VISHNOU

LES DRUIDES SAISON 2 ANNEXE 5

VISHNOU ET SES AVATARS

Pour comprendre la notion d’avatar, il faut comparer Orion à Vishnou, dieu dont les incarnations sont multiples.

DÉFINITION DU MOT AVATAR

Dans le vishnouisme, un avatar (अवतार, avatâra, en sanskrit « descente », au sens de « descente du ciel ») est l’incarnation d’une divinité sur terre.

LE DIEU ORION

Avec Orion l’emploi du mot avatar n’est pas forcément le plus adapté, mais il offre l’avantage de parler aux gens. Tout le monde, depuis un certain film, peut facilement s’imaginer ce qu’est un avatar.

Bien sûr, les « avatars » d’Orion ne sont pas à proprement parler des avatars au sens hindou du terme. Orion n’est pas une divinité centrale qui « descend » sur terre sous l’apparence d’un personnage bien précis pour accomplir une mission ou un exploit. Seul la fonction d’Héraklès qui possède, lui-aussi, une constellation semble correspondre au therme « avatar » puisqu’il est une projection d’Orion sur l’échiquier céleste et c’est sous cette dénomination qu’il doit réaliser certains exploits comme combattre un lion, un sanglier, capturer un cerf etc. Cet Hercule gaulois porte lui-aussi différents noms : Ogmios, Smertrios…

Dans la religion druidique, Orion est une constellation centrale qui trône dans le ciel étoilé qui semble avoir beaucoup de traits en communs avec différents dieux du panthéon celtique : Sucellus, Brennus, Lug ou Tristan pour ne citer que quelques-uns. En fait, c’est un seul dieu oublié qui apparaît sous différentes appellations. Ces dénominations ne sont pas de vrais noms, mais un surnom donné au dieu pour éviter de dire son nom secret qui est tabou pour le commun des mortels. Ce dernier n’est connu que par les prêtres chargés du culte et n’est prononcé qu’en de rares occasions. Lors d’une cérémonie opérée dans le saint des saints du temple par le grand prêtre par exemple. Ce nom sacré se transmet de maître à élève dans le secret du sanctuaire lors d’une cérémonie d’initiation. Lorsque la chaîne de transmission est interrompue, le nom secret disparaît et ne semble même jamais avoir existé. C’est pourquoi on ne connaît pas le nom réel d’Orion Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 8 Les druides et le nom secret des dieux

Orion, constellation dans le ciel, apparaît dans la religion celtique sous différentes formes. Tout d’abord en tant que lui-même, c’est-à-dire Orion, la constellation, sur le chaudron de Gundestrup. Reconnaissable grâce à son environnement direct. Sa confrontation avec la constellation du Taureau (Taurus) et la présence de son chien, la constellation du Grand Chien (Canis Major).

D’ailleurs, les éléments qui composent la plaque du fond — la trilogie Orion, Taureau, Grand Chien et au-delà le Dragon et la Petite Ourse — indique clairement que les druides étaient parfaitement au courant de la provenance de certaines de leurs conceptions religieuses basées sur l’astronomie. Ce ne sont pas des notions abstraites héritées de la nuit des temps auxquelles ils ne comprenaient plus rien.

Cependant l’exemple de Vishnou montre qu’une divinité suprême peut prendre différents aspects qui n’ont aucun lien entre eux. Car chaque personnage a son propre mythe, sa propre apparence et ses propres attributs. C’est le cas d’Orion — constellation dans le ciel étoilé — qui avec ses attributs spécifiques parfaitement reconnaissables trouve des correspondances parmi les divinités celtiques qui ne semblent avoir aucun rapport en elles.

Image traditionnelle de Vishnou, couché sur le serpent d’éternité, Ananta.

Image traditionnelle de Vishnou, couché sur le serpent d’éternité, Ananta, qui flotte sur la Mer de lait, illustrations du Râmâyana, entre 1727 et 1758. Source : Bibliothèque nationale de France.

LE DIEU VISHNOU

Vishnou est un des dieux les plus importants du panthéon hindou. Il est le deuxième dieu de la Trimûrti (également appelée la « trinité hindoue »), avec Brahma et Shiva. La Trimûrti incarne le cycle de manifestation, conservation et dissolution de l’univers dont Brahma est le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur. Il est la divinité principale du vishnouisme, l’une des deux grandes écoles qui partagent l’hindouisme avec le shivaïsme. Vishnou est connu pour ses nombreux avatars. Au cours des siècles, nombres de divinités qui ont peuplés la mythologie de l’Inde ont été absorbées par Vishnou et sont devenues des incarnations du dieu. Chaque fois que le monde est proche de la destruction, Vishnou descend du ciel et s’incarne sur terre. Cet avatar est souvent un héros qui sauve l’humanité d’une situation périlleuse : fin du monde, déluge etc. On dénombre dix incarnations (avatars) de Vishnou qui sont apparues successivement sur terre ou doivent encore apparaître.

