LES DIEUX CELTES ET LEUR FORME ANIMALE

LES DRUIDES SAISON 2 ANNEXE 2

Au début, les dieux ont une forme animale, mais par la suite, ils s’humanisent toujours plus. Pour cela il leurs faut passer par plusieurs phases de transformations successives.

LES FORMES ANIMALES DES DIEUX ET DÉESSES

Pas plus qu’ils n’adorent des arbres ou des sources, les druides ne vénèrent les animaux, car l’image d’une divinité sous forme animale, n’est pas le dieu, mais un support permettant de l’évoquer. Il ne faut pas tomber dans le piège d’une interprétation littérale, car adorer l’image elle-même revient à de l’idolâtrie, un arbre, une source ou un animal ne suggère que la présence de l’être divin qui peut prendre de nombreuses formes. Lorsque les dieux descendent du ciel pour se manifester aux hommes, la statue ou l’animal réel devient le support de la présence divine, le réceptacle dans lequel s’incarne la divinité. Les dieux peuvent revêtir des caractéristiques animales qui semblent remarquables, par exemple la puissance du taureau ou la force du lion, mais en aucun cas on ne divinise ces animaux. Si le dieu peut, par exemple, prendre la forme d’un taureau ; l’inverse n’est pas vrai, un taureau ne devient pas pour autant un dieu. De plus cet animal divin présente souvent une caractéristique qui le distingue de la simple représentation du même animal non divinisé. En Gaule, des statuettes de taureaux à trois cornes ont souvent surpris les observateurs, mais ce n’est qu’une distinction qualifiante qui démontre l’essence divine de l’animal. L’humanité est passée par plusieurs phases de représentation du divin. Ces phases ne sont pas forcément chronologiques puisque les Égyptiens ou les Celtes les ont employés simultanément.

LE DIEU SOUS SA FORME ANIMALE

La phase plus ancienne est très certainement l’image d’un animal qui possède un élément qui révèle sa nature divine. Comme le montre cette statuette du dieu Horus sous la forme d’un faucon, portant la couronne de la Haute et de la Basse Égypte.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Le dieu Horus sous la forme d’un faucon, couronné du Pschent, période gréco-romaine, 323-395 av J.-C.

Le dieu Horus sous la forme d’un faucon, couronné du Pschent, période gréco-romaine, 323-395 av J.-C. Musée d’Art du comté de Los Angeles. (Wikimedia Commons).

Les Celtes ont représenté leur taureau divin avec trois cornes, ce qui le distingue des autres bovidés.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Taureau tricornu d’Auxy, Bronze, Musée d’Autun.

Taureau tricornu d’Auxy, Bronze, Musée d’Autun.

Le taureau sauvage impressionne par sa force et son impétuosité. La puissance de l’animal se manifeste dans ses cornes. La corne devient un symbole de fécondité (corne d’abondance).

LE DIEU SOUS UNE FORME MI ANIMALE MI HUMAINE

La seconde phase est la représentation d’un animal avec une tête humaine, donc un hybride animal/homme. En Grèce cette hybridation archaïque est représentée par le dieu-fleuve Achéloos.  Le taureau symbolise la force et le roulement dévastateur du torrent ainsi que la puissance et la fertilité des eaux du fleuve.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Tétradrachme sicilienne figurant un taureau androcéphale, identifié comme Achélôos.

Tétradrachme sicilienne figurant un taureau androcéphale, identifié comme Achélôos. Entre 420 et 415 av. J.-C., Gela. (Wikimedia Commons).

Le taureau à tête humaine (androcéphale) est également commun en Mésopotamie. Plusieurs grands dieux ont été comparés au taureau : par exemple Enlil, le grand dieu des Sumériens et Adad, le dieu mésopotamien de l’orage et de la fertilité. Le pouvoir des rois de Sumer émane du dieu taureau. Le roi s’identifie au dieu et porte un casque surmonté de cornes, symbole de son pouvoir divin.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Taureau androcéphale. Période du règne de Gudéa, prince de Lagash. Mésopotamie (2100 av. J-C).

