LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP ET LES ÈRES ASTROLOGIQUES

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 10

Les ères astrologique ont fortement influencé la symbolique des religions de la Préhistoire à l’Antiquité.

DIEUX ET SYMBOLES

Une ère astrologique est la période pendant laquelle le point vernal, qui correspond à la position du Soleil à l’équinoxe de printemps, traverse l’une des douze constellations du zodiaque. Ce déplacement a pour cause un phénomène appelé précession des équinoxes[1]. Une ère dure 2160 ans et le cycle complet 25920 années. Le plus étrange est que ces ères semblent correspondre aux grands courants religieux qui ont marqués l’histoire de l’humanité. Le soleil se lève à l’équinoxe de printemps durant 2160 années dans le même signe du zodiaque avant de passer dans un autre signe. Nous sommes actuellement dans l’ère des Poissons qui a commencé en 100 av. J.-C. et qui se termine donc en 2060[2]. C’est durant cette période que le poisson[3] devient l’un des symboles majeurs qu’utilisaient les premiers chrétiens de l’église primitive en signe de reconnaissance.

LES ÈRES ASTROLOGIQUES. Décor d'architecture funéraire : poisson à la croix, symbole de Jésus-Christ Vers 400-500

Décor d’architecture funéraire : poisson à la croix, symbole de Jésus-Christ Vers 400-500, Musée du Louvre. Département des Antiquités égyptiennes

Il n’en a pas toujours été ainsi puisque c’est la constellation du Bélier qui définissait l’ère précédente. Et avant le Bélier, le point vernal indiquait l’ère du Taureau. On peut ainsi remonter le temps et découvrir que lors de l’ère du Bélier (-2260 à -100), des dieux à cornes de bélier étaient particulièrement à la mode. Zeus-Ammon par exemple. À cette époque même des héros comme Alexandre le Grand étaient figurés avec des cornes de bélier.

LES ÈRES ASTROLOGIQUES. ZEUS AMMON

Zeus Ammon, Antikensammlung München, Source Wikimedia Commons

Des variantes existent par exemple chez les Aryas de l’Inde, des Indo-Européens, la divinité du feu ne porte pas des cornes de bélier, mais elle est représentée chevauchant ce même animal. Le Judaïsme est également une religion de l’ère du Bélier puisque Abraham sur la demande de Dieu remplace sur l’autel du sacrifice son fils Isaac par un bélier. Le druidisme semble lui aussi une religion de l’ère du Bélier car d’après le chaudron de Gundestrup l’événement fondateur de la religion des druides est le sacrifice du Taureau cosmique, ce qui correspond à la fin de l’ère du Taureau et bien sûr le début de l’ère du Bélier.

Plus loin encore, lors de l’ère du Taureau (-4400 à -2260), les dieux arboraient volontiers des cornes de bovidés. Ainsi en est-il de Baal dont le taureau était l’animal-attribut.

LES ÈRES ASTROLOGIQUES. DIEU CORNU ENKOMI

Statue du dieu cornu (12e siècle av. J.-C.), trouvée à Enkomi (Chypre). Wikimedia Commons

Quant à l’ère de la Vierge (-13060 à -10900), elle recouvre la période durant laquelle les déesse-mères étaient particulièrement vénérées. Comme le prouve le cas la déesse-mère, le culte de la divinité ne s’éteint pas forcément avec la fin de son ère. Il s’adapte, se transforme au point même, comme la déesse, de partager son pouvoir avec des dieux masculins. Parfois le culte devient secondaire mais il ne disparait jamais complètement. Même dans nos églises un petit coin est réservé à la Sainte-Vierge. Parfois certains dieux peuvent être si anciens qu’ils sont déjà présents lors du tour précédent. Par exemple la déesse avec les figurines que l’on a nommées les Vénus préhistoriques ou le taureau dans la grotte de Lascaux.

LES ÈRES ASTROLOGIQUES VENUS DE WILLENDORF

Statuette de la Venus de Willendorf, 11 cm, Naturhistorisches Museum Wien, Paléolithique supérieur, Gravettien (vers 24 000 / 22 000 avant le présent) Wikimedia Commons

Lors de l’ère du Lion, c’est l’image de la déesse figurée en compagnie de félins qui a marqué les esprits pour des millénaires.

