LES DRUIDES ET L’ASTRONOMIE

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 27

Selon Jules César, les druides sont des experts en astronomie.

La raison d’être de ce site internet repose sur le postulat suivant : le chaudron de Gundestrup, et d’autres artefacts celtiques d’ailleurs, peuvent être décrypté grâce à l’astronomie. Encore faut-il prouver que les druides se soient intéressés à cette science et qu’ils aient observés les astres. Observations qu’ils ont ensuite intégrés dans la construction de leurs mythes. Or, les druides ont interdit l’usage de l’écriture. Voir ANNEXE 26 Le refus de l’écriture

Il n’y a donc aucun témoignage direct des connaissances druidiques en matière d’astronomie. Les informations ne viennent que des auteurs latins, les ennemis héréditaires des druides.

Les auteurs de l’Antiquité dans leurs évocations des druides, les comparent volontiers à l’élite des savants de leur époque. Voir SAISON 1 ANNEXE 28 Les druides sages de l’Antiquité

L’ORIGINE DES DRUIDES

La chronologie admet l’émergence des druides au plus tôt vers la fin du VIème siècle ou le début du Vème siècle pour ensuite les faire disparaître au tournant de notre ère, même si l’on signale encore quelques survivances par la suite. Ce qui est tout de même un laps de temps relativement court pour acquérir une telle renommée. Nous allons tenter de démontrer tout au long de la Saison 1 que l’origine de cette élite intellectuelle remonte à l’âge du bronze. Au cours de la Saison 2 nous démontrerons que ces hommes sont les héritiers de croyances encore plus anciennes, d’une religion qui remonte aux constructeurs des mégalithes.

LES DRUIDES DES ASTRONOMES

Cependant notre première étape est de démontrer que les druides ne sont pas seulement des philosophes, mais aussi des astronomes. La tâche s’avère difficile, les textes étant rares. Pourtant la preuve ultime tant recherchée existe bel et bien et c’est Jules César en personne qui nous fournit le témoignage décisif en faveur des druides astronomes.

En outre, ils se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux immortels et leurs attributions, et ils transmettent ces doctrines à la jeunesse[1].

Ce texte nous apprend que les druides discutent beaucoup à propos des astres et de leurs mouvements. Ce qui implique une observation attentive du firmament sur de longues périodes. Ce qui signifie également que ce savoir en astronomie connaît des applications concrètes, comme l’établissement de calendriers élaborés (Coligny) ou l’orientation des lieux de cultes (par exemple Corent, Puy-de-Dôme, Auvergne). César nous indique aussi que ces savants spéculent sur la grandeur de l’univers et de la place de notre planète dans ce vaste ensemble. Que les druides étudient les sciences de la nature, appelée physiologie par les Romains. Cette discipline comprend entre autres la physique, la chimie, la géologie et la botanique. Dans l’Antiquité, la physiologie ou l’étude de la nature est fortement liée à l’astronomie. Le texte dit également qu’en tant que philosophes, les druides discourent sans fin sur la nature des dieux immortels. Et, pour finir, la dernière fonction des druides qui est inhérentes à toute élite intellectuelle, l’enseignement ou la transmission du savoir.

LE CALENDRIER DES DRUIDES

D’autres auteurs mentionnent que les druides observent les astres et en tirent un enseignement. C’est le cas de Pline qui dans un commentaire sur la fameuse cueillette du gui, nous apprend que c’est par l’étude des mouvements de la Lune qu’ils règlent leurs mois et leurs années, ainsi que leurs siècles de trente ans.

On trouve très rarement du gui (de rouvre) et quand on en a découvert, on le cueille en grande pompe religieuse ; ce doit être avant tout au sixième jour de la lune, qui marque chez eux le début des mois, des années et des siècles, qui durent trente ans, jour choisi parce que la lune est déjà dans toute sa force sans être à mi-cours[2].

