LA MISSION DART

SAISON 2 ANNEXE 19

Pour éviter qu’un astéroïde ne percute notre planète et ne raye la majeure partie de la vie sur terre, comme celui d’il y a 66 millions avec les dinosaures. La Nasa envisage de dévier les astéroïdes qui viendrait croiser l’orbite de la terre. C’est l’objectif de la mission Dart.

LA MISSION DE LA DERNIÈRE CHANCE EN CAS D’IMPACT

La mission DART fait partie du programme de défense planétaire de l’agence spatiale américaine, mis sur pied à compter de la fin des années 1990 et qui comprend également le recensement exhaustif des astéroïdes géocroiseurs présentant un risque notable par leur taille pour notre à l’aide d’observatoires terrestres et spatiaux.

La NASA a mis en place en 1998 le programme Spaceguard de détection des astéroïdes géocroiseurs (dont l’orbite coupe celle de la Terre) ayant un diamètre supérieur à 1 km. Cette dimension a été retenue car l’impact d’un tel astéroïde pourrait amener l’extinction de l’humanité.

DART (« fléchette ») qui signifie Double Asteroid Redirection Test (« Test de déviation d’un astéroïde double ») est une méthode permettant de dévier un astéroïde susceptible de percuter la Terre (astéroïde géocroiseur).

SUCCÈS DE LA MISSION

L’agence spatiale américaine a annoncé mardi 11 octobre 2022 avoir réussi à dévier un astéroïde de sa trajectoire en projetant, fin septembre, un vaisseau de la taille d’un gros réfrigérateur contre sa surface. En percutant Dimorphos, Dart a réduit son orbite de 32 minutes.

Le vaisseau de la mission Dart s’était délibérément écrasé contre l’astéroïde Dimorphos, qui est le satellite d’un astéroïde plus grand nommé Didymos. D’où le nom de « double astéroïde » pour cette mission. Le vaisseau kamikaze a voyagé durant dix mois depuis son décollage, en Californie avant d’atteindre son objectif.

Dimorphos, situé à quelque 11 millions de kilomètres de la Terre au moment de l’impact, mesure environ 160 mètres de diamètre et ne représente aucun danger pour notre planète. Des images de l’astéroïde prises peu avant l’impact, montrent que sa surface est grise et rocailleuse et qu’il a une forme d’œuf. La mission a permis de constater que l’astéroïde s’apparentait plus à un amalgame de gros rochers liés par leur mutuelle gravité qu’à une masse solide.

Photo fournie par la Nasa le 11 octobre 2022 montrant l’astéroïde Dimorphos vue par le vaisseau de la mission Dart quelques secondes avant l’impact. Source :Nasa/Jons Hopkins APL/AFP – Handout

L’objectif semble relativement modeste comparé aux scénarios catastrophe de films de science-fiction. Cependant cette mission, sans précédent de défense planétaire, est la première à tester une telle technique. Elle permet à la Nasa de s’entraîner au cas où un véritable astéroïde « tueur de planète » menacerait un jour de frapper la Terre.

LES DÉTAILS DE LA MISSION SPATIALE

La mission DART de la Nasa pour faire dévier un astéroïde (AFP – Jonathan Walter)

Pour établir de combien la trajectoire de l’astéroïde a été altérée, il a fallu attendre que les scientifiques analysent les données de télescopes au sol se trouvant au Chili, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis.

Puis les télescopes James Webb et Hubble, les plus puissants observatoires spatiaux, ont révélé les vues détaillées de l’impact du vaisseau de la Nasa, montrant notamment le mouvement de la matière arrachée à l’astre. Tout ceci doit permettre de mieux comprendre la composition de Dimorphos, représentatif d’une population d’astéroïdes assez communs, et donc de mesurer l’effet exact que cette technique – dite à impact cinétique – peut avoir sur eux.

UN DANGER POTENTIEL

Près de 30.000 astéroïdes de toutes tailles ont été catalogués dans les environs de la Terre. Aujourd’hui, aucun de ces astéroïdes connus ne menace notre planète pour les 100 prochaines années. Sauf qu’ils ne sont pas encore tous recensés. Ceux d’un kilomètre et plus ont quasiment tous été repérés, selon les scientifiques. Mais ils estiment n’avoir connaissance que de 40% des astéroïdes mesurant 140 mètres et plus — ceux capables de dévaster une région entière.

