CERNUNNOS ET LE SERPENT COSMIQUE

LES DRUIDES SAISON 3 ÉPISODE 1

Comme Orion, figure majeure du panthéon celtique, Cernunnos figure également dans le ciel étoilé sous la forme d’une constellation.

ORION

La Saison 2 est en grande partie consacrée à une constellation extraordinaire du firmament : Orion. Une figure divine qui apparaît sous de nombreuses identités dans le panthéon celtique : Hercule gaulois, Ogmios, Sucellus, Esus ou encore Lug. Chacune de ces divinités ayant une fonction spécifique.  Orion sert également de modèle pour plusieurs héros de la mythologie celtique Tristan ou Brennus, héros dont les exploits préfigurent la Quête du Graal. Cette présence d’Orion va bien au-delà de la matière celtique puisque cette constellation sert aussi de modèle au héros mésopotamien Gilgamesh, au dieu iranien Mithra ou encore au dieu grec Apollon. Orion, comme un diamant, présente de nombreuses facettes. Il semble donc logique que son alter ego, le Maître des animaux, qui est à la fois son frère jumeau, son adversaire et rival pour la royauté sur le monde des dieux bénéficie également d’une image dans le ciel étoilé.

LE MAÎTRE DES ANIMAUX

La Saison 3 sera consacrée à Cernunnos (dont le nom est prononcé Kernunnos), également appelé le Maître des animaux puisqu’une de ses images les plus célèbre provient du chaudron de Gundestrup qui le montre entouré d’animaux.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Le dieu Cernunnos avec des bois de cerf.

Le dieu Cernunnos avec des bois de cerf. Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré. (Nationalmuseet de Copenhague) (Wikimedia Commons).

Pour mieux connaître cette divinité, il faut décrypter cette étrange image qui montre un dieu portant des bois de cerf qui est assis en tailleur et tenant un torque dans une main et un serpent de l’autre. Le dieu est entouré par quatre animaux : un taureau, un grand cerf, une lionne et un loup. À noter que la lionne contrairement aux trois autres animaux ne se tourne pas vers le dieu. D’autres motifs ornent cette plaque, mais ne seront pas décrit dans cette étude. Cet extraordinaire bestiaire forme ce que l’on appelle dans la mythologie indienne, le vâhana. Ce dernier est un être qui sert de monture ou de véhicule à une divinité. Le vâhana est souvent un animal, parfois réel, parfois fabuleux. Ainsi le véhicule de Shiva est le taureau blanc Nandi et celui du dieu Vishnou, un homme-oiseau appelé Garuda, considéré comme le roi des oiseaux.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Le dieu Shiva et ses principaux symboles, le taureau Nandi, le cobra autour du cou, la Lune dans les cheveux, le trident et à l'avant-plan le lingam.

Le dieu Shiva et ses principaux symboles, le taureau Nandi, le cobra autour du cou, la Lune dans les cheveux, le trident et à l’avant-plan le lingam. Source : India Crafts.

Cependant cela va bien au-delà d’un simple moyen de transport puisque dans l’iconographie, le vâhana est à la fois le symbole et l’emblème du dieu qu’il porte. Aux époques anciennes, le vâhana est également la forme animale que peut prendre la divinité. Ainsi Cernunnos peut prendre l’apparence d’un serpent, d’un taureau ou d’un loup. Le dieu peut parfois emprunter les caractéristiques d’un animal. Comme sur l’image du chaudron de Gundestrup, sur laquelle Cernunnos arbore de magnifiques bois de cerf. Cependant le dieu est souvent représenté sous forme anthropomorphe en compagnie de son animal fétiche. Ce qui sort de l’ordinaire avec Cernunnos, c’est qu’il a plusieurs animaux véhicules. Sur le chaudron de Gundestrup, il y en a, outre le serpent, le taureau et le cerf, également le dragon, ainsi que le cheval qui se décline en cheval ailé sur une des plaques. La plupart de ces animaux sont des constellations qui figurent dans le ciel étoilé.

Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 2 Les dieux et leur forme animale

LE SERPENT

Ce n’est pas n’importe quel serpent qui est représenté sur la plaque du chaudron de Gundestrup, mais un serpent criocéphale, c’est-à-dire un serpent avec une tête de bélier. Ce serpent fabuleux que le dieu tient fermement avec sa main est en fait un indicateur temporel puisqu’il a la fonction d’une aiguille d’une montre, sauf qu’il n’indique pas les heures ou les minutes, mais l’ère astrologique au cours laquelle se déroule la scène du chaudron de Gundestrup. C’est-à-dire l’ère du Bélier (2260 à 100 av. J.-C.)[1].

Voir également SAISON 1 ANNEXE 10 Les ères astrologiques

LA MACHINERIE CÉLÈSTE

Le serpent à tête de bélier est l’aiguille qui fait partie d’une horloge gigantesque qui est divisé en 12 parties. Chaque heure indique un signe du zodiaque : ce sont, dans l’ordre, le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Chaque « heure » dure 2160 ans et l’aiguille fait le tour complet du cadran en 25 920 ans. Pour plus de détails, voir SAISON 1 ANNEXE 8 La précession des équinoxes

Si l’image avait été élaborée pour illustrer l’ère du Taureau (4400 à 2260 av. J.-C.), le serpent aurait été pourvu d’une tête de taureau. Sans doute les petites cornes d’un jeune taureau pour marquer le printemps. Si le chaudron avait été conçu plus tard, lors de l’ère des Poissons, le serpent aurait arboré une magnifique queue de poisson.

LA NON-REPRÉSENTATION DES DIEUX

il existait depuis des temps immémoriaux un interdit religieux sévère imposé par les druides concernant la représentation des divinités qui n’est tombé qu’après la Guerre des Gaules (58 à 51-50 av. J.-C.). Le chaudron peut être ainsi daté au plus tôt de la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. Voir à ce propos SAISON 1 ANNEXE 25 Les druides et la représentation des dieux ainsi que SAISON 1 ÉPISODE 10 La datation du chaudron de Gundestrup

LES CYCLES SAISONNIERS

Les quatre animaux qui entourent le dieu cornu sont également des indicateurs temporels, mais saisonniers, cette fois-ci. Le taureau, le cerf, la lionne, le loup. Trois d’entre eux sont les véhicules du dieu, le quatrième, la lionne est empruntée à la déesse. C’est pourquoi elle est inversée par rapport aux autres. Chaque animal symbolise une date du calendrier ainsi qu’une saison, mais également un des points cardinaux et même un moment particulier de la journée.

LE TAUREAU

Ainsi le taureau symbolise le printemps et une date en particulier, l’équinoxe de printemps. Le moment où la durée du jour est égale à celle de la nuit. Le taureau indique également un moment très précis lors de cette journée particulière : le lever du Soleil. Le taureau figure également une direction : l’est.

LE CERF

Le cerf symbolise l’automne, période du brame. C’est pourquoi il arbore des bois démesurés qui poussent au printemps et qu’il perd en hiver. Le cerf indique la date de l’équinoxe d’automne lorsque que les jours et les nuits sont à nouveaux de durée équivalente et surtout il indique un moment très précis lors de cette journée, le coucher du Soleil qui se situe à l’ouest. Sa grande taille par rapport aux trois autres animaux fournit une indication temporelle supplémentaire. La scène qui est figurée sur la plaque du chaudron d’argent se déroule lors de l’équinoxe d’automne. Ce qui est renforcé par le fait que le dieu lui-même porte au sommet de son crâne de grands bois de cerf. Si la scène se déroulait à l’équinoxe de printemps par exemple, c’est le taureau qui serait plus grand que les autres animaux tandis que le dieu porterait sur sa tête des cornes de taureau. Les petites cornes d’un jeune taureau au printemps comme sur l’image suivante.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Dieu cornu de Lezoux, Ier siècle av. J.-C., Saint-Germain-en-Laye, musée d'Archéologie nationale.