L’observation des cycles lunaires permet aux druides de diviser et organiser le temps sur de longues périodes et ainsi d’organiser la vie sociale et religieuse de la société celtique. Voir également SAISON 1 ANNEXE 5 Le calendrier de Coligny

LA DIVINATION PAR LES ASTRES

Pour être complet il faut également évoquer les écrits d’Élien et de Cicéron qui affirment que les druides peuvent prédire l’avenir grâce, entre autres, à l’observation des astres :

(Elien parle des Indiens, des Celtes et des Égyptiens) Ils disent encore que bien des présages nous sont donnés par les songes et par les astres eux-mêmes[3].

Cet art divinatoire n’est pas négligé non plus par les peuples barbares, puisqu’il y a les Druides en Gaule et parmi eux, l’Éduen Diviciac, ton hôte et ton panégyriste[4], que j’ai connu, et qui déclarait que la nature des choses, ce que les Grecs appellent physiologie, était connue de lui, qui disait aussi prévoir l’avenir, d’une part par les augures, d’autre part par la conjecture…[5]

ASTRONOMIE ET ASTROLOGIE

À partir de ces différents textes nous pouvons affirmer que les druides sont d’une part spécialisé dans l’observation des étoiles et de leurs mouvements et de l’autre qu’ils interprétaient l’influence des astres sur les événements et les êtres humains. Ces deux disciplines ont un nom : l’astronomie et l’astrologie.

Sœurs dans les temps anciens, elles se regardent de nos jours en chiens de faïence. Écoutons ce qu’en dit Isidore de Séville[6] dans son œuvre majeure Étymologies qui rassemble tout le savoir de l’Antiquité :

Entre l’Astronomie et l’Astrologie, dit-il, il y a une différence. L’Astronomie traite de la conversion du ciel, des levers, des couchers et des mouvements des astres, ou des raisons pour lesquelles on leur a donné leurs noms. L’Astrologie au contraire est en partie connaissance de la nature, en partie superstition. Elle est connaissance de la nature lorsqu’elle décrit le cours du soleil et de la lune ou des étoiles et les stations fixes des étoiles ou des saisons. Mais est superstition, celle que pratiquent les mathématiciens qui cherchent des augures dans les étoiles, qui attribuent chacun des signes (du zodiaque) à l’une des parties de l’âme ou du corps et qui s’efforcent de prédire les naissances et les mœurs des hommes d’après le cours des astres[7].

Pour saint Isidore, l’astrologie est divisée en deux parties, d’un côté, des observations et des connaissances exactes et de l’autre des croyances superstitieuses, comme de prévoir l’avenir ou de prédire le caractère des êtres humains à partir de la position des astres. Connaissance d’un côté, superstitions de l’autre.

ÉTYMOLOGIE

Cependant, il est intéressant de noter que le terme latin astrologia désigne plus l’astronomie que l’astrologie. Puisque à l’époque d’Auguste, le poète Marcus Manilius compose un grand poème astrologique qu’il intitule Astronomica. Alors que Firmicus Matemus (IVe siècle) appelle son traité d’astrologie Mathesis qui signifie « connaissance, science ».

Pour un druide cette distinction entre astronomie et astrologie n’a aucun sens puisque pour lui ces deux disciplines ne forment que les deux faces d’une même pièce. Dans l’Antiquité, celui qui observe les astres se doit aussi de les interpréter. Pour les druides, c’est l’observation exacte du cours du soleil, de la lune et des étoiles, ainsi que la position des constellations qui permet de déchiffrer le message des dieux inscrit dans le ciel étoilé et ensuite d’avoir la capacité d’interpréter ce message divin. Pour ces savants astronomes, c’est moins la recherche des rapports entre les douze signes du zodiaque et les éléments de l’âme et du corps qui prime que la connaissance profonde des divinités et de pouvoir parler, pour ainsi dire, le langage des dieux.

CELTES ET ASTRONOMIE

Qu’en est-il du lien entre le ciel étoilé et les mythes celtes ?

