LE CALENDRIER DE COLIGNY

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 5

Le calendrier de Coligny démontre le savoir-faire des druides en matière de décompte du temps.

LA DÉCOUVERTE DU CALENDRIER DE COLIGNY[1]

C’est en 1897 à Coligny (Ain), lors de travaux agricoles, que furent découvert les débris d’une statue et des fragments de bronze gravés de lettres, les premiers éléments de ce qui allait devenir la plus longue inscription en langue gauloise trouvé à ce jour. Une véritable aubaine pour les linguistes[2]. Non seulement, c’est un document capital pour l’étude d’une langue celtique de l’Antiquité, mais très vite les chercheurs se sont aperçus qu’il s’agissait d’un calendrier. La reconstitution de la statue d’une divinité nue de style gréco-romain semble représenter le dieu Mars, tandis que les fragments couverts d’inscriptions en caractères latins forment un puzzle de 149 pièces. Hélas, l’objet est largement incomplet puisqu’il manque près de la moitié des pièces, ce qui rend le déchiffrement difficile.

DESCRIPTION DU CALENDRIER DE COLIGNY

Ce calendrier, une fois reconstitué, se présente sous la forme d’une plaque de bronze de 1.48 m sur 0.90 m qui peut nous renseigner sur la conception que les Celtes avaient du temps et sur les connaissances astronomiques des druides.

Le calendrier de Coligny (Musée de la civilisation gallo-romaine, Lyon)

La plaque comprend seize colonnes portant chacune quatre divisions correspondantes à des mois[3]. Chaque ligne est précédée d’un trou pour y planter des chevilles de repérage de date. Le calendrier comporte tantôt des mois 30 jours, tantôt des mois de 29 jours couvrant l’espace de cinq années[4]. Le nom du mois est précédé de M ou MID signifiant « mois » puis est suivi de la mention MAT ou ANM ; le sens du premier mot pourrait signifier que le mois est complet ou pair tandis que le second ANM (at) signifie donc incomplet ou impair[5]. Chaque mois est divisé en deux par le mot ATENOUX[6], la première partie comporte quinze jours numérotés de I à XV, puis vient la seconde partie qui elle est numérotée de I à XIIII ou XV (14 ou 15).

LA LISTE DES MOIS SUR LE CALENDRIER DE COLIGNY

Voici le nom des mois et leur durée :

SAMON[7] (30 jours)

DUMAN (29 jours)

RIURIOS (30 jours)

ANAGANTIO (29 jours)

OGRON (30 jours)

CUTIOS (30 jours)

GIAMON (29 jours)

SIMIVI (30 jours)

EQUOS (29 ou 30jours)

ELEMBIU (29 jours)

EDRIN (30 jours)

CANTLOS (29 jours)[8]

Alors, comment combiner année lunaire et année solaire dont l’écart est d’environ 11 jours ?

Sur de très longues périodes, les druides ont utilisé un jeu d’un mois variable et de deux mois intercalaires[9] pour compenser périodiquement cet écart et faire en sorte que le calendrier lunaire ne dérive pas par rapport au rythme saisonnier de l’année solaire. L’ajustement se faisait tous les deux ans et demi avec des mois intercalaires. Mais ce calendrier de cinq années n’est en fait qu’une fraction d’un comput encore plus vaste qui peut couvrir des millénaires.

LA DATATION DU CALENDRIER COLIGNY

La question que l’on peut se poser est de quand date ce calendrier ?

Les spécialistes l’attribuent généralement à la fin du 1er siècle, début 2ème siècle après J.-C.

UN CALENDRIER DRUIDIQUE EN PLEINE PÉRIODE ROMAINE ?

Pourtant, un chercheur indépendant[10] semble avoir trouvé la solution du problème grâce à la mention d’une éclipse partielle de la Lune dans le calendrier. Un phénomène daté du 18 Octobre 35 avant J.-C.

Le calendrier couvre donc 62 mois lunaire et commence le 29 Septembre 36 avant J.-C. par une Pleine Lune et se termine au crépuscule du 5 Octobre 31 avant J. C.

En tous cas la complexité du calendrier de Coligny dénote de bonnes connaissances astronomiques et son origine druidique est indéniable.

©JPS2020 (texte écrit en 2015, remanié en 2020)

[ACCUEIL]


[1] Collectif, Religion et société en Gaule, Sous la direction de Christian Goudineau, Religion et science, Christian Goudineau et Paul Verdier, Éditions Errance, Paris, 2006.

Jean Lefort, Les druides astronomes, p.23, Revue L’archéologue, Hors-série n°2, Les druides, Éditions Errance, 2000.

[2] Mais également un vrai casse-tête, car la plaque ne contient aucune phrase complète mais souvent des abréviations, pour ne rien arranger la graphie des noms peut varier elle aussi.

[3] Excepté la première et la neuvième colonne qui sont des mois intercalaires. Le calendrier de Coligny étant un calendrier luni-solaire, le problème posé aux utilisateurs de ce genre de calendrier est que 12 mois lunaires sont plus courts que 12 mois solaires ainsi pour rattraper l’année solaire un mois intercalaire est rajoutés de temps en temps. Avec pour résultat que les mois de même nom reviennent aux mêmes saisons et ne se décalent pas dans l’année.

[4] Cette durée de 5 années solaires est divisée en 62 mois lunaires, 5 fois douze mois ordinaires et deux mois intercalaires.

[5] Une autre signification pourrait être faste ou néfaste.

[6] Une phase de la lune, peut-être la Nouvelle Lune. Signifie également le renouvellement du décompte.

[7] On peut remarquer que nous retrouvons le Samain irlandais (Samonios en gaulois) qui est la fête du 1er novembre qui marque la fin et le début de l’année et qui est aussi l’assemblée ou réunion des vivants et des morts.

[8] Les mois lunaires celtiques alternent entre 29 et 30 jours pour tenir la durée moyenne de la lunaison soit 29.53058 et sont définis de Pleine Lune à Pleine Lune. Ce qui demande des mois avec une durée fixe (6 mois de 30 jours et 5 mois de 29 jours) et un mois de durée variable (EQUOS) qui permettent un rattrapage pour retomber sur une Pleine Lune surtout lors des grandes fêtes. Les mois intercalaires sont insérés après 30 mois, tous les deux ans et demi, ils sont également d’une durée variable (29 ou 30 jours) pour éviter un décalage entre le calendrier et le temps lunaire réel sur une plus longue période.

[9] Eux aussi variables.

[10] Joseph Monard, Histoire du calendrier gaulois, Éditions Burillier, Vannes, 1999.

Pour une décription détaillée du calendrier de Coligny: Calendrier de Coligny — Wikipédia (wikipedia.org)