Dieu cornu de Lezoux, Ier siècle av. J.-C., Saint-Germain-en-Laye, musée d’Archéologie nationale. En fait une image de Cernunnos, faussement attribuée à Achélôos dieu du fleuve par méconnaissance des dieux gaulois. Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale) / image RMN-GP

LA LIONNE

La lionne, animal par excellence de la déesse, symbolise à la fois l’été, le sud, le solstice d’été avec son jour le plus long de l’année et le Soleil qui est à son zénith.

Sur une autre plaque du chaudron de Gundestrup la déesse est représentée en compagnie de son animal véhicule.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Image de la déesse et de la lionne. Détail du chaudron de Gundestrup.

Image de la déesse et de la lionne. Détail du chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague).

LE LOUP

Le loup, son contraire, symbolise l’hiver, le nord, le solstice d’hiver et la nuit la plus longue de l’année. Cet animal figure également un moment très précis du jour qui dure 24 h, le milieu de la nuit qui est illuminé par la pleine lune.

À noter que pour les druides les pôles semblent inversés par rapport à nos conventions qui veulent que le nord soit en haut et le sud en bas. Dans le druidisme le sud est en haut et le nord en bas. Cette inversion s’explique parce qu’elle est basée, non pas sur une boussole comme actuellement, mais sur la course du Soleil. Le Soleil, étant en été au plus haut dans le ciel, alors qu’en hiver, il semble être au plus bas.

Pour plus de détails voir SAISON 2 ANNEXE 1 Le chaudron de Gundestrup et la course du Soleil

LE CIEL ÉTOILÉ

Comme les druides sont également des astronomes, ces quatre animaux représentent aussi des constellations. Bien sûr, les constellations du Taureau et du Lion sont les plus évidentes. Moins connue est la constellation du Loup qui se situe à coté du Scorpion et qui était plus visible dans des temps plus anciens qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le cerf est une constellation spécifique au druidisme qui remplace nos constellations du Scorpion et de la Balance.

LES ÉTOILES ROYALES

Ces quatre animaux représentent également des étoiles bien spécifiques au sein de leurs constellations respectives. Ce sont les quatre étoiles royales marquant les points des solstices et des équinoxes sur le cercle de l’écliptique. Ces étoiles forment une grande croix. Aldébaran dans le Taureau, Antarès dans le Scorpion/Cerf, Régulus dans le Lion et le moins connu Fomalhaut dans le Verseau. Pour les druides, une constellation du Sanglier prenait la place de notre Verseau. Cette dernière constellation est lié à l’eau, c’était également le cas pour les druides et en Inde, c’est ce qui explique que l’on retrouve dans les mythologies celtiques et hindoues, l’image assez surprenante d’un sanglier qui plonge dans la mer, ce qui n’est pas vraiment son milieu de prédilection. Twrch trwyth au Pays de Galles et en Inde le troisième avatar de Vishnou, le sanglier Varâha. Les deux sangliers plongent dans la mer, l’un est un animal insaisissable qui plonge pour échapper sans cesse aux chasses du roi Arthur et le second plonge pour récupérer la Terre au plus profond des océans. Ces animaux forment une gigantesque croix dans le ciel étoilé. Aux extrémités d’une des branches se trouvent le Taureau et le Cerf et aux extrémités de la seconde branche on peut trouver le Lion et le Sanglier qui est remplacé sur le chaudron de Gundestrup par un Loup. Ces animaux se retrouvent sur une frise de la stèle de la nécropole des Bolards (Nuits-Saint-Georges, Côte-d’Or).

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Stèle des Bolards représentant trois divinités gauloises.

