LES CIMBRES (2/3) : LA ROUTE DE L’AMBRE

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 7

UNE ROUTE OUBLIÉE

C’est par la route de l’ambre que le chaudron de Gundestrup est arrivé au Danemark.

ORIGINE DES CIMBRES

Comme nous l’avons vu dans un texte précédent, les Cimbres sont considérés par les chercheurs actuels comme des Germains. Pourtant leurs contemporains les ont pris pour des Celtes et les noms de leurs chefs sont tous de formation celtique : Gaesorix[1],  Lugius[2], Teutoboduus[3], Boiorix[4] ainsi que le nom donné à la mer Baltique Morimarusa (Mer Morte en gaulois[5]). Le nom de la tribu des Teutons[6] ainsi que celui de l’ile d’Abalum[7] peuvent également s’expliquer par le celtique. Quant aux archéologues, ils ont retrouvé dans l’aire d’occupation des Cimbres des objets de prestige d’origine ou d’inspiration celtique. Des chars d’apparat ou funéraires, des armes (cottes de maille, fourreaux d’épées), des parures[8] et des chaudrons bimétalliques[9]. Comment expliquer cette contradiction. Les sources antiques sont unanimes pour situer les Cimbres dans la péninsule du Jutland et autour de l’estuaire de l’Elbe (région de Hambourg). Tandis que les Teutons semblent établis un peu plus à l’est, sur l’estuaire de l’Oder et les îles danoises de la Baltique, d’où ils font commerce avec l’ambre de l’île d’Abalum. Ce caractère mixte germanique et celtique peut surprendre puisque le Jutland est loin de la sphère d’influence traditionnelle des Celtes. Pourtant des découvertes récentes permettent d’apporter une réponse satisfaisante au mystère des Cimbres.

LA ROUTE DU NORD OUEST

La solution au problème semble être la route maritime reliant la celtique occidentale (Gaule et îles britanniques) au bassin de la Vistule (Pologne)[10]. Des côtes de la Manche en passant par la mer du Nord jusqu’aux rivages de la mer Baltique. Les Celtes ont emprunté cette voie maritime jusqu’à la péninsule cimbrique, l’actuel Jutland pour chercher de l’ambre « l’or du Nord » en échange d’objet de prestige pour les élites[11]. La route de l’ambre est, avec la route de l’étain, l’une des plus importantes voies de commerce de l’Antiquité. Or, ce sont sur les rivages de la mer Baltique que se trouvent les plus grands gisements d’ambre au monde. Depuis la préhistoire, l’ambre est utilisé comme bijou sous forme de perles, de pendentifs ou d’anneaux et se négocie à prix d’or.

LA ROUTE DE L’AMBRE. Collier d’ambre trouvé dans une tombe de la culture Hallstatt (Magdalenenberg).

Collier d’ambre trouvé dans une tombe de la culture Hallstatt (Magdalenenberg). Franziskanermuseum Villingen-Schwenningen.

Des objets en ambre de la Baltique ont aussi été découverts dans la chambre funéraire du pharaon Toutankhamon, qui date de 1350 av. J.-C. Les Égyptiens et les Mycéniens importaient cette résine précieuse en empruntant la route de l’ambre terrestre.

LE COMMERCE DE L’AMBRE

La route maritime part des côtes de la Manche (tant côté gaulois que côté brittonique) et remonte la mer du Nord jusqu’à l’estuaire de l’Elbe et les rivages de la péninsule du Jutland. Il semble que les Celtes n’ont pas tenté d’arriver eux-mêmes aux sources de l’ambre en mer Baltique[12]. Les dernières étapes de cette route de l’ambre étant assurées par les populations locales. Pline l’Ancien raconte d’après le témoignage de Pythéas que les habitants de l’île d’Abalum récoltent l’ambre et le revendent aux Teutons leurs voisins[13]. Abalum pourrait correspondre à la Sambie qui est une péninsule sur la côte sud-est de la mer Baltique. L’historien et géographe grec Hérodote, au Ve siècle av. J.-C., la dénomme « pays de l’ambre ». D’après Tacite, c’est sur cette presqu’île que vivent les Estiens (Aestii), qu’ils sont le seul parmi tous les peuples qui récoltent de l’ambre. Que leurs usages et leur habillement sont ceux des Suèves (des Germains), mais que leur langue ressemble davantage à celle des Bretons (des Celtes). Qu’ils vénèrent la Mère des dieux et, comme emblème de leur croyance, qu’ils portent des images de sangliers[14]. Encore un peuple mi celtique mi germanique. Dans leur voisinage, il y a un autre peuple qui va jouer un rôle déterminant dans le commerce de l’ambre : les Vénètes qui habitent à l’est de la Vistule. Tacite se demande s’il faut les qualifier de Germains ou de Sarmates[15].