Taureau androcéphale. Période du règne de Gudéa, prince de Lagash. Mésopotamie (2100 av. J-C). Musée du Louvre.

Autre exemple, le cheval androcéphale, un cheval à tête humaine, présent sur de nombreuses pièces de monnaies celtiques provenant de la façade atlantique.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Cheval androcéphale ailé (à droite) sur un statère en or des Cénomans.

Cheval androcéphale ailé (à droite) sur un statère en or des Cénomans. (Wikimedia Commons).

LE DIEU SOUS SA FORME MI HUMAINE MI ANIMALE

La tendance s’inverse avec la troisième phase, l’animal divin prend cette fois-ci un corps humain et arbore la tête d’un animal. Le minotaure grec est une illustration parfaite de cet hybride homme/animal.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Minotaure, Cnossos (Crète), statère, vers 420 av. J.-C.

Minotaure, Cnossos (Crète), statère, vers 420 av. J.-C. Source : le site du collectionneur.

Il existe également un minotaure indien dénommé Nandikeshvara et qui est une image anthropomorphe partielle du taureau Nandi, le compagnon du dieu Shiva[1] .

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Nandikeshvara (le « seigneur de la joie »), le Minotaure indien, Temple de Khandariya, Khajuraho (Inde), Xe siècle.

Nandikeshvara (le « seigneur de la joie »), le Minotaure indien, Temple de Khandariya, Khajuraho (Inde), Xe siècle. Source Alain Daniélou, Shiva et Dionysos, Éditions Fayard, 1979.

C’est certainement l’Égypte qui est l’exemple le plus connu de cette habitude de représenter les dieux avec des têtes d’animaux. Comme le dieu Horus à tête de faucon

Statue d'Horus, XVIIIe dynastie, vers 1370 av. J.-C.

Statue d’Horus, XVIIIe dynastie, vers 1370 av. J.-C., Musée national d’art égyptien de Munich. (Wikimedia Commons).

Mais également Anubis à tête de chacal, Sekhmet à tête de lionne ou encore Thot à tête d’Ibis.

LE DIEU SOUS UNE FORME HUMAINE AVEC DES CARACTÉRISTIQUES ANIMALES

La phase suivante est une anthropomorphisation encore plus poussée, l’humain prend le dessus. L’animal n’est présent que par un détail de son anatomie (oreille, corne, sabot, etc.). Les exemples celtes sont nombreux. Comme ce dieu avec l’oreille d’un animal.

Dieu à oreille animale, Bronze, Musée d’Amiens.

Dieu à oreille animale, Bronze, Musée d’Amiens.

Ou encore, l’exemple le plus connu, Cernunnos, le dieu aux bois de cerf. Assis en « tailleur », avec un torque et des bois de cerf.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Le dieu Cernunnos avec des bois de cerf.

Le dieu Cernunnos avec des bois de cerf. (Nationalmuseet de Copenhague) (Wikimedia Commons)

Un dernier exemple avec cette divinité dotée de sabots. Sans aucun doute une représentation du dieu Cernunnos puisque le personnage reprend deux caractéristiques du dieu cornu : la position en « tailleur » et le torque. La présence des sabots ne fait que renforcer cette hypothèse.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Statuette de divinité de Bouray-sur-Juine, le personnage représenté est un jeune homme nu et imberbe, assis « en tailleur », portant un torque autour du cou.

Statuette de divinité de Bouray-sur-Juine, le personnage représenté est un jeune homme nu et imberbe, assis « en tailleur », portant un torque autour du cou. Musée d’archéologie nationale, domaine national de Saint-Germain-en-Laye.