Stèle des Bolards représentant trois divinités gauloises. (Nuits-Saint-Georges, Côte-d’Or). Source : archeogalloromaine.blog4ever.com

La stèle est endommagée et les détails des animaux sont effacés. La croix des étoiles royales est repliée pour former qu’une seule ligne. Aux extrémités extérieures le Taureau et le Cerf, à l’intérieur à gauche le Lion (qui est une Lionne) et à droite le Sanglier. Au milieu, l’arbre est une représentation de l’axe terrestre. Il y a un cinquième petit animal qui n’est pas reconnaissable, mais dont on peut déduire l’identité grâce à l’astronomie puisqu’il s’agit de la constellation de la Petite Ourse qui symbolise une cinquième étoiles, l’une des plus importantes. Il s’agit de l’étoile polaire autour de laquelle tourne tout le firmament et qui indique le nord pour tous les voyageurs, navigateurs, et astronomes ce qui est le cas des druides.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Détail de la frise du bas de la stèle. De gauche à droite le Taureau, le Lion, la Petite Ourse, l’arbre/axe terrestre, le Sanglier et le Cerf.

Détail de la frise du bas de la stèle. De gauche à droite le Taureau, le Lion, la Petite Ourse, l’arbre/axe terrestre, le Sanglier et le Cerf. Source : bois-de-cerf.over-blog.fr

À noter que certains ont vu un bélier à la place du lion, mais la position recourbée de la queue est typique de celle des fauves et ne peut en aucun cas être celle d’un ovin.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Lionne avec la queue recourbée vers le haut.

Lionne avec la queue recourbée vers le haut. Source rtl.be

LE DIEU CORNU

Comme son alter ego Orion, Cernunnos a également droit à son image dans le ciel étoilé. C’est encore une fois le serpent qui fournit un indice capital pour démasquer le dieu cornu puisqu’il n’y a qu’un seul personnage de la voûte céleste qui manipule un serpent comme le fait Cernunnos. Il s’agit d’Ophiuchus, également connu sous le nom d’origine latine de Serpentaire.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Carte du ciel avec les constellations Ophiuchus et Serpent (Serpens).

Carte du ciel avec les constellations Ophiuchus et Serpent (Serpens). Source : Carte du ciel Sirius ©Freemedia, Bern.

Cette constellation représente un homme portant un serpent à bout de bras. Ce qui signifie que le serpent à tête de bélier du chaudron de Gundestrup est une figuration de la constellation du Serpent. Le Serpentaire divise la constellation du Serpent en deux parties : la tête et la queue.

CERNUNNOS (KERNUNNOS). Ophiuchus et le Serpent (Ophiucus & Serpens) selon John Flamsteed dans son Atlas Coelestis (1776).

Ophiuchus et le Serpent (Ophiucus & Serpens) selon John Flamsteed dans son Atlas Coelestis (1776). Source : picryl.com

Une autre représentation de la constellation du Serpentaire.

Constellation d' Ophiuchus et du Serpent dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690.

Constellation d’ Ophiuchus et du Serpent dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d’Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690. Source : ciel-de-nuit.com

À noter que Ophiuchus est la 13ème constellation du zodiaque. La plus importante puisque le Serpentaire est le maître du zodiaque, le maître de la roue céleste, mais ceci est une autre histoire.

OPHIUCHUS

Un dieu qui est en compagnie d’un serpent n’existe pas seulement chez les Celtes. Ce qui n’est guère surprenant puisque la Religion des Étoile originelle accompagne l’humanité à travers le monde depuis les temps les plus anciens.

Le dieu Cernunnos avec des bois de cerf.

Le dieu Cernunnos avec des bois de cerf. Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré.. (Nationalmuseet de Copenhague) (Wikimedia Commons)

Mais également en Inde, car Shiva est le dieu indien par excellence qui est associé au serpent puisqu’il s’affiche avec un cobra enroulé autour de son cou.

Le dieu Shiva avec un cobra autour du cou.

Le dieu Shiva avec un cobra autour du cou. Source : India Crafts.

Il est également appelé Pashupati, le Maître des animaux, et comme Cernunnos, il est représenté sur des sceaux très anciens entouré par des animaux.

Sceau découvert lors des fouilles du site archéologique de Mohenjo-Daro dans la vallée de l'Indus. Ce sceau dit de "Pashupati" (Seigneur des Animaux), montre un personnage assis, peut-être ithyphallique, entouré d'animaux. (2600–1900 avant J.-C.).