Dasavatar (Représentation des dix principaux avatars de Vishnou).

Dasavatar (Représentation des dix principaux avatars de Vishnou), 19ème siècle, Andhra Pradesh, Inde. (Wikimedia Commons).

MATSYA LE POISSON

Le premier des avatars de Vishnou est Matsya, mot signifiant en sanscrit « poisson ». C’est sous la forme d’un poisson que le dieu a sauvé le monde d’un déluge. Comme dans l’histoire de Noé, Matsya conseille à Manu[1] de construire un bateau. Matsya, devenu un grand poisson, le conduisit vers des terres émergées dans l’Himalaya.

Manu et les sept sages sauvés du déluge par Matsya.

Manu et les sept sages sauvés du déluge par Matsya. (Wikimedia Commons).

C’est en tant que poisson qu’il sauva Manu, sa famille et un grand nombre d’animaux. Le monde survécut ainsi à la catastrophe.

Peinture de Matsya, l’incarnation de poisson de Vishnou..

Peinture de Matsya, l’incarnation de poisson de Vishnou. Le haut du corps de Vishnou émerge du corps du poisson, 1816. (Wikimedia Commons).

Matsya apparaît soit sous les traits d’un poisson ou d’un être hybride ayant un buste humain et une queue de poisson.

KÛRMA, LA TORTUE

Deuxième avatar de Vishnou : Kûrma (ou Kourma), nom qui signifie en sanscrit « tortue ». Le dieu revêt la forme d’une tortue pour soutenir le mont Mandara lors du barattage de la Mer de lait et permettre ainsi aux dieux de produire l’ambroisie, le breuvage d’immortalité.

LE MYTHE

Le barattage de la Mer de lait (amrita manthana) est le mythe cosmologique de l’hindouisme. Au commencement des temps, les dieux et les démons étaient alors tous mortels. Ils étaient en lutte perpétuelle pour la maîtrise du monde. Les démons étaient devenus si forts que les dieux, affaiblis et vaincus, demandèrent l’assistance de Vishnou. Celui-ci leur propose d’unir leurs forces à celles des démons dans le but d’extraire le nectar d’immortalité (amrita) de la Mer de lait.

Le barattage de la Mer de lait.

Le barattage de la Mer de lait. Source gallica.bnf.fr. Bibliothèque nationale de France.

Pour fabriquer ce nectar, les dieux et les démons devaient jeter des herbes magiques dans la mer. Ensuite renverser la montagne Mandara de façon à poser son sommet sur Kûrma, la tortue, et utiliser le serpent Vâsuki, le roi des Naga (serpents), pour mettre la montagne en rotation en tirant alternativement d’un côté et de l’autre.

Après mille ans d’effort, le barattage produisit un certain nombre d’êtres merveilleux et d’objets extraordinaires, dont le pot contenant l’ambroisie, boisson qui donne l’immortalité. Aussitôt qu’ils virent le récipient, les démons se précipitèrent et s’en emparèrent. Vishnu prit alors la forme de Mohini, la femme la plus belle au monde. Tandis que les démons étaient subjugués par sa beauté, le dieu s’empara de la coupe et la remit aux dieux. Rendus immortels, les dieux précipitèrent les démons aux enfers.

Kûrma sur un char en laiton de Searsole Rajbari, Bengale occidental, Inde.

Kûrma sur un char en laiton de Searsole Rajbari, Bengale occidental, Inde. Il est représenté comme mi-humain, mi-tortue, 1923. (Wikimedia Commons).

Vishnou apparaît souvent sous la forme d’une tortue ou d’être hybride mi-humain mi-animal.

VARÂHA, LE SANGLIER

Varâha est le troisième avatar de Vishnou : celui-ci s’incarne en sanglier pour vaincre Hiranyaksha, un asura (démon) qui avait entraîné la Terre au plus profond des océans. Vishnou prend alors la forme d’un sanglier géant, plonge au fond de l’océan et engagea le combat contre le démon. À l’issue d’une bataille de mille ans, Varâha ramène alors la Terre à la surface des eaux, posée sur son museau entre ses défenses. Ce qui permet un nouveau cycle de création.

Varâha, sculpture, Patan, Gujarat, Inde.

Varâha, sculpture, Patan, Gujarat, Inde.

Varâha peut être représenté soit comme sanglier soit comme un homme à tête de sanglier.

