LE MESSAGE DES DRUIDES

LES DRUIDES SAISON 2 ANNEXE 33

UN MESSAGE SUR TROIS OBJETS EN ARGENT

Le chaudron de Gundestrup n’est pas seul. Trois objets en argent transmettent un message des druides venu du fond des âges.

Les druides ont transmis le contenu de leur Religion des Étoiles sur trois supports en argent.

  • Le chaudron de Gundestrup

  • Le gobelet de Lyon

  • La lunule de Chão de Lamas

Ces trois objets en argent sont en quelque sorte les « disques durs » de l’Antiquité, véritables capsules temporelles, sur lesquelles sont sauvegardées les croyances des druides

Sans doute confectionnés après la bataille d’Alésia en 52 av. J.-C., défaite traumatisante qui entraîne la chute de la Gaule et avant le début de la conquête romaine de la Grande-Bretagne en 43 apr. J.-C. Les druides ont choisi de retenir sur un support fixe et immuable les croyances qui risquait de disparaître à tout jamais. Sage décision. Ce qui nous permet aujourd’hui de décrypter ce message oublié depuis des millénaires.

Cependant l’original de ce message est inscrit au-dessus de nos têtes dans les étendues du ciel étoilé. Et ne sera détruit que lorsque le ciel nous tombera sur la tête. Grande crainte des Gaulois comme chacun sait.

LE CHAUDRON DE GUNDESTRUP

Le chaudron contient le plus d’informations. Tout d’abord, il met en scène les personnages principaux de la religion des druides. Le dieu-père, la déesse-mère et leurs deux fils jumeaux. Dans un second temps, le chaudron d’argent raconte une histoire, rien de moins que le mythe fondateur du druidisme.

LE MESSAGE DES DRUIDES. Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré.

Chaudron de Gundestrup, Ier siècle av. J.-C., Argent doré. © Copenhague, Nationalmuseet

Le mythe relate la rivalité entre deux frères jumeaux pour accéder à la royauté. Ils occupent le trône royal en alternance durant une période de l’année. L’un pendant la saison sombre (automne, hiver), l’autre pendant la saison claire (printemps, été) de l’année.

LE MESSAGE DES DRUIDES. Fourreau d’épée en bronze, Hallstatt, vers 400 av. J.-C.

Les deux jumeaux se disputant la roue de l’année qui symbolise le calendrier druidique. La roue comporte 8 rayons qui représente les huit fêtes druidiques, quatre fêtes solaires (les deux équinoxes et les deux solstices) et quatre fêtes lunaires (en Irlande : Samhain, Imbolc, Beltaine et Lughnasadh). Fourreau d’épée en bronze, Hallstatt, vers 400 av. J.-C. © Naturhistorisches Museum Wien

LE GOBELET DE LYON

Le décor du gobelet comporte deux tableaux mythologiques qui sont consacrés aux deux frères jumeaux qui règnent à tour de rôle chacun sur une partie de l’année. L’un est Orion, reconnaissable par la présence, au milieu d’autres éléments, d’un corbeau qui vole au-dessus de ses bras.

LE MESSAGE DES DRUIDES. Le dieu au corbeau. Gobelet d’argent de Lyon, 1er siècle.

Le dieu au corbeau. Gobelet d’argent de Lyon, 1er siècle.  Source : collections-lugdunum.grandlyon.com

Le second tableau dépeint le dieu Cernunnos qui lui est reconnaissable grâce à la présence d’un cerf à ses côtés.

LE MESSAGE DES DRUIDES. Le dieu au cerf. Gobelet d’argent de Lyon, 1er siècle. 

Le dieu au cerf. Gobelet d’argent de Lyon, 1er siècle.  Source : collections-lugdunum.grandlyon.com

Pour un déchiffrement complet du gobelet d’argent, voir SAISON 2 ANNEXE 32 Le gobelet d’argent de Lyon

LA LUNULE DE CHÃO DE LAMAS

La lunule lusitanienne de Chão de Lamas est un de pectoral en forme de croissant, d’où la désignation de lunule. Officiellement, cette lunule en argent a été élaboré par les Lusitaniens à la fin du IIe siècle av. J.-C. Pourtant les motifs sont bien celtiques et se rattachent directement à l’histoire qui est racontée par le chaudron de Gundestrup.

LA NAISSANCE DES JUMEAUX

La lunule dévoile les métamorphoses des deux frères jumeaux, de l’état d’embryon à l’âge adulte. Ils sont engendrés par l’union des deux serpents primordiaux que l’on assemble pour fermer le pectoral.

La Lunule lusitanienne de Chão de Lamas, exposée au Musée archéologique national de Madrid.

La Lunule lusitanienne de Chão de Lamas, exposée au Musée archéologique national de Madrid.

L’un des embryon (en haut à gauche) est humain, il correspond à Orion. Le second embryon (en haut à droite) a une forme animale et correspond au Maître des animaux, Cernunnos. En Inde, les deux jumeaux (Dioscures) portent des noms qui marquent également cette différence entre humain et animal puisque l’un est appelé Sahadeva ce qui signifie « semblable aux dieux » tandis que le second est appelé Nakula « mangouste »[1]. Dans un mythe du Pays de Galles, Lleu[2] naît juste après son jumeau Dylan, celui-ci prenant aussitôt l’aspect d’une créature marine (phoque ou dauphin) et nageait aussi bien que les poissons les plus agiles, et pour cette raison on l’appela Dylan fils de la Vague. C’est pourquoi des vagues stylisées sont représentées sous l’embryon animal.

