POURQUOI HÉRAKLÈS EST-IL UN DEMI-DIEU ?
LES DRUIDES SAISON 2 ANNEXE 7
LES ÉTOILES CIRCUMPOLAIRES
Un phénomène astronomique permet d’expliquer pourquoi Héraklès est considéré comme un demi-Dieu.
UN DEMI-DIEU
Pourquoi Héraklès est-il un demi-dieu ?
La mythologie apporte une réponse logique à cette question. Tout simplement parce que Héraklès est le fruit de l’union entre un dieu et une mortelle. Dans la mythologie grecque, Héraklès est le fils de Zeus, le dieu suprême dans la religion grecque antique, et d’Alcmène, une mortelle, épouse d’Amphitryon.
Alcmène fut séduite, en l’absence de son mari, par Zeus qui avait pris l’apparence de celui-ci. Elle donna naissance par la suite à Iphiclès, fils issu des œuvres de son époux Amphitryon et, un jour après, à Héraclès, dont le père était le divin Zeus.
Héraclès et le lion de Némée, vers 550-540 avant J.-C., Amphore athénienne à figures noires. Musée du Louvre, Paris.
Gilgamesh, l’équivalent mésopotamien du héros grec, est lui aussi un « demi-dieu », puisqu’il est dit au deux-tiers divin. Son origine diffère selon les sources. D’après la Liste royale sumérienne, il est le fils d’un être surnaturel, un démon-lilū[1]. Dans l’Épopée de Gilgamesh, il est le descendant de la déesse Ninsun[2] et du roi d’Uruk Lugalbanda. D’après la version hittite de l’Épopée, Gilgamesh a été créé par les grands dieux, notamment le Dieu-soleil et le Dieu de l’Orage.
Gilgamesh maîtrisant un lion. Bas-relief de la façade N du palais de Khorsabad, fin du VIIIe siècle av. J.-C. Musée du Louvre. (Wikimedia Commons).
Ces grandes civilisations : sumérienne, akkadienne, hittite et grecque ont tout simplement oubliée l’origine céleste de leurs héros.
L’APPORT DE L’ASTRONOMIE
L’astronomie permet d’apporter une réponse différente à cette question.
Pour les Anciens, il existait deux sortes de constellations dans le ciel étoilé. Les constellations « immortelles » et les constellations « mortelles ».
En astronomie, on divise les constellations en deux groupes. Les constellations qui sont visibles tout au long de la nuit et à toutes les époques de l’année. Ces constellations sont appelées « circumpolaires. Autrement dit, les constellations circumpolaires sont des constellations qui pour un observateur ne disparaissent jamais sous l’horizon. Toutes les autres constellations qui disparaissent sous l’horizon et qui ne sont visibles qu’à un certain moment de la nuit ou à certaines époques de l’année sont appelées des constellations saisonnières.
LES CONSTELLATIONS MORTELLES ET IMMORTELLES
Les constellations saisonnières qui descendent sous l’horizon à un certain moment de la nuit ou de l’année sont considérées comme « mortelles » parce qu’elles descendent sous terre, donc symboliquement elles meurent. Ensuite elles effectuent un parcours dans un monde souterrain (Les Enfers) pour renaître la nuit ou la saison suivante.
À l’inverse, les constellations qui ne descendent pas sous l’horizon sont considérées comme « immortelles » parce qu’elles ne descendent pas sous terre et ne « meurent » donc jamais. Les Égyptiens les ont appelées « celles qui ne connaissent pas la destruction » ou les « impérissables »[3].
LE CAS HÉRAKLÈS
La constellation d’Hercule (Hercules) — appelé tout simplement « l’Agenouillé » en Mésopotamie — offre une particularité par rapport aux deux catégories précitées puisqu’elle ne descend que partiellement sous l’horizon. Elle ne fait partie ni des constellations « immortelles » ni des constellations « mortelles ». D’après le ciel étoilé, Héraklès n’est ni mortel ni immortel, il a un statut entre les deux. Devant ce fait astronomique, les humains ont inventé une histoire pour expliquer de façon simple cette notion d’immortalité partielle. Ils en ont fait un demi-dieu, fils d’un dieu immortel et d’une femme mortelle.
Image de la constellation d’Hercule (Hercules), tel que représenté dans le Miroir d’Uranie, un ensemble de cartes de constellation publié à Londres vers 1825. La constellation est normalement renversée les pieds vers le pôle nord et la tête vers le Sud.
Dans les temps anciens, le statut d’Héraklès a varié avec le mouvement très lent appelé la précession des équinoxes qui fait que l’étoile indiquant le pôle Nord peut changer au cours des âges. De nos jours, c’est une étoile de la Petite Ourse (Alpha Ursae Minoris) qui correspond au pôle Nord céleste. Autour de 2700 av. J.-C. l’étoile polaire était dans la queue du Dragon (Alpha Draconis). Voir à ce propos SAISON 1 ANNEXE 9 L’étoile polaire
Trajet de l’axe du pôle nord sur la voûte céleste sous l’effet du mouvement de la précession à noter l’étoile polaire actuelle à la pointe de la queue de la Petite Ourse et l’étoile polaire vers 2700 av. J.-C. dans la queue de la constellation du Dragon. (Source : Wikimedia Commons)
Cependant si l’étoile polaire change, les étoiles circumpolaires changent également et Héraklès a pu se trouver plus ou moins à l’intérieur de ce cercle de constellations élues. Dieu à part entière en 5000 av. J-C. Il n’est plus que divin au deux-tiers à l’époque sumérienne (vers 3300 av. J.-C.) et seulement un demi-dieu à l’époque de la Grèce antique. De nos jours, Héraklès a encore perdu une part de divinité et descend plus du deux-tiers sous l’horizon. Dans moins de mille ans il sera devenu un simple mortel.
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[ACCUEIL]
NOTES :
[1] Démon masculin doté d’aile.
[2] Ninsun (ou Ninsuna) est une divinité mineure de la mythologie sumérienne, dont le nom signifie en sumérien « Dame-bufflesse ».
[3] Anne-Sophie von Bomhard, , « Ciels d’Égypte. Le « ciel du sud » et le « ciel du nord » », ENiM 5, 2012, p. 73-102.
SOURCES :
Stellarium, logiciel d’astronomie en ligne. Vérification de la hauteur de la constellation d’Hercule (Hercules) au niveau de l’actuel Irak en -5000, en -3300, en -1500, en -1000, en -500 av. J.-C. Puis en 0, 500, 1000, 2000 et 3000 de notre ère.
Hercule (constellation) — Wikipédia (wikipedia.org)
POURQUOI HÉRAKLÈS EST-IL UN DEMI-DIEU ?