NARASIMHA, L’HOMME-LION

Quatrième incarnation de Vishnou qui prend la forme d’un homme à tête de lion pour vaincre le démon Hiranyakashipu qui, à la suite de grandes ascèses, avait obtenu de Brahmâ de ne pouvoir être tué par aucune arme, ni par un homme, ni par un animal, ni à l’extérieur, ni à l’intérieur, ni au sol, ni en l’air, ni le jour ni la nuit.

Sous la forme de Narasimha, Vishnou, mi-homme mi-animal (donc ni-homme ni-animal), tue le démon en le saisissant au seuil d’une porte (ni à l’intérieur, ni à l’extérieur), au crépuscule (ni le jour ni la nuit) et en le maintenant sur son genou (afin qu’il ne soit ni au sol, ni dans les airs) pour le déchirer avec ses griffes (sans aucune arme).

Statue de Narasimha à Bhaktapur, au Népal.

Statue de Narasimha éviscérant le démon, Bhaktapur, Népal. (Wikiwand).

En tant que Narasimha, Vishnou est représenté sous l’aspect d’un être mi-homme mi-lion.

VÂMANA, LE NAIN

Vâmana (« nain ») est le cinquième avatar de Vishnou et le premier à avoir une forme totalement humaine. Bali, roi des asura (démons), s’était emparé du pouvoir sur les trois mondes (le ciel, la terre et les enfers) et avait chassé les dieux du ciel. Vishnou, ayant pris la forme d’un nain, est alors descendu sur terre pour réfréner les envies de conquête du démon Bali, qui estimait régner sur les trois mondes. Vâmana déclara à Bali : « Le monde sera partagé en deux parties : la première, aussi grande et étendue que trois pas de nain, sera sous la responsabilité des dieux, la deuxième partie te reviendra. » Bali accepta le marché, mais Vâmana reprenant la forme de Vishnou parcourut en trois pas les trois mondes et repoussa ainsi Bali dans le monde souterrain dont il devint le souverain.

Sculpture sur pierre montrant Vâmana, 12e siècle, temple de Hoysaleswara, Halebid, Karnataka, Inde.

Sculpture sur pierre montrant Vâmana, 12e siècle, temple de Hoysaleswara, Halebid, Karnataka, Inde. (Wikimedia Commons).

Le personnage est souvent représenté en dieu faisant de grandes enjambées.

PARASHURAMA, L’HOMME À LA HACHE

Parashurama est le sixième avatar de Vishnou. Le deuxième a avoir adopté une forme entièrement humaine. Son nom signifie « Râma à la hache ». Il est descendu sur Terre pour lutter contre la caste des kshatriya (la caste des guerriers), qui ne reconnaissaient plus l’autorité des brahmanes (la caste des prêtres). Une terrible guerre éclata entre les deux castes et avant de les vaincre Parashurama détruira vingt-et-une génération de kshatriya. À la suite de l’intervention de Parashurama, la caste des brahmanes redevint la plus importante de toutes les castes.

Parashurama, entouré de colons, ordonnant à Varuna, dieu des eaux, de se retirer.

Parashurama, entouré de colons, ordonnant à Varuna, dieu des eaux, de se retirer. (Wikimedia Commons).

Parashurama est représenté sous la forme d’un jeune brahmane, les cheveux en chignon comme un ascète. Il tient toujours une hache dans une de ses mains.

RÂMA, LE HÉROS

Râma est la septième incarnation de Vishnou. Roi mythique de l’Inde antique, dont la vie et les exploits héroïques sont relatés dans le Râmâyana, une des deux épopées majeures de l’Inde.

Bataille de Lanka, Ramayana, par Sahib Din. Bataille entre les armées de Rama et le roi de Lanka.

Bataille de Lanka, Ramayana, par Sahib Din. Bataille entre les armées de Rama et le roi de Lanka. Udaipur, 1649-1653. (Wikimedia Commons).

Le Râmâyana raconte la naissance et l’éducation du prince Râma, la conquête de Sîtâ, fille du roi Janaka et son union avec elle. Puis son épouse Sîtâ est enlevée par Ravana, le roi des démons et emprisonnée sur l’île de Lanka (aujourd’hui Sri Lanka). Après de nombreuses aventures, Râma délivre Sita avec l’aide d’Hanumân, général de l’armée des singes. Ravana est finalement tué par Râma qui récupère ensuite son trône et gouverne son royaume avec une grande sagesse

Rama est représenté à la peau bleue et portant un arc à cordes avec un carquois plein de flèches sur le dos et une seule flèche dans sa main droite.