LES PEUPLES DE LA MER DU NORD

Avec ces informations nous pouvons mettre en place une géographie des habitants des côtes de la mer du Nord et de la Baltique. Les Estiens récoltent l’ambre sur l’ile d’Abalum, qu’ils revendent aux Teutons leurs voisins. Ce sont les Teutons qui contrôlent le commerce de l’ambre en mer Baltique. Les Teutons revendent l’ambre aux Cimbres qui à leur tour le vendent aux Celtes. Tout au long de cette route commerciale majeure, la langue celtique est le moyen de communication pour le commerce et la diplomatie. Comme les princes celtes avant eux, les chefs cimbres se sont enrichis avec le commerce de l’ambre, en protégeant les routes commerciales et en prélevant un droit de passage[16]. L’exemple des princes et princesses de la Celtique semble se répéter avec les peuples du Nord. Tous ces peuples germains se sont celtisés grâce au commerce de l’ambre. La celtisation a été plus importante le long des grands axes commerciaux, et moindre dans le reste du nord de l’Allemagne.  Les noms celtes des chefs cimbres et teutons semble démontrer l’influence d’une langue celtique sur les élites de ces deux peuples germains[17]. C’est une celtisation superficielle qui ne touche que les aristocrates[18], les marchands et quelques artisans et ne semble pas avoir touchée les couches inférieures de la population.

PRINCES ET PRINCESSES DE LA CELTIQUE

En Europe de l’Ouest, les princes celtes deviennent riches et puissants en garantissant la sécurité des routes commerciales (tant routières que fluviales). Dans les sépultures de ces puissants personnages[19] on retrouve des chars, des bijoux en or (torques et bracelets), ainsi que des pendentifs en ambre provenant des contrées nordiques. Ces personnages importants reçoivent des cadeaux prestigieux de la part de leurs partenaires commerciaux étrusques et grecs, et ce sont souvent des récipients de grande valeur comme par exemple le cratère de Vix et le chaudron de bronze de Hochdorf. Le chaudron de Gundestrup semble être, lui aussi, un de ces cadeaux diplomatiques offert aux chefs cimbres[20].

LA ROUTE DE L’AMBRE. Chaudron de bronze découvert dans la Sépulture de Hochdorf

Chaudron de bronze découvert dans la Sépulture de Hochdorf d’une contenance de 550 litres et un diamètre maximum de 1 m. La tombe date de la fin du VI e siècle av. J. -C. (vers -530 / -500), et appartient à la culture de Hallstatt. Das Landesmuseum Württemberg, Stuttgart, Bade-Wurtemberg, Allemagne. (photo : pinterest).

LA ROUTE DE L’AMBRE. Cratère de Vix

Cratère d’une capacité de 1100 litres, de 1.64 m de haut, découvert dans le tombeau de la princesse de Vix, fabriqué par un atelier corinthien grec d’Italie du Sud vers 525 av. J.-C., exposé au musée du Pays châtillonnais, à Châtillon-sur-Seine. Côte-d’Or, Bourgogne, France.