LE DIEU SOUS FORME HUMAINE ACCOMPAGNÉ D’UN ANIMAL

Et pour finir l’image la plus récente représente le dieu accompagné de son animal préféré, son ancienne effigie. Shiva, un ancien dieu taureau, est accompagné du taureau Nandi. La couleur blanche comme de la neige distingue Nandi des autres bovidés

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Le dieu Shiva et le taureau Nandi.

Le dieu Shiva et le taureau Nandi. India Crafts.

Dieu gaulois en compagnie d’un cerf. Sans doute Cernunnos avec un de ses animaux symboles. L’animal est toujours présent, mais à côté du dieu.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Dieu au cerf, IIIe siècle après J.-C. Trouvé à Grandfontaine, Donon.

Dieu au cerf, IIIe siècle après J.-C. Trouvé à Grandfontaine, Donon. Musée archéologique de Strasbourg. (Wikimedia Commons).

Dans le christianisme, nombre de saints sont d’anciennes divinités celtiques et sont ainsi représentées en compagnie de leur ancien animal symbole. Humain et animal se sont dissociés, la présence de ce compagnon évoque un état antérieur, celui où le dieu pouvait encore apparaitre sous la forme d’un animal.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. St Edern chevauchant son cerf.

St Edern chevauchant son cerf.

LE DIEU ET SON ANTAGONISTE

Il y a une dernière catégorie d’animaux qui caractérisent une divinité, mais qui ne font pas partie des animaux familiers du dieu. Ce sont les adversaires de la divinité. Le dieu se pare de la dépouille de son ennemi et celle-ci devient un attribut qui caractérise la divinité. L’exemple d’Orion est parfaitement significatif. La dépouille de certains animaux — lion ou loup — caractérise tellement le personnage que c’est en partie à travers eux qu’il en devient identifiable. Or, ni le lion ni le loup figurent parmi les animaux familiers du dieu. Le lion est l’animal symbole de la déesse-mère, tandis que le loup est celui du Maître des animaux. Le dieu doit traverser certaines épreuves et tuer l’animal fétiche de son adversaire. C’est parce que Orion — le Grand Chasseur — tue ces animaux et revêt leurs dépouilles comme trophés de chasse qu’il devient le dieu reconnaissable entre tous. Chaque image comporte plusieurs niveaux de lecture. Pour un Grec, un homme qui se bat contre un lion ne peut qu’être qu’Héraklès qui affronte le lion de Némée.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX. Héraklès tuant le lion de Némée. Vases Attiques de la période archaïque (570 - 530 Av. J.-C.)

Héraklès tuant le lion de Némée. Vases Attiques de la période archaïque (570 – 530 Av. J.-C.) Grèce, Athènes,  Musée archéologique.

Cependant pour un druide, c’est Orion qui se bat contre un lion envoyé par la déesse. Le vrai nom du dieu nous étant inconnu. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 8 Les druides et le nom secret des dieux

LES HOMMES ET LES DIEUX

La Grèce est un conservatoire des influences religieuses du monde antique. Conséquence de la situation géographique et historique du pays. Carrefour entre Nord et Sud et entre Orient et Occident. C’est pourquoi, on peut retrouver toutes les variantes possibles de représentations des divinités. L’Inde, quant à elle, est un sanctuaire, toutes les formes de religions coexistent encore aujourd’hui, polythéisme, monothéisme, animisme etc.[2] Tandis que la Bretagne armoricaine offre quant à elle un bel exemple d’une christianisation réussie des anciennes religions préchrétiennes[3]. L’anthropomorphisation progressive présente toutefois un danger, celui de diviniser l’humain. Le dieu prend graduellement une forme humaine, mais c’est également une façon larvée d’affirmer que l’homme est un dieu. Ce n’est plus une figuration abstraite des dieux sous une forme animale mais une divinisation de l’homme à travers la représentation des dieux. Très tôt le roi devient ainsi une divinité, les cornes deviennent couronne. Cette confusion  mène toutefois à la catastrophe, car ce ne sont plus les dieux qui sont le centre de l’univers mais l’homme. L’être humain, ainsi divinisé prétend dans sa folie dominer la nature et l’exploiter au détriment des autres espèces végétales et animales. Acte dangereux qui entraine à terme, son propre déclin.