Rama est représenté à la peau bleue et portant un arc à cordes avec un carquois plein de flèches sur le dos et une seule flèche dans sa main droite, 1816, Peint en Inde du Sud. (Wikimedia Commons).

Rama est représenté comme un jeune roi, souvent armé d’un arc et de flèches. Le récit demeure encore très populaire, non seulement dans l’Inde actuelle, mais dans toute l’Asie du sud-est.

KRISHNA, LE DIEU

Krishna (mot sanscrit signifiant « Noir »), la huitième incarnation de Vishnou, est une des divinités les plus populaires de l’hindouisme. Krishna est le fils de Vasudeva et de Devaki. Un frère de cette dernière, Kamsa, roi de Mathura, ayant entendu la prophétie selon laquelle il serait tué par un fils de Devaki, entreprit d’assassiner tous les enfants de celle-ci. Mais Krishna fut sauvé et élevé par des gardiens de troupeaux. Dès son enfance, il accomplit toutes sortes d’actes miraculeux et vainquis les démons. Plus tard, au son de sa flûte, les femmes de bouviers (Gopîs) accouraient, abandonnant tout pour danser avec lui dans la forêt, et parmi elles, sa favorite Radha. La mythologie de Krishna est particulièrement développée dans le Mahâbhârata. Surtout dans la Bhagavad-Gîtâ, dans lequel il explique à Arjuna, aux cotés duquel il combat en quoi consiste le Dharma, la loi universelle.

VISHNOU. Fresque représentant Krishna, 14e siècle, Udaipur, Rajasthan, Inde.

Fresque représentant Krishna, 14e siècle, Udaipur, Rajasthan, Inde. (Wikimedia Commons).

Krishna est souvent représenté comme un jeune joueur de flûte. Sa peau est presque toujours bleue ou noire. Krishna est l’une des divinités les plus vénérées de l’hindouisme.

BOUDDHA, L’ÉVEILLÉ

Dans l’hindouisme, Bouddha est considéré comme la neuvième incarnation de Vishnou.

Selon les points de vue :

Vishnou décida de descendre sur terre pour prêcher une fausse religion et distinguer ainsi les hérétiques des vrais croyants.

Vishnou descendit sur terre pour mettre fin à l’attitude arrogante et répressive des brahmanes et purifier l’hindouisme. La nouvelle doctrine qu’il prêcha en tant que Bouddha expliquait que tout un chacun pouvait s’échapper du cycle des réincarnations par un comportement exemplaire.

VISHNOU. Statue de Bouddha enseignant le Dharma, 995-1005 de notre ère, Chicago Art Institute, Chicago, Illinois, États-Unis.

Statue de Bouddha enseignant le Dharma, 995-1005 de notre ère, Chicago Art Institute, Chicago, Illinois, États-Unis. (Wikimedia Commons).

Bouddha est souvent représenté assis sur un trône de lotus dans un état de méditation sereine. L’enseignement de Bouddha est devenu une religion à part entière avec des millions de fidèles.

KALKÎ

Kalkî est le dixième et dernier avatar de Vishnou. Il n’est pas encore apparu sur terre. Kalkî est considéré comme un signe avant-coureur de la fin du monde selon l’eschatologie hindoue. D’après les textes religieux conservés dans les Purânas, à la fin de l’âge actuel, le Kali Yuga, l’âge sombre, l’humanité sera plongée dans les ténèbres, les valeurs morales ayant disparues. Vishnou interviendra alors sous la forme de Kalkî, rayonnant comme une comète, pour combattre les danava (démons) tout en protégeant les brahmanes. Il sauvera l’humanité en restaurant le Dharma, la loi de la justice. S’ouvrira alors une ère nouvelle, le Satya Yuga, âge de pureté et de paix.

VISHNOU. Statue de Kalkî sur son cheval.

Statue de Kalkî sur son cheval. (Wikimedia Commons).

Dans l’iconographie hindou, Kalkî est représenté montant un cheval blanc et portant une épée flamboyante. Parfois il est représenté en homme avec une tête de cheval.

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[ACCUEIL]

NOTES :

[1] Manu est le premier humain sur Terre et l’ancêtre des humains. Il est en cela comparable à Adam. En fait, il cumule les fonctions d’Adam et de Noé.

SOURCES :

Félix Guirand et Joël Schmidt, Mythes et mythologie, Larousse-Bordas, Paris, 1996.

Eva Rudy Jansen, Iconographie de l‘hindouisme, Les dieux, leurs manifestations et leur signification, Binkey Kok Publications BV, Havelte, Pays Bas, 1995.

Voir également : Vishnou — Wikipédia (wikipedia.org)