Sceau découvert lors des fouilles du site archéologique de Mohenjo-Daro dans la vallée de l’Indus. Ce sceau dit de « Pashupati » (Seigneur des Animaux), montre un personnage assis, peut-être ithyphallique, entouré d’animaux. (2600–1900 avant J.-C.).

INDE ET IRAN

Contrairement au druidisme dans lequel coexistent les deux dieux : Orion et Ophiuchus côte à côte, dans une parfaite égalité. L’hindouisme n’a gardé qu’un seul dieu de ce duo parmi ses dieux importants. Orion, alias Rudra en Inde, est devenu un dieu insignifiant dans la religion indienne actuelle. On l’identifie souvent avec Shiva, ce qui est faux. Orion en tant que constellation ne peut pas être en même temps Ophiuchus. Le ciel étoilé est formel. Rudra n’est donc pas une forme ancienne de Shiva[2]. Rudra, comme Orion, est un Grand Chasseur, ce qui est incompatible avec la fonction protectrice des bêtes du Maître des animaux. Orion est l’ennemi, le sacrificateur, du taureau, Shiva est l’ami du taureau (Nandi). Orion dont l’un des exploits les plus importants est de sacrifier le Taureau céleste n’a pas pu trouver sa place dans une religion dans laquelle les bovins sont sacrés[3]. Par contre, il a trouvé sa place de sacrificateur de taureau dans l’Iran ancien sous l’appellation de Mithra.

Mithra sacrifiant un taureau, Marbre. Vers 390. Saïda (Liban) – Sidon, province de Syrie-Phénicie. Musée du Louvre.

Mithra sacrifiant un taureau, Image qui peut être décrypté de la façon suivante : Orion (Orion) le sacrificateur, la constellation du Taureau (Taurus) (la victime du sacrifice), en bas les constellations du Grand Chien (Canis Major), du Dragon (Draco) sous les traits d’un serpent et la constellation du Scorpion ( Scorpius) qui pince les testicules du Taureau Céleste. Marbre. Vers 390. Saïda (Liban) – Sidon, province de Syrie-Phénicie. Musée du Louvre, Département des antiquités orientales. Photo :  Musée du  Louvre  (distr.  RMN-Grand  Palais  /  Franck Raux).

Orion apparaît également sur le chaudron de Gundestrup en tant que sacrificateur du Taureau Céleste.

En haut, Orion (Orion) et son chien (Canis Major), au milieu l’énorme Taureau céleste (Taurus), en bas, la constellation du Dragon (Draco) et la Petite Ourse (Ursa Minor). Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré.

En haut, Orion (Orion) et son chien (Canis Major), au milieu l’énorme Taureau céleste (Taurus), en bas, la constellation du Dragon (Draco) et la Petite Ourse (Ursa Minor) presque effacée. Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré, © Copenhague, Nationalmuseet.

Pour le déchiffrement de cette plaque centrale, voir SAISON 1 ÉPISODE 5 Chaudron de Gundestrup et astronomie

FRÈRES ENNEMIS

Dans la religion iranienne de l’Antiquité, c’est le Maître des animaux qui n’a pas trouvé sa place. Si les Indiens et les Iraniens ont une origine commune, religieusement un abîme les a toujours séparés. Les Iraniens, en construisant leur religion en opposition complète à celles des Indiens polythéistes, se sont lancés dans des conceptions dualistes qui ont finalement abouti au monothéisme. Une volonté farouche de se distinguer du frère ennemi. Au point que le mot sanscrit deva « dieu » signifie « démon » en Iran. Les destinées radicalement divergentes d’Orion et d’Ophiuchus dans ces deux civilisations le confirme amplement.

