé. © Copenhague, Nationalmuseet. Pour plus d’informations voir SAISON 1 ÉPISODE 5 Chaudron de Gundestrup et astronomie
La symbolique de Mithra est très riche, cependant voici la définition du dieu iranien réduit à sa plus simple expression. « Mithra tue un taureau ».
Mithra sacrifiant un taureau, Marbre. Vers 390. Saïda (Liban) – Sidon, province de Syrie-Phénicie. Musée du Louvre, Département des antiquités orientales. Photo : Musée du Louvre (distr. RMN-Grand Palais / Franck Raux).
Trois autres éléments importants enrichissent la composition : un chien, un serpent et un scorpion.
LA CLEF DU MYSTÈRE
Certains auteurs ont avancé l’idée que Mithra représente le soleil qui traverse différentes constellations du zodiaque. Théorie qui a été rejetée depuis puisqu’elle ne correspond pas aux positions des constellations dans le ciel étoilé[1]. Cependant la présence du chien nous indique une autre voie : celle d’Orion.
Ainsi, il faut lire le monument de la façon suivante : Orion/Mithra accompagné par son chien sacrifie le Taureau céleste. La même image est représentée sur le chaudron de Gundestrup. Il serait trop long d’expliquer la signification du serpent. Ce que l’on peut dire, c’est que dans la religion des Étoiles, le serpent et le chien sont la représentation sous forme animale de deux personnages importants. Il faudra y revenir lors d’un article consacré à la religion stellaire des druides. Le scorpion est la figuration de la constellation du même nom. Il faut tout de même signaler que le scorpion n’est pas absent des mythes consacrés à Orion. Puisqu’une divinité (Apollon, Artémis, Héra ou encore Gaïa selon les auteurs) envoie un scorpion pour tuer Orion. Voir également : SAISON 2 ANNEXE 10 Orion et mythologie
DEUX MYSTÉRIEUX CORBEAUX
Autre sujet d’étude principal de cet article sont les oiseaux qui accompagnent Mithra.
C’est sur une magnifique broche en bronze montrant Mithra sacrifiant le taureau céleste que l’on peut découvrir de nouveaux éléments pour avancer dans cette enquête. Outre les habituels chien et serpent, il est également entouré d’autres animaux. Un coq, et surtout par deux corbeaux.
Broche en bronze gravée représentant la tauroctonie. Ostie, v. 50-100 ap. J.-C. Ashmolean Museum.
La présence de ces deux corvidés rappelle le dieu gaulois Sucellos qui sur une stèle gallo-romaine est représenté en compagnie de deux corbeaux posés sur ses épaules. Voir SAISON 2 ÉPISODE 6 Sucellus le dieu au chien
Dieu aux oiseaux, sculpture gallo-romaine, Calcaire à grain fin. Haut. 35,5 cm., Moux conservé au musée archéologique de Dijon (Wikimedia Commons).
Comme Mithra, Sucellus est accompagné par son fidèle chien et par deux corbeaux.
Il existe d’autres œuvres figurant Mithra sur lesquelles les corbeaux sont présents. Par exemple, sur un relief mithriaque du Musée de Strasbourg. Le choix s’est porté sur cette reconstitution d’un relief reprenant la scène du sacrifice du taureau parce que les deux corbeaux sont bien visibles d’un côté et de l’autre de la scène centrale.
Relief mithriaque avec couleurs originales (reconstitution), c. 140 CE–160 CE; d’Argentoratum. Musée archéologique de Strasbourg.
Tous les éléments habituels sont bien présents autour de Mithra, le chien, le serpent, le scorpion et les deux corbeaux. Cependant, c’est un autre objet qui fait déjà partie des éléments entourant le dieu Orion qui va retenir l’attention : il s’agit du vase qui fait également parti des accessoires qui caractérisent Sucellos.
Statuette du dieu gaulois Sucellus, Sauvat, Tour-sur-Rhône, Bouches-du-Rhône, France – II ou III -ème siècle ap. J.-C. – bronze, Musée des Antiquité Nationale St-Germain-en-Laye. (Wikimedia Commons).
LE VASE DU SACRIFICE
Sous la scène du sacrifice du taureau, il faut noter la présence d’un vase pour recueillir le sang du bovidé. Ce récipient est appelé sphageion chez les Grecs. Dans un article précédent nous avons proposé de voir dans le chaudron de Gundestrup un de ces objets rituels. Voir à ce propos SAISON 1 ÉPISODE 2 Les mystères du chaudron de Gundestrup
Dans la plupart des représentations de Sucellos, le dieu tient dans une main, un récipient.
Relief du Silvain gaulois sur un autel nîmois. Le dieu porte son maillet et son olla distinctifs. Un chien se trouve à son côté. (Musée archéologique de Nîmes)
Après ce que nous avons vu, on peut se poser la question suivante. Ce vase contient-il le sang du taureau sacrifié ?
C’est ce que nous allons étudier dans un article à venir. Voir SAISON 2 ÉPISODE 16 Orion et Esus
LE MESSAGER DES DIEUX
Il faut revenir au corbeau, souvent représenté seul, que l’on retrouve la plupart du temps au-dessus de la cape du dieu et qui est interprété comme le messager du dieu Sol (le Soleil figuré sous forme humaine). C’est une possibilité.