LA VOIE ALCHIMIQUE

La transmutation alchimique n’étant pas absente du processus de transformation puisque l’un emprunte la voie humide (à droite) symbolisée par des vagues stylisées et l’autre la voie sèche (à gauche) figurée par le symbole astronomique et astrologique du Soleil entouré de nuages vaporeux.

Symbole astronomique et astrologique du Soleil, ainsi que le symbole alchimique de l’or.

Symbole astronomique et astrologique du Soleil, ainsi que le symbole alchimique de l’or.

Les jumeaux passent ensuite par différents stades de développement (qui seront expliqués dans un article à venir) pour finir par apparaître côte à côté sous forme humaine (les médaillons).

LES PHASES DE LA LUNE

Il n’est pas anodin que ces objets soient en argent, métal et couleur en rapport avec la Lune. Le nom de la lunule vient du latin lunula qui signifie « petite lune » ainsi que et sa forme en croissant de Lune renforce l’idée d’un lien avec l’astre de la nuit. L’année celtique est basée sur un calendrier luni-solaire qui contient huit fêtes dont la plus importante est Samonios qui s’étale sur trois nuits (Tri Nox Samoni) aux alentours du 1er novembre.

LA CUEILLETTE DU GUI

Pline dit que la Lune est l’astre primordial de la religion druidique, Ce sont les phases de la Lune déterminent le décompte des mois, des années et des siècles.

Tout gui venant sur le rouvre[3] est regardé comme envoyé du ciel : ils pensent que c’est un signe de l’élection que le dieu même a faite de l’arbre. Le gui sur le rouvre est extrêmement rare, et quand on en trouve, on le cueille avec un très grand appareil religieux. Avant tout, il faut que ce soit le sixième jour de la lune, jour qui est le commencement de leurs mois, de leurs années et de leurs siècles, qui durent trente ans ; jour auquel l’astre, sans être au milieu de son cours, est déjà dans toute sa force. Ils l’appellent d’un nom qui signifie remède universel. Ayant préparé selon les rites, sous l’arbre, des sacrifices et un repas, ils font approcher deux taureaux de couleur blanche, dont les cornes sont attachées alors pour la première fois. Un prêtre, vêtu de blanc, monte sur l’arbre, et coupe le gui avec une serpe d’or ; on le reçoit sur une saie blanche ; puis on immole les victimes, en priant que le dieu rende le don qu’il a fait propice à ceux auxquels il l’accorde. On croit que le gui pris en boisson donne la fécondité à tout animal stérile, et qu’il est un remède contre tous les poisons[4].

Le sixième jour après la nouvelle lune.

Le sixième jour après la nouvelle lune. Crédit : NASA’s Scientific Visualization Studio. Source : lemonde.fr

L’emploi de ces objets en argent lors de rites au clair de Lune devait donner une aura surnaturelle à l’officiant de la cérémonie.

Voir également SAISON 1 ANNEXE 19 Le mystère des lunules en or

UN PETIT DÉTAIL

La lunule en argent comporte plusieurs animaux stylisés, un des plus intéressants est sans doute le vautour qui est appelée dans les textes gallois l’aigle pourrissant.

Détail de la lunule de Chão de Lamas, le vautour.

Détail de la lunule de Chão de Lamas, le vautour.

L’image est un mélange entre deux postures de l’oiseau, celle hiératique du vautour les ailes repliées et l’autre d’un oiseau qui projette ses serres en avant. L’artiste a opté pour une fusion entre une vue de face et une vue de côté qui est peu réaliste.

Vue de face d'un vautour fauve.

Vue de face d’un vautour fauve. Hormis les pattes, la posture de l’animal est la même que sur la lunule. Source : zoodyssee.fr

Vautour fauve, vue de côté.

Vautour fauve, vue de côté. Source : larepubliquedespyrenees.fr

Note :

Le vautour fauve est un oiseau de grande taille.

Nom latin  : Gyps fulvus

Taille à l’âge adulte : 95 à 105 cm de longueur, 255 à 280 cm d’envergure (ailes déployées)

Poids à l’âge adulte : 6,2 à 8,5 kg

©JPS2024

[ACCUEIL]

BIBLIOGRAPHIE :

Bernard Sergent, Genèse de l’Inde, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997.

Daniel Gricourt et Dominique Hollard, Cernunnos, le dioscure sauvage, L’Harmattan, Paris, 2010.

NOTES :

[1] Bernard Sergent, Genèse de l’Inde, Éditions Payot & Rivages, Paris, 1997, p.257.

[2] Lleu correspond au Lugh irlandais et au Lugus en Gaule. L’un des dieux les plus importants de la mythologie

celtique.

[3] Chêne rouvre (Quercus petraea).

[4] Pline l’Ancien Histoire naturelle, traduction d’Émile Littré, Paris, 1877, tome 1, extraits pages 605-606.

Gobelet à décor mythologique – Lugdunum Musée et théâtres romains (grandlyon.com)

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