Des dizaines de tonnes de roches interplanétaires tombent chaque jour sur notre planète. Leur taille varie de quelques centimètres à plusieurs mètres de large. Tandis que la plupart se désintègrent dans l’atmosphère, les plus grosses produisent des météorites qui atteignent le sol, généralement sans dommage. Mais des objets beaucoup plus volumineux croisent aussi l’orbite de la Terre. Dans la trajectoire plus ou moins elliptique qu’ils effectuent autour du Soleil, ils peuvent s’approcher à moins de 50 millions de kilomètres. Et même, pour les plus dangereux, à moins de 7 millions de kilomètres, accentuant le risque de collision dans un horizon plus ou moins lointain. La Nasa se veut rassurante et les astéroïdes recensés à l’heure actuelle ne représentent pas de danger pour la Terre. Sauf surprise comme c’était le cas avec le météore de Tcheliabinsk ou l’astéroïde 2023 NT1. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 18 Un astéroïde a frôlé la terre… et n’a été détecté que deux jours plus tard

DES TUEURS DE PLANÈTE

Le nombre des géocroiseurs est inversement proportionnel à leur taille et à leur fréquence d’impact. Seuls quatre spécimens de plus dix kilomètres de diamètre ont ainsi été identifiés dans l’environnement de la Terre. S’ils la percutaient, ils engendreraient un cataclysme similaire à celui qui s’est produit il y a 66 millions d’années, lorsqu’un tel monstre a percuté la Terre dans le Yucatán, au large du Mexique. En soulevant des milliards de tonnes de poussières dans la haute atmosphère (sans compter l’onde de choc gigantesque, les tempêtes de feu, les secousses sismiques, les tsunamis etc.), l’impact aurait bloqué durablement les rayons du Soleil et transformé le climat. Résultat : une suite de conséquences provoquant l’extinction de 75 % des espèces dont les dinosaures non aviens. Voir SAISON 2 ANNEXE 16 L’astéroïde tueur de dinosaures

Très rare, ce type d’événement ne se produirait que tous les 100 à 200 millions d’années.

Les dimensions des géocroiseurs sont inversement proportionnelles à leur nombre et à leur fréquence d’impact. Crédits : Bruno Bourgeois. Source : Science&Avenir

LE CAS APOPHIS

(99942) Apophis est un astéroïde géocroiseur, qui fut découvert le 19 juin 2004. Mesurant environ 325 mètres de diamètre et d’une masse d’environ 40 à 50 millions de tonnes, ce qui d’après le tableau ci-dessus suffirait à dévaster une métropole. Apophis suit une orbite proche de celle de la Terre qu’il croise deux fois à chacune de ses révolutions.

Les premières observations de l’astéroïde tendaient à donner une probabilité non négligeable d’une collision avec la Terre le vendredi 13 avril 2029 (ça ne s’invente pas). L’astéroïde avait alors été classé au niveau 4 sur l’échelle de Turin, ce qui fut un cas unique. Cependant, de nouvelles observations ont précisé davantage sa trajectoire et ont écarté la possibilité d’une collision avec la Terre ou la Lune pour 2029. En effet, l’astéroïde doit alors passer à environ 31 600 km de notre planète (ce qui est peu, la distance moyenne de la terre à la lune est de 384 400 km et moins que l’altitude des satellites géostationnaires qui est de 36000 km).

LA PERSONNIFICATION DU CHAOS

L’astéroïde est nommé d’après Apophis (nom en grec du serpent géant que les Égyptiens nommaient Âpep), manifestation de la force primordiale des ténèbres et du Chaos cherchant à anéantir la création divine. Description qui correspond parfaitement à un astéroïde qui peut heurter la Terre. Apophis est représenté sous les traits d’un serpent géant.

Dans la mythologie égyptienne, Seth est avant tout représenté comme un être négatif et brutal puisqu’il est l’assassin d’Osiris et l’usurpateur des droits monarchiques d’Horus. Malgré ces traits négatifs, il est un dieu et apparaît également comme étant celui qui repousse le serpent Apophis, l’incarnation du chaos primordial. Cet épisode positif fait de Seth un dieu protecteur dont la force et la puissance sont au service des cycles cosmiques. Le soir, lorsque la barque de Rê passe du ciel au monde souterrain, elle est assaillie par le serpent Apophis, lové derrière les montagnes de l’horizon. Rê doit vaincre cet être chaque nuit pour assurer le renouveau du jour et la continuation du monde. Au cours de cette navigation nocturne dans le monde inférieur, Seth se tient à l’avant de la barque et transperce le serpent de sa lance, protégeant ainsi Rê et son équipage. Ce qui correspond à l’archétype mythique du dieu tueur de dragon.

Seth harponnant Apophis. Illustration du Livre des Morts. (Wikimedia Commons).

©JPS2023

Sources :

La Nasa a dévié un astéroïde de sa trajectoire dans un test de défense de la Terre – Sciences et Avenir

Astéroïdes tueurs : la mission Dart pour sauver la Terre – Sciences et Avenir