Le corbeau en haut à gauche. Fresque du mithraeum de Marino (Italie), IIe siècle. (Wikimedia Commons).
Mais comment expliquer la présence des deux volatiles ?
Comme souvent en mythologie, il y a plusieurs niveaux de lectures. Une interprétation extérieure, la plus évidente, et un sens caché. Ces corbeaux sont d’une importance primordiale puisqu’ils nous ouvrent une voie vers un autre personnage éminent de la mythologie celtique : Brennos, autre avatar du dieu Orion.
Sous les deux oiseaux se trouvent deux têtes de part et d’autre de la scène du sacrifice, l’une imberbe, l’autre barbue. Ce qui rappelle une autre plaque du chaudron de Gundestrup.
Encore plus bas dans le tableau, deux personnages tenant des torches, celui de gauche la tend vers le bas, celui de droite vers le haut.
Ils s’agit des dadophores, ce qui signifie « porteurs de torches ». Cautès est celui qui tient la torche vers le haut et Cautopatès vers le bas. La symbolique de ces personnages est complexe et il faudra sans aucun doute y revenir. Pour faire simple celui dont la torche est orientée vers le haut symbolise le soleil levant, l’autre le soleil couchant.. Mais ils symbolisent également, l’un l’équinoxe de printemps quand la lumière prend le dessus au détriment des ténèbres, l’autre symbolise l’équinoxe d’automne lorsque la lumière baisse et que les jours deviennent plus courts.
Il semble que la ligne de gauche : le corbeau, la tête seule et l’homme tenant la torche ne forme qu’un seul et même personnage. Même chose pour la ligne de droite. L’artiste qui a réalisé ce relief a puisé dans tout son répertoire d’éléments symbolique pour composer la scène entourant Mithra. Alors qu’il n’en suffit souvent d’un seul. Pour exprimer son idée il lui aurait suffit de représenter les corbeaux seuls ou uniquement les têtes ou encore les porteurs de torches.
L’artiste ayant conçu la stèle du dieu aux oiseaux n’a retenu que la variante avec les corbeaux.
Et l’on peut encore aller plus loin. Grâce au répertoire d’images à la disposition des artistes. Le concepteur de la plaque des trois taureaux aurait pu exprimer la même idée avec des éléments différents. Au lieu des deux hommes autour du personnage central, il aurait pu représenter le personnage central accompagné par deux corbeaux.
C’est cette interprétation qu’a retenue l’artiste qui a représenté le sacrifice du taureau sur cette broche en bronze.
Broche en bronze gravée représentant la tauroctonie. Ostie, v. 50-100 ap. J.-C. Ashmolean Museum.
Il y a également le niveau de lecture astronomique. Les deux corbeaux symbolisent deux personnages. Or, dans le ciel étoilé, il y a effectivement dans l’entourage proche d’Orion deux personnages qui accompagnent Orion durant sa course céleste. Il s’agit des Gémeaux (Gemini) deux frères jumeaux que les grecs ont appelé les Dioscures, Castor et Pollux, et qui dans le Mithraïsme portent le nom générique de Dadophores, les porteurs de torches, Cautès et Cautopatès.
En rouge, la constellation d’Orion (Orion), en haut à gauche les Gémeaux (Gemini) D’après la carte céleste Sirius, Éditions Freemedia, Berne.
Un druide, en bon astronome, pourrait interpréter la plaque des trois taureaux par la formule suivante : Orion entouré par les Gémeaux sacrifie le triple taureau céleste.
Plaque du triple sacrifice du taureau. Orion reste le personnage central vêtu de son justaucorps ce qui le distingue des jumeaux qui sont torse nu et portent une culotte. © Copenhague, Nationalmuseet.
CONCLUSION
Il faut encore une fois le répéter, le mithraïsme n’a pas influencé le druidisme, les différences sont trop nombreuses. Cependant, les deux religions ont puisé à la même source en utilisant les mêmes données astronomiques : les constellations d’Orion (Orion), du Taureau (Taurus) et du Grand Chien (Canis Major) et les Gémeaux (Gemini). Cependant la compagnie des Gémeaux n’est pas l’apanage unique d’Orion puisque l’on retrouve les deux jumeaux aux cotés du Maître des animaux, Cernunnos.
Les Dioscures entourant le dieu cornu, Autel de Vandoeuvres, Musée de Chaateauroux, Musée Bertrand.
Gémeaux qui peuvent parfois prendre l’apparence de dieux connus. Comme par exemple sur cette œuvre mettant en scène Cernunnos, le dieu cornu entouré par Apollon et Mercure.
Stèle de Reims, le dieu cornu entre Apollon et Mercure, 1er siècle, Musée Saint-Remi, Reims.
C’est pourquoi ces deux personnages n’entrent pas dans la liste des éléments qui caractérisent Orion.
©JPS2023
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Prochain article : SAISON 2 ÉPISODE 8 Orion et Brennus
[1] Il faut dire que Sol, le Soleil sous sa forme anthropomorphe est souvent représenté à coté de Mithra. Celui-ci ne peut donc pas être le Soleil personnifié.
Pour en savoir plus sur Mithra : Culte de Mithra — Wikipédia (wikipedia.org)