LES ÈRES ASTROLOGIQUES DAME AUX FAUVES

Figurine dite de la « Dame aux fauves » de Çatal Höyük, néolithique (6000-5500 av. J.-C.), Musée des civilisations anatoliennes, Ankara, Turquie (Wikimedia Commons)

Les deux fauves qui accompagnent la déesse sont des lions ou pour être plus précis des lionnes. Au Proche Orient et en Égypte[4] ce sont les lionnes qui sont à l’honneur, ce n’est que plus tard qu’apparait le lion mâle en tant que symbole royal. Pourquoi deux lions ? Parce que ce sont les deux lions que l’on trouve dans le ciel étoilé Leo Major et Leo Minor[5].

Miroir d'Uranie 2 lions

Grand Lion (Leo Major) et Petit Lion (Leo Minor) d’après le Miroir d’Uranie, Illustration de Sidney Hall, 1825, Source Bibliothèque du Congrès (Wikimedia Commons)

carte du ciel 2 lions

Leo Major et Leo Minor d’après la carte céleste Sirius (Éditions Freemedia, Bern)

Ce ne sont que quelques exemples, mais l’on pourrait reconstituer toute l’histoire religieuse de l’humanité grâce aux signes du zodiaque.

statue de la déesse Sekhmet

Statue de Sekhmet (1370 av. J.- C.) ©Altes Museum Berlin (Allemagne)

La religion des druides est basée sur le culte des jumeaux divins que l’on retrouve dans les grandes cultures de l’Antiquité (Mésopotamie, Égypte, Inde) et remonte à l’ère des Gémeaux (de 6580 à 4420 av. J.-C.). Ce qui signifie que même dans des civilisations très ancienne comme la Mésopotamie ou l’Égypte (vers 3100 av. J.-C.) le culte des jumeaux divins a déjà une très longue histoire derrière lui et devient presque méconnaissable. En Mésopotamie les jumeaux divins sont devenus des héros mythologiques. En Égypte, ils sont restés des dieux, mais à peine reconnaissables, en Inde l’un des deux a pris le dessus sur l’autre au point qu’il semble avoir phagocyté son frère et chez les Indo-Européens ils deviendront des dieux secondaires sous le nom de Dioscures. Seul le chaudron de Gundestrup avec ses images figées dans le temps, nous offre une lecture très ancienne, mais parfaitement reconnaissable du culte des jumeaux divins. C’est à partir du chaudron d’argent que l’on peut retracer l’histoire de ces deux frères jumeaux à travers le temps et constater qu’ils ont laissé une trace jusque dans le Christianisme. Quelques initiés ne s’y sont pas trompés comme les templiers ou Léonard de Vinci.

Monnaie Alexandre le Grand

Tétradrachme à l’effigie d’Alexandre le Grand

©JPS2021

[ACCUEIL]


[1] Découvert par l’astronome Hipparque au IIe siècle av. J.-C.

[2] Ceci est vrai si l’on partage le zodiaque en douze signes de longueur égale. Le problème est que la constellation des Poisson est gigantesque et que si l’on prend en compte sa longueur véritable nous entrerons dans l’ère du verseau pas avant l’an 2300.

[3] Ichthus ou Ichtys « poisson ». Du grec ancien ἰχθύς, ikhthús (« poisson »). Pour les premiers chrétiens, persécutés par les autorités romaines, ΙΧΘΥΣ est l’acronyme de : Ἰησοῦς, Iēsoûs Χριστός, Khristós Θεοῦ, theoû υἱός, uiós σωτήρ, sōtḗr : « Jésus Christ, fils de Dieu, sauveur ». (Source wikipedia)

[4] Par exemple Sekhmet, la déesse guerrière égyptienne à tête de lion.

[5] Cette constellation a été introduite par l’astronome Johannes Hevelius vers 1660 pour combler un espace entre la Grande Ourse et le Lion. Hevelius a-t-il inventé ce lion ou a-t-il repris une tradition plus ancienne puisqu’il a placé ce Petit Lion exactement à l’endroit qu’il fallait. Nous verrons dans un article à venir pourquoi. Il en va de même pour la constellation du Lézard.

Pour en savoir plus: Ère astrologique — Wikipédia (wikipedia.org)