Voir ANNEXE 13 Les chaudrons celtiques

UN OBJET DE PRESTIGE

Les récipients de Vix et de Hochdorf sont des cadeaux diplomatiques. Cependant, ce sont aussi des commandes. L’objet reflète, le caractère, la fonction et même les croyances du commanditaire. Ce n’est pas simplement un bel objet. Le propriétaire s’identifie au contexte iconographique de ces objets de prestige. Prenons l’exemple du chaudron retrouvé dans la tombe de Hochdorf qui est orné de trois grandes figurines de lions. De nombreux objets, plats, assiettes, cornes à boires, banquette à trois places sont conçu pour servir lors de somptueux banquets et d’après la taille et la richesse de l’ornementation de ces objets on peut déterminer une hiérarchie au sein de ces assemblées. Les archéologues pensent que trois personnages en particulier, parmi les convives, sont mis en avant lors de ces banquets. D’où l’idée que chaque lion représente un de ces princes celtes, Chaque guerrier pouvant être symbolisé métaphoriquement par un animal sauvage prestigieux. Le lion étant un symbole guerrier et royal, incarnation du pouvoir et de la justice. Ces chefs de tribus, sans aucun doute de grands guerriers, se voyait comme des lions, puissants et courageux dans le combat. Ces trois princes au sein d’une assemblées plus large scellent leur entente lors de grands banquets. Le chaudron symbolise donc à travers son iconographie l’alliance entre trois personnages importants de l’âge du fer. La symbolique du cratère de Vix est encore plus complexe et sort amplement du cadre de cet article[21].

LES VÉNÈTES ET LA ROUTE DE L’AMBRE

Cette route maritime de l’ambre permet d’apporter une réponse à un autre mystère. En effet, on retrouve des peuples que l’on appelle Vénètes (en latin Veneti) un peu partout en Europe sans vraiment trouver une explication convaincante. Les Vénètes se localisent en Gaule, dans les îles britanniques, en Italie et Tacite, au IIe siècle, note que les Vénètes habitent sur les marges orientales de la Germanie, dans le bassin de la Vistule (Pologne).

Au point de départ de cette route maritime menant jusqu’aux rivages de la mer Baltique nous trouvons un peuple de marin dénommés Vénètes en Armorique, ce sont les plus grands marins des côtes de l’Atlantique. Nous les appellerons comme les auteurs de l’Antiquité, les Vénètes de l’océan. À l’autre bout de la route maritime de l’ambre sur les rivages de la Baltique nous trouvons un autre peuple dénommé Vénètes, les Vénètes de la Baltique[22]. On peut formuler l’hypothèse suivante, que les Vénètes de la mer Baltique sont une colonie des Vénètes de l’océan. Cependant, il semble bien que les Celtes soient allés au bout de cette route commerciale de l’ambre. Que des peuples établissent des colonies ou des comptoirs dans des terres lointaines n’est pas rare dans l’Antiquité. Un parallèle se trouve en Méditerranée avec Massalia (Marseille) qui est une colonie grecque fondée par des Phocéens vers 600 avant J-C. Un autre exemple célèbre sont les Phéniciens, fondateurs de Carthage sur les rivages de l’actuelle Tunisie en 814 av. J.-C., La route maritime de l’ambre est le lien entre ces deux peuples qui portent le même nom. Les Vénètes sont les organisateurs du commerce de l’ambre. De la récolte qu’ils achètent aux Estiens aux débouchés en Europe occidentale, en passant par les différents peuples — Cimbres et Teutons — qui jalonnent la route maritime et auxquels ils payent un droit de passage. Le contact avec les Vénètes a entraîné une celtisation superficielle de leurs partenaires commerciaux. La guerre des Gaules et la défaite des Vénètes de l’océan face à Jules César ont interrompu le trafic maritime avec la Baltique. Pourtant cette route maritime existe depuis le IIème millénaire avant notre ère, les Celtes ont repris ces mêmes routes commerciales et après eux ce sont les Romains qui se sont emparés du commerce de l’ambre. Au Ier siècle av. J.-C., les Romains importent à prix d’or l’ambre de la Baltique. L’ambre est utilisé, à la fois comme objet précieux et objet de décoration. On en fait des perles, des bagues, des boîtes, des statuettes et on l’utilise même comme médicament.