Il existe bien sûr, même si la littérature des Celtes continentaux a totalement disparue, balayée par les vicissitudes de l’Histoire. Que de chefs-d’œuvre disparus dans les abîmes du temps… des pans entiers du patrimoine littéraire européen. Pourtant la richesse des épopées insulaires nous laisse deviner la grandeur des mythes celtiques. Par exemple Peredur, un conte gallois nous raconte le périple d’un chevalier à travers l’immensité du ciel étoilé, au cours duquel il rencontre différents personnages qui sont les personnifications des constellations. Car les étoiles et les constellations sont bel et bien là au-dessus de nos têtes depuis des temps immémoriaux et leur message gravé sur un chaudron d’argent n’attend plus qu’à être déchiffré. Grâce à des logiciels spéciaux, les astronomes sont en mesure aujourd’hui de remonter le temps et de reconstituer sur ordinateur les cieux de l’Antiquité. Ces informations peuvent nous donner des indications sur les connaissances et les croyances des druides.

En l’absence de textes, l’astronomie semble être la plus apte pour décrypter les mystérieuses images qui ornent le chaudron de Gundestrup.

DRUIDES ET ASTRONOMIE JPS2022 (texte écrit en 2016, remanié en 2022)

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Image mise en avant :

DRUIDES ET ASTRONOMIE. Le calendrier de Coligny

Le calendrier de Coligny (1er siècle). (NPL – DEA PICTURE LIBRARY / BRIDGEMAN IMAGES).

[1] César, Guerre des Gaules, Livre VI, 14, Traduction L.-A. Constans, Les Belles Lettres, Paris, 1989.

Ce passage de la Guerre de Gaules est d’une importance capitale. Nous étudierons dans le chapitre suivant quelques exemples concrets sur l’excellence des druides en astronomie.

[2] Pline l’Ancien, Histoire naturelle, Livre XVI, 249, Traduction J. André, Les Belles Lettres, Paris, 1962.

[3] Elien, Histoire variée, Livre II, 31, dans E. Cougny, Extraits des auteurs grecs concernant le géographie et l’histoire des Gaules, Librairie Renouard, Paris, 1886.

[4] « Personne qui fait l’éloge, souvent de façon excessive, de quelqu’un ». Dictionnaire de français Larousse. Caton le censeur indique que « la majeure partie de la Gaule pratique avec génie deux arts, celui de la guerre et celui de la parole ». Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois, Les Belles Lettres, Paris, 2005, p. 216. Ammien Marcellin (XV, 9) confirme : « Les bardes ont chanté aux doux accents de la lyre, composant des vers héroïques sur les exploits des plus braves ». Françoise Leroux, Christian J. Guyonvarc’h, Les Druides, Éditions Ouest-France, Rennes, 1986, p. 17. L’éloge des puissants semble être une spécialité gauloise et Diviciacus un précurseur en tant que panégyriste de César puisque quelques siècles plus tard nous trouvons dans les Panégyriques latins, une collection de onze discours d’apparat adressés à l’Empereur de Rome par des orateurs gaulois. Toutefois dans les temps anciens la part des louanges et des critiques devait être plus équilibrée puisque Diodore de Sicile (Histoires, V, 31,2) précise : « Il y a chez eux même des poètes lyriques qu’ils nomment bardes : ces poètes accompagnent avec des instruments semblables à des lyres leurs chants qui sont tantôt des hymnes tantôt des satires ». Françoise Leroux, Christian J. Guyonvarc’h, Les Druides, Éditions Ouest-France, Rennes, 1986, p. 205.

[5] Cicéron, De divinatione, I, 41, 90, dans Jean-Louis Bruneaux, Les religions gauloises, Éditions Errance, Paris, 2006, p.247.

[6] Évêque de Séville (env.560-636).

[7] Isidore de Séville, Étymologies, III, XXVIII.

Pour en savoir plus: Druide — Wikipédia (wikipedia.org)