LES VÉHICULES DES DIEUX EN INDE

La présence d’un animal permet de déterminer de quel dieu il s’agit. Comme en Inde. Dans ce pays extraordinaire, le voyageur peut découvrir quel dieu est vénéré dans un temple avant d’avoir pénétré l’édifice. Grâce au vâhana qui est à la fois le symbole et l’emblème de la divinité. Le vâhana est un être qui sert de monture ou de véhicule à une divinité (Vah signifie porter ou transporter). Un taureau devant un monument indique que c’est le dieu Shiva qui vénéré dans le temple. Une souris indique que le dieu à tête d’éléphant Ganesha est honoré dans le temple. Ou encore une créature mi-homme mi-aigle signifie que le temple est dédié à Vishnou.

LES VÉHICULES DES DIEUX CELTES

Ce système ingénieux permet également de déterminer l’identité des dieux sur le chaudron de Gundestrup. Orion est la plupart du temps accompagné par un chien tandis que Cernunnos est souvent en compagnie d’un cerf.

Chaudron de Gundestrup. Orion et son chien.

Orion et son chien. Détail du chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague)

Chaudron de Gundestrup Cernunnos et un cerf.

Cernunnos et un cerf. Détail du Chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague)

Souvent sur le chaudron de Gundestrup l’animal véhicule est directement présent sous la divinité. Ainsi le griffon est le véhicule du dieu père des Celtes.

Chaudron de Gundestrup. Dieu à la roue.

Plaque du dieu à la roue. Chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague)

La lionne est le véhicule de la déesse-mère.

Chaudron de Gundestrup. Déesse au lion.

Plaque de la déesse au lion. Chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague)

LES LIONS CÉLESTES

Ces animaux véhicules apportent à leur tour quelques précisions à propos des dieux qu’ils accompagnent. La lionne symbolise le Sud et le griffon le Nord. La présence d’une lionne, et non d’un lion, indique que la tradition qui est véhiculé à travers cette image est très ancienne. Parce que depuis les temps les plus anciens, c’est la lionne qui est le symbole de la déesse et ce n’est que très tard que le sexe de l’animal change et devient un lion symbole de royauté. Un exemple avec la « Dame aux fauves » de Çatal Hüyük, datée de 6000 av. J.-C. entourée par deux lionnes.

Figurine dite de la « Dame aux fauves » (ou « Dame de Çatal Hüyük »), 6000-5500 av. J.-C.

Figurine dite de la « Dame aux fauves » (ou « Dame de Çatal Hüyük »), 6000-5500 av. J.-C., Musée des civilisations anatoliennes, Ankara, Turquie. (Wikimedia Commons).

Alors que la déesse Cybèle, datée du IIIe siècle av. J.-C., est accompagnée par deux lions.

Cybèle, maîtresse des fauves, découverte dans le Latium, IIIe siècle av. J.-C.,

Cybèle, maîtresse des fauves, découverte dans le Latium, IIIe siècle av. J.-C., art hellénistique, Musée archéologique de Naples. (Wikimedia Commons).

Plus de 5000 ans sépare ces deux images. Pourtant la composition reste la même : une déesse assise sur un trône entourée par deux félins. Sauf que le symbole de la royauté a évolué. Au départ ce sont des lionnes puis beaucoup plus tard ce sont des lions. Parfois on a avancé l’idée que les deux félins qui entourent la déesse de Çatal Hüyük sont des panthères. Ce qui explique l’absence de la crinière. Ce qui est peu vraisemblable, car le ciel étoilé apporte une précision importante. Dans l’entourage de la déesse — la constellation de la Vierge (Virgo) — il n’y a pas de panthères, mais bien deux lions. Les constellations du Grand Lion (Leo Major) et du Petit Lion (Leo Minor).