LE TRIANGLE D’OR DU COMMERCE DE L’AMBRE

Mais ce n’est pas tout, la route terrestre de l’ambre part des rives de la Baltique traverse l’Europe centrale. Elle aboutit au bord de l’Adriatique dans le port d’Aquilea en Vénétie. Autre pays des Vénètes, avec aujourd’hui Venise pour capitale. Il y a encore mieux, Strabon affirme que : « Je serais assez porté à croire que les Vénètes de l’Adriatique sont une colonie de ces Vénètes de l’Océan[23] ». La boucle entre les veneti de l’océan, de la Méditerranée et de la Baltique est bouclée. D’autres vénètes, (Venedi ou Venedoti), habitent l’île de Bretagne dans un pays nommé Venedotia[24], Gwynedd en langue galloise. Ce nom désigne à l’époque romaine le nord-ouest du Pays de Galles[25]. Le Gwynedd est un centre actif du druidisme avant la conquête romaine. En particulier l’île de Môn (en latin insula Mona, en gallois : Ynys Môn, en anglais : Anglesey). D’après Tacite, l’île était un grand sanctuaire druidique qui est détruit par les Romains en 61 ap. J.-C. Ces quatre peuples n’en formaient vraisemblablement qu’un seul, et assuraient le commerce de l’ambre du point de départ au point d’arrivé que ce soit par voie maritime comme par voie terrestre. Voir ANNEXE 15 L’origine des constellations

DES CADEAUX DIPLOMATIQUES

Comme ce sont les Vénètes qui ont le monopole du commerce de l’ambre par voie maritime. Ce sont donc eux qui offrent des cadeaux diplomatiques — chars d’apparat, des armes, des parures et des chaudrons — aux chefs des tribus qui jalonnent la route maritime de l’ambre. Le chaudron de Gundestrup est un de ces cadeaux prestigieux que les Vénètes de l’Océan ont offert aux chefs cimbres. Mais le chaudron de Gundestrup n’est pas le seul objet de prestige que l’on retrouve dans les contrées nordiques ; loin de l’aire d’influence habituelle des Celtes. L’archéologie a apporté des preuves de ces contacts réciproques, entre la Gaule, les îles britanniques d’une part et les côtes du Danemark et de la Baltique de l’autre part. Par exemple des fibules[26], des plaques ajourées selon la technique appelée opus interrasile[27], des fourreaux d’épées avec des frettes en forme de triple esses, des clous émaillés[28] de style celtique, ainsi que des objets ornés de têtes de bovidé aux cornes bouletées. Tous ces objets sortent, ou sont inspirés par des produits, du seul lieu de production connu : les ateliers de Bibracte, capitale du peuple des Éduens[29]. Il y a également les chaudrons bimétalliques celtiques, déjà cités. Ces découvertes se concentrent dans la péninsule du Jutland et le bassin de l’Elbe, territoires supposés des Cimbres. Comme par exemple le fragment du chaudron en bronze de Rynkeby retrouvé dans la tourbière d’Illemose[30] sur l’île danoise de Fyn.

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 7 Chaudron de Rynkeby,

Chaudron de Rynkeby, d’un diamètre initial de 70 cm. Tête humaine avec un énorme torque autour du cou, entourée de part et d’autre de protomés en forme de taureaux (Source pinterest).

Quelques pièces de monnaies celtiques occidentales ont été également retrouvées. Des statères des Corieltauvi et des Trinovantes, tous deux des peuples britanniques. D’autres pièces viennent du bassin de la Meuse et de la Sambre en Gaule Belgique. D’autres encore sont attribués aux Séquanes[31] et aux Coriosolites[32]. Ces monnaies recouvrent en grande partie les zones de répartition des chaudron bimétalliques. Autre marqueur celtique, les cottes de mailles très rares en dehors de l’aire d’occupation des Celtes[33]. Mais aussi les torques[34]. La Scandinavie est le seul territoire en dehors de la zone celtique dans lequel des torques en or de type Havor ont été retrouvés. Intéressons-nous un instant au trésor de Havor, découvert en 1961 à Hablingbo sur l’île suédoise de Gotland. La découverte se compose d’un grand récipient en bronze de l’époque romaine, une situle[35] contenant un grand torque en or, quatre coupes à vin romaines, une passoire en bronze et deux cloches en bronze. Le torque a un diamètre de 25.7 cm et pèse près de 800 grammes. Les torques en or (dit de type Havor[36]) sont des objets fabriqués par les autochtones, mais ils présentent des ressemblances avec des modèles laténiens[37]. De même, ils ressemblent aux torques représentés sur le chaudron de Gundestrup.