ORION ET OPHIUCHUS À TRAVERS LES MILLÉNAIRES

La recherche actuelle a établi des parallèles certains entre Cernunnos, Shiva et Dionysos. Ils ont les mêmes animaux symboles : serpent, taureau auxquels il faut ajouter le bouc, le cervidé, le cheval, la panthère, le lion (ou tigre) et l’âne. En fait c’est le même dieu (Ophiuchus) qui s’est développé dans des civilisations différentes (Celtes, Inde et Grèce) avec tous les changements et adaptations[4] que cela entraîne au fil des millénaires. Certains dieux sont mis en avant aux détriments d’autres. C’est pourquoi le druidisme est précieux puisqu’il a été un conservatoire des anciennes croyances. Contrairement à l’hindouisme ou au mithraïsme, la Religion des Étoiles des druides est quasi intacte avec les représentations du chaudron de Gundestrup. Un vrai miracle !  La rivalité ancestrale entre Orion et Ophiuchus s’est perpétuée sur le chaudron d’argent comme elle a existé en Anatolie, il y a plus de dix millénaires.

Deux scènes distinctes sont représentées sur le mur : à gauche, un homme affronte un taureau ; à droite, un homme en haut-relief entouré de deux lionnes. ©Bekir Köşker

Deux scènes distinctes sont représentées sur le mur : à gauche, un homme affronte un taureau ; à droite, un homme en haut-relief entouré de deux lionnes. ©Bekir Köşker

Ce sont les représentations du Maître des animaux (Ophiuchus) entouré par deux félins.

Figure masculine tenant son phallus au milieu de deux léopards (un mâle et une femelle).

Figure masculine tenant son phallus au milieu de deux léopards (un mâle et une femelle). ©Bekir Köşker

Et d’Orion qui se bat contre le Taureau Céleste.

La scène du taureau de Sayburç.

La scène du taureau de Sayburç. ©Bekir Köşker.

Voir également Découverte sensationnelle d’un bas-relief vieux de 11000 ans en Turquie.

Dix millénaires séparent les images du chaudron de Gundestrup et celles d’Anatolie. Pourtant les personnages sont les mêmes. Orion et Ophiuchus, deux constellations essentielles de la très ancienne Religion des Étoiles. Toutes les religions ultérieures, de la Mésopotamie à l’Égypte en passant par la Grèce et même le Christianisme,  ont empruntées des éléments à cette conception religieuse basée sur la dualité entre ces deux constellations.

©JPS2024

[ACCUEIL]

SOURCES :

Orion (constellation) — Wikipédia (wikipedia.org)

Ophiuchus — Wikipédia (wikipedia.org)

NOTES :

[1] Ces dates sont une convention, la date pourrait dériver de 100 ans, un rien à l’échelle du temps et en degrés, et indiquer de 2160 à 0 de notre ère et faire correspondre le début de l’ère des poissons avec la naissance du Christ. Ce qui signifie que cette ère prendrait fin en 2160 après J.-C. C’est une possibilité puisque les druides ne possédaient pas d’instrument de mesure précis. Les druides utilisaient tout simplement leur main pour déterminer les angles, pouce tendu 5°, poing 10°, poing et pouce écarté 15° et main écartée 20°. Ces mesures, appelées séparation angulaire, restent toutefois approximatives puisqu’elles sont dépendantes de la morphologie de l’observateur, mais restent la façon la plus commode pour mesurer l’éloignement entre deux astres.

[2] Cette confusion vient du fait que dans l’hindouisme, Shiva a phagocyté son alter ego en incorporant des éléments propres à Orion. Par exemple, Shiva est représenté assis sur la dépouille d’un lion, alors que la peau de cet animal est un accessoire caractéristique d’Orion/Héraklès.

[3] « Dans l’Inde, les animaux sacrifiés sont généralement le buffle et le bouc. La mise à mort du taureau est rarement pratiquée aujourd’hui ». Alain Daniélou, Shiva et Dionysos, Éditions Fayard, 1979, p. 211.

[4] En s’installant en Inde, Ophiuchus s’est adapté à la faune indienne, car sur un sceau on retrouve Shiva en tant que Maître des animaux en compagnie d’un tigre, d’un buffle, d’un éléphant et d’un rhinocéros.

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