Une des 32 cartes astronomiques composant le Miroir d’Uranie publié en 1824. Leo Major Leo Minor.

Une des 32 cartes astronomiques composant le Miroir d’Uranie publié en 1824. (Wikimedia Commons).

Sur cette carte céleste relativement récente, qui date du 19e siècle, les félins sont bien entendu des lions avec des crinières impressionnantes. Cependant, si les Celtes avaient suivi la même évolution, le chaudron de Gundestrup, daté du Ier siècle av. J.-C., devrait montrer un lion mâle. Or, les druides ont été dans ce cas très conservateurs et ils ont préféré garder l’image d’une lionne qui accompagne leur déesse-mère. Ce simple détail montre à lui seul l’ancienneté de la tradition qui est véhiculée par le chaudron de Gundestrup.

LA DÉESSE ET LE LION

Ce qui signifie que la plaque du chaudron de Gundestrup représente la constellation de la Vierge (Virgo) en compagnie de la constellation du Lion (Leo Major). Et ceci dans un état antérieur, avant la réforme patriarcale, lorsque le Lion céleste était encore une lionne.

Déesse au lion. Détail du chaudron de Gundestrup.

La déesse et une lionne. Détail du chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague)

Cette image de la déesse des Celtes rappelle étrangement la représentation de la déesse égyptienne Qadesh qui est montrée debout sur un lion.

Stèle de la déesse syrienne Qadesh (« la sainte »). Deir el-Medina. Nouvel Empire, dynastie XIX (1292-1186 av. J.-C.).

Stèle de la déesse syrienne Qadesh (« la sainte »). Deir el-Medina. Nouvel Empire, dynastie XIX (1292-1186 av. J.-C.). Museo Egizio (Turin).

Malgré son ancienneté, c’est déjà un lion qui accompagne la divinité. Il n’y pas d’influence égyptienne sur le chaudron de Gundestrup. Simplement un répertoire d’images en commun qui figure dans le ciel étoilé depuis des temps immémoriaux et que les différents peuples utilisent suivant leurs besoins.

En Inde, c’est la déesse Durga qui chevauche un lion.

La Déesse Durga assise sur un lion. Miniature sur papier.

La Déesse Durga assise sur un lion. Miniature sur papier. Source : Alamy Banque D’Images.

UN CHAR TIRÉ PAR DES LIONS

La déesse représentée sur le chaudron de Gundestrup n’est pas seulement accompagnée par une lionne. Mais, détail intéressant, elle est assise sur un char avec des roues.

La déesse au lion sur un char. Détail du chaudron de Gundestrup.

La déesse sur un char à quatre roues. Détail du chaudron de Gundestrup. (Nationalmuseet de Copenhague)

Or, cette même composition très schématique et sommaire sur le chaudron de Gundestrup — déesse, félin, char à roues — se retrouve de façon beaucoup plus détaillée avec cette statuette de la déesse Cybèle assise sur un char à quatre roues tiré par deux lions.

Statuette en bronze de la déesse Cybèle sur une char tirée par des lions, 2ème moitié du 2ème siècle ap. J.-C.

Statuette en bronze de la déesse Cybèle sur une char tirée par des lions, 2ème moitié du 2ème siècle ap. J.-C. The Metropolitan Museum of Art.

Cybèle est une divinité d’origine phrygienne, adoptée d’abord par les Grecs puis par les Romains. Elle est présentée comme « Magna Mater », Grande Déesse, Déesse mère ou encore Mère des dieux. C’est l’une des plus grandes déesses de l’Antiquité au Proche-Orient. Encore et toujours la constellation de la Vierge accompagnée par les deux lions célestes.