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 7 Réplique de l’anneau d’or de Havor,

Réplique de l’anneau d’or de Havor, l’original ayant été volé en 1986. © Historiska Museet, Stockholm, Suède.

Les archéologues ont également découvert des chars d’apparat, qui sont des importations celtiques. Six de ces chars ont été trouvés dans des tombes au Danemark[38]. Le plus célèbre est celui de Dejbjerg.

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 7 Le char à quatre roues de Dejbjerg

Le char à quatre roues de Dejbjerg, fabriqué dans un atelier celtique du sud de l’Allemagne ou du nord-est de la France au 1er siècle av. Retrouvé démonté dans la tourbière de Dejbjerg en 1880 et en 1883. © The National Museum of Denmark, Department of Ethnography.

Pour appuyer cette théorie d’une route maritime entre la Gaule du Nord et la péninsule cimbrique il faut également signaler la présence de têtes de taureaux aux cornes bouletés. Ces objets typiquement celtiques ont été adopté puis adaptés aux besoins des populations autochtones. Ils ornent les pièces métalliques, des cornes à boire et des fibules. Ces cornes bouletées se retrouvent sur un casque porté par un personnage lors de deux scènes importantes sur le chaudron de Gundestrup.

Exemples du motif de la tête du taureau aux cornes bouletées

Exemples du motif de la tête du taureau aux cornes bouletées provenant du bassin de la mer Baltique.1. Kvinneby, Öland, Suède. 2. Klein-Moitzow, Allemagne. 3. Sophienborg, Zélande, Danemark. 4. Søften, Danemark. 5. Mingfen/Miętkie, Pologne. (Source : Tomasz Bochnak)

On peut même avancer l’idée que les cornes manquantes du taureau sacrifié sur la plaque du fond du chaudron étaient peut-être des cornes de ce type.

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 7 Taureau aux cornes bouletée de Troyes

Taureau aux cornes bouletées, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de la ville de Troyes, France. (G.Garitan, Wikimedia Commons).

Tous ces objets mettent en évidence les contacts entre la Scandinavie et l’Europe celtique. Pourtant, si le chaudron fait partie de ces objets de prestige, il s’en différencie néanmoins par sa magnificence. Aucun des autres chaudrons retrouvés n’est en argent, et aucun ne porte une si riche iconographie.

©JPS2021

Voir également:

ANNEXE 14 Le mystère des momies des tourbières

[SAISON 1 ÉPISODE 8]

[ACCUEIL]

Bibliographie :

À propos de la route maritime de l’ambre :

Tomasz Bochnak, L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : Une route méconnue du second âge du fer ? disponible sur le site www.academia.edu

Wojciech Nowakowski, Katarzyna Bartkiewicz. Baltes et proto-Slaves dans l’Antiquité. Textes et archéologie. In : Dialogues d’histoire ancienne, vol. 16, n°1, 1990. pp. 359-402. Disponible sur www.persee.fr

Les chaudrons bimétalliques :

Quentin Sueur. La vaisselle métallique en Gaule Belgique à la veille de la Conquête : répartition spatiale et perspectives de recherches. Germania: Anzeiger der Römisch-Germanischen Kommission des Deutschen archäologischen Instituts, 2017, disponible sur www.academia.edu

Les taureaux à cornes bouletées :

Nathalie Ginoux, Éléments d’iconographie celtique : le thème du taureau à cornes bouletées dans le répertoire du Nord de la Gaule, Dans Revue du Nord 2006/5 (n° 368), pages 128 à 150, disponible sur www.cairn.info

La tombe de Hochdorf :

Stéphane Verger, La grande tombe de Hochdorf, mise en scène funéraire d’un cursus honorum tribal hors pair, disponible sur www.vasedevix.fr

Image mise en avant:

Chaudron de Rynkeby

Détail du chaudron de Chaudron de Rynkeby

[1] Gaesorix « roi de la lance » (gaesa = lance et rix = roi).

[2] Lugius d’après Lug ou Lugus, principal dieu gaulois et que l’on retrouve en Irlande sous la forme de Lug ou Lugh et de Lleu au Pays de Galles. De Lugu « lumineux » « brillant ».

[3] Teutoboduus à partir de la racine teut, teuta « tribu » ou « peuple », irlandais tuatha de même sens et boduos, bodua « corneille » qui est également le nom d’une déesse guerrière.

[4] Boiorix soit « le roi des Boïens » soit « le roi des frappeurs » de boios = frappeur.

[5] De mor = mer et maro= mort. Quand Tacite parle de la mer Baltique lorsqu’il évoque le peuple des Estes parle d’une mer calme et presque immobile. Une mer morte ?

[6] Teutoni de teut, teuta « tribu » ou « peuple.

[7] Ou Abalus de abalo, aballo « pomme » « pommier » avec une variante avallo. L’île des pommiers. La racine indo-européenne abo, apol signifie fruit, pomme et les langues indo-européennes emploient pour désigner le pomme le radical ap,ab,af,ou av que l’on retrouve dans l’anglais apple l’allemand Apfel, le gallois afal, le breton aval et dans le vieil irlandais aball (pommier).

Abalum est l’île de l’ambre. L’ambre est appelé les « larmes d’Apollon », or Apollon, le dieu lumineux des Grecs, est l’équivalent du dieu gaulois Belenos ou Bel « le brillant », Abellio en Aquitaine et Beli au Pays de Galles. « Dans les différents dialectes grecs le nom d’Apollon peu prendre de nombreuses formes, les Ioniens et les Athéniens le nomment Apollōn, les Thessaliens le contractent en Aploun. Les Doriens utilisaient le nom Apellōn ce qui ressemble au Chypriote Apeilōn. […] les grecs appellent leur assemblée ekklesia, les Spartiates usent le terme appela, dans leur dialecte Apellon signifie « le dieu de l’assemblée ». Fritz Graf, Apollo, Routledge, London-New-York, 2009, p111.

Il semble qu’à travers une des nombreuses étymologies possibles que l’on peut attribuer au dieu Apollon il y en a une avec un lien avec la pomme. Abalum en tant qu’« île des pommiers » rappelle l’île d’Avallon (Ynys Avallach) dont le nom provient du celtique « pomme ». Avallon est une ile mythique sur laquelle règne la fée Morgane et ses sœurs, c’est là que repose le roi Arthur, blessé lors de la bataille de Camlan. En Irlande Emain Ablach « terre des pommiers » désigne l’Île Bienheureuse des Celtes. Souvent dans la mythologie les pommes sont en or, comme les pommes d’or du jardin des Hespérides. La pomme devient un symbole solaire. Sur l’île d’Abalum, les Teutons récupèrent de l’ambre qui est lui aussi un symbole solaire.

[8] Fibules, torques en or et ceintures métalliques ornées d’émail.

[9] Le chaudron bimétallique est un récipient typiquement celtique qui se développe en Gaule à partir de la Tène moyenne, environ 250 av.-C., et sont utilisés jusqu’au troisième siècle de notre ère sans modifications majeures. Il se compose d’une cuve hémisphérique en tôle de bronze martelée. Un col cylindrique en tôle de fer ou de bronze est fixé à l’aide de rivets sur la cuve. Le col est serti dans un anneau de fer qui assure la rigidité de l’ensemble. En général deux anneaux de fer sont fixés au col pour suspendre le chaudron au-dessus du feu.

[10] Les liens entre la Celtique et le territoire contrôlé par les Cimbres sont basés sur l’excellent article de Tomasz Bochnak, L’itinéraire maritime et fluvial entre la Celtique occidentale et le bassin de la Vistule : Une route méconnue du second âge du fer ? disponible sur le site www.academia.edu. C’est une étude exhaustive sur l’influence de la Celtique sur l’Europe du Nord au niveau historique, archéologique, économique, sociologique, culturel, géographique et technique. La présence d’objets d’importation ou d’inspiration celtique ne peut être expliqué que par des contacts directs entre le Jutland et la Gaule du nord et les îles britanniques.