CONCLUSION

Les anciens ont utilisé les images qu’ils voyaient dans le ciel étoilé. Ainsi pour les besoins de la composition d’une œuvre, la déesse-mère est souvent accompagnée par un lion (Leo Major). Dans certains cas, il fallait deux félins. Pour tirer un attelage ou pour entourer un trône. Dans ce cas spécifique, le ciel étoilé disposait d’une solution avec un deuxième lion. Le Petit Lion (Leo Minor).

Carte céleste Sirius. En rouge, la constellation de la vierge et les deux Lions (Leo Major et Leo Minor).

En rouge, la constellation de la vierge et les deux Lions (Leo Major et Leo Minor). (d’après la carte céleste Sirius, Éditions Freemedia, Bern).

Les sceptiques avanceront l’argument que les Gaulois ne connaissait pas le lion. Voici une superbe pièce de monnaie gauloise en bronze.

Monnaie des Carnutes (Région de la Beauce), Bronze, portant l’inscription PIXTILOS.

Monnaie des Carnutes (Région de la Beauce), Bronze, portant l’inscription PIXTILOS. © Source : http׃//www.cgb.fr

Il faut rajouter que ce n’est pas un simple lion qui est représenté sur cette monnaie gauloise, mais la constellation du Lion lors du passage d’une comète.

Détail de la « comète » sur la monnaie des Carnutes.

Détail de la « comète » sur la monnaie des Carnutes.

Pour comparer, voici les différents formes que peut prendre une comète lors d’un passage dans le ciel.

Comète de Halley.

Les Gaulois ont-ils assisté au passage d’une comète dans la constellation du Lion ?

LES LÉONIDES

Les Léonides sont un essaim de météoroïdes, dont le radiant est situé dans la constellation zodiacale du Lion. Ce qui signifie que vue de la terre cet essaim semble provenir de la constellation du Lion, d’où son nom. Les Léonides sont causées par la comète Tempel-Tuttle qui a une période de 33 ans. À chaque passage, la comète laisse une traînée de débris rocheux qui forme un essaim que la Terre traverse tous les ans aux environs du mois de novembre.

Un météore au plus fort de la pluie de météores des Léonides de 2009.

Un météore au plus fort de la pluie de météores des Léonides de 2009. (Wikimedia Commons).

DIEUX CELTES ET ANIMAUX ©JPS2023 (Texte écrit en 2016 remanié en 2023)

[ACCUEIL]

[1] Nandi est un taureau blanc. D’après Pline, les druides sacrifiaient lors de la cueillette du gui deux taureaux blancs.

[2] Avant la visite des Catacombes de St Paul à Rabat (Malte), j’ai observé les tableaux explicatifs sous formes de fresques au centre d’information qui montraient certains rituels lors des cérémonies funèbres du temps des romains. D’un côté, des hommes qui transportaient un défunt sur une civière lors d’une procession, de l’autre côté, la crémation d’un mort sur un bûcher funèbre. J’avais observé ces mêmes scènes quelques mois plus tôt à Kashi (Bénarès) en Inde. À Malte, le souvenir figé d’un ancien temps, en Inde, des pratiques bien vivantes dans toute leur beauté et aussi leur âpreté.

[3] Toutefois en Grande-Bretagne, Théodore, l’archevêque de Canterbury de 668 à 690, s’exaspère que certains : « vont sous la forme d’un cerf ou d’un taureau ; à savoir  se transforment en animal sauvage, revêtent la dépouille du bétail, se coiffent de têtes de bêtes ». Margaret Murray, Le dieu des sorcières, Camion Noir, Rosières en Haye, 2011, p.42. Ce sont des survivances du culte saisonnier du dieu cornu, rapidement diabolisé par le saint homme. Il ne fait aucun doute que les sorcières ont perpétué la religion ancestrale du dieu cornu. Les clercs l’ont diabolisé parce que ce dieu de la fertilité, bien implanté en occident, était un concurrent sérieux pour leur propre divinité.

DIEUX CELTES ET ANIMAUX

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