[11] L’ambre et certainement d’autres marchandises, notamment des fourrures. Strabon dans sa description du commerce romain avec les peuples britanniques (Géographie, IV, 5, 2-3) cite le blé, le bétail, l’or, l’argent, le fer, des cuirs, des esclaves et d’excellents chiens de chasse. La plupart de ces « marchandises » ne laissent aucune trace archéologique.

[12] Tomasz Bochnak, l’auteur de l’étude sur cette route maritime qui relie l’ouest de l’Europe avec les côtes de la Baltique riche en ambre, pense que les Celtes ne sont pas allés jusqu’au bout de cette route commerciale. Nous allons voir que ce n’est pas aussi certain.

[13] Histoire naturelle, XXXVII,11,5.

[14] Tacite, La Germanie, XLV. À propos des Estiens voir Nowakowski Wojciech, Bartkiewicz Katarzyna. Baltes et proto-Slaves dans l’Antiquité. Textes et archéologie. In : Dialogues d’histoire ancienne, vol. 16, n°1, 1990. pp. 359-402. Disponible sur www.persee.fr.

[15] Il faut dire que nous sommes au confins du monde connu durant l’Antiquité.

[16] Les Cimbres tiennent un passage stratégique important. Pour éviter une navigation trop longue et surtout dangereuse autour de la péninsule du Jutland, les bateaux devaient passer par un des cours d’eau du sud de la péninsule puis franchir par portage la terre ferme sur quelques kilomètres puis reprendre une autre rivière qui se jette dans la Baltique. Tomasz Bochnak en cite plusieurs qui peuvent entrer en compte. Les Vikings ont utilisé le même procédé près de mille ans plus tard pour passer leurs bateaux d’un cours d’eau à un autre. En Grèce durant l’Antiquité, un chemin dallé en calcaire dur, nommée diolkos, pourvu de deux rainures parallèles distantes d’environ 1,6 mètre, permettait de faire traverser l’isthme de Corinthe aux navires, évitant ainsi de contournement du Péloponnèse. La diolkos fonctionna durant plus de sept siècles. On préfèrera toujours passer par le canal de Panama que de passer par le cap Horn.

[17] Plutarque indique que peu de temps avant la bataille d’Aquae Sextia (Aix-en-Provence), Quintus Sertorius pour espionner les Cimbres et les Teutons s’habille à la mode gauloise et apprend des rudiments de gaulois pour pouvoir infiltrer les barbares.

[18] Les chrétiens ont toujours converti les rois en premier. Il semble que les druides ont appliqué la même méthode dans le cas des Cimbres. Le pape Grégoire le Grand envoya Augustin en 597 pour évangéliser le Kent accompagné de cinquante autres moines. Trois mois plus tard, le roi était baptisé et sept ans plus tard, tout le royaume de Kent était chrétien.

Augustin de Canterbury, probablement né à Rome et mort le 26 mai 604 à Canterbury, dans le Kent (Angleterre). Augustin, parfois appelé Austin, est le premier archevêque de Canterbury, apôtre de l’Angleterre et fondateur de l’Église chrétienne d’Angleterre du Sud.

[19] Par exemple le tombeau de la princesse de Vix et la sépulture du prince de Hochdorf.

[20] Strabon (VII, 2. 1) confirme l’utilisation diplomatique de chaudrons lorsqu’il rapporte que les Cimbres avaient offert à l’empereur Auguste leur chaudron le plus sacré pour demander son pardon et obtenir son amitié.

[21] Je m’en suis expliqué dans un long chapitre consacré à la déesse mère des Celtes dans un ouvrage intitulé Les dieux des druides Tome II (non publié).

[22] Les sources antiques désignent par Veneti, Venethi, Venedi ou encore Venedae, chez Ptolémée, une population riveraine de la Vistule, entre Germains et Sarmates.

[23] Strabon IV, 4.

[24] César nomme le territoire des Vénètes d’Armorique Venetia (César, Guerre des Gaules, III, 9, 9)

[25] Le nom des Vénètes s’est conservé dans celui de la ville de « Vannes » (Morbihan, Bretagne) appelée Gwened en breton.

[26] La fibule (du latin fibula signifiant attache) est une agrafe en métal, qui sert à fixer les extrémités d’un vêtement.

[27] L’opus interrasile est une technique de joaillerie qui consiste à ajourer un objet en métal à l’aide d’un burin afin de créer un décor.

[28] La Scandinavie et le Schleswig-Holstein sont les seules régions en dehors de la zone celtique à avoir livrés des objets décorés d’émail. Par exemple des rivets émaillés de style celtique sur des ceintures métalliques.

[29] Les Éduens ou Héduens (Haedui en latin) étaient un peuple de la Gaule celtique.

[30] Il y a trois autres chaudrons incomplets avec des protomés en forme de tête de taureau, c’est pourquoi ils sont appelés de type Illemose. Celui de Rä de l’île de Lolland, celui de Sophienborg sur l’île de Seeland, ainsi que celui de Gärdby sur Öland. L’exemplaire le plus ancien est le chaudron de Brå découvert dans une tourbière dans l’est du Jutland en 1952 et daté du 3e siècle av. J.-C.

[31] Les Séquanes (Sequani en latin) sont un peuple gaulois établi à l’est de la Gaule.

[32] Les Coriosolites sont un peuple gaulois de Bretagne armoricaine.

[33] À Hjortspring sur l’île d’Als (île danoise qui se situe dans la mer Baltique) un bateau de 21 m a été découvert dans une tourbière lors de fouilles en 1921. L’embarcation présente une longueur hors-tout de vingt et un mètres, pour une longueur intérieure utile de treize mètres sur deux mètres de large et un poids à vide d’environ 500 kg. Soixante-quatre boucliers ont également été trouvés ainsi que cent soixante-neuf lances et onze épées. Mais surtout entre dix à vingt cottes de maille furent découvert lors des fouilles. Les cottes de maille trouvées lors dette découverte exceptionnelle datant de 350 av. J. -C. constitue le plus ancien témoignage d’un contact en Celtes et Germains. Les archéologues pensent que ce bateau faisait partie d’une expédition guerrière composés de six à huit bateaux avec un équipage de vingt guerriers-rameurs.  Ces hommes bien équipés étaient issus d’une société qui avaient des contacts avec des Celtes. Ce bateau retrouvé à Hjortspring est le témoignage d’une bataille entre envahisseurs et autochtones. Ces derniers ont gagné la bataille. Le bateau, l’équipement et l’armement ont ensuite été jetés dans le marais. En sacrifice aux Dieux. Les cimbres ont fait de mêmes avec les restes de l’armée romaine après la bataille d’Arausio. Lorsque les survivants sont massacrés et l’ensemble du butin est sacrifié aux dieux, l’or et l’argent sont jetés dans le fleuve, les vêtements sont déchirés et les armes brisées, les prisonniers sont pendus et les chevaux noyés.

[34] Le torque est un collier qui est porté par les Celtes au cours de l’âge du fer.

[35] Dans la religion romaine, la situle est le vase le plus couramment employé pour contenir l’eau lustrale, et elle figurait, à ce titre, dans la plupart des cérémonies du culte privé et public.

[36] Cinq torques similaires mais plus petits ont été trouvés ; un à Trollhättan, un dans une tourbière du Jutland, deux près de Kiev et un à Olbia au bord de la mer Noire.

[37] La culture de La Tène, ou second âge du fer, est une culture archéologique qui se développe en Europe, entre environ 450 et 25 av. J.-C. Considérée comme l’apogée de la culture celtique, elle succède à la culture de Hallstatt (1200 à 500 av. J.-C.) et s’achève avec la conquête romaine de la Gaule.

[38] Dankirke, Fredbjerg, Kraghede et Langå qui sont des tombes à incinération. Dejbjerg contenait les restes de deux chars d’apparat, l’un est considéré comme une importation celtique tandis que le second est d’inspiration celtique, mais de fabrication locale.