LA MACHINE D’ANTICYTHÈRE

Le mécanisme d’Anticythère qui est considérée comme le premier calculateur analogique antique permettant de calculer des positions astronomiques.

DÉCOUVERTE DANS UNE ÉPAVE ROMAINE

Fragment principal de la machine d'Anticythère. Le mécanisme consiste en un système complexe de 32 roues et plaques portant des inscriptions relatives aux signes du zodiaque et aux mois.

Fragment principal de la machine d’Anticythère. Le mécanisme consiste en un système complexe de 32 roues et plaques portant des inscriptions relatives aux signes du zodiaque et aux mois. L’étude des fragments suggère qu’il s’agissait d’une sorte d’astrolabe utilisée pour la navigation maritime. (Wikimedia Commons).

Des fragments de la machine d’Anticythère ont été trouvés en 1901, dans une épave d’une galère romaine qui a sombré près de l’île grecque d’Anticythère au cours d’une tempête il y a plus de 2.000 ans, alors qu’elle transportait de nombreuses amphores, statues, pièces et d’autres objets divers. L’épave romaine est datée comme antérieure à 87 av. J.-C. La machine de la taille d’une boîte de chaussures a été construite par les Grecs et est, quant à elle, datée sans doute du IIIe au IIe siècle av. J.-C. L’objet est en très mauvais état puisqu’il est fragmenté en 82 morceaux, comptant une trentaine de roues dentées très corrodées.

Les éléments de la machine d’Anticythère.

Les éléments de la machine d’Anticythère. Image : Musée national archéologique d’Athènes

UNE HORLOGE ASTRONOMIQUE

Le mécanisme permettait notamment de prédire le calendrier solaire, les phases de la Lune et la date des Jeux olympiques grâce à plusieurs cadrans. Les pièces de l’artefact sont fabriquées en bronze, le mécanisme complexe, probablement actionnées par une manivelle (manquante), est constitué d’une trentaine de roues dentées qui ont été identifiées. Cependant d’autres éléments du mécanisme ont sans doute été perdu, car seul un tiers du mécanisme a été retrouvé. Les données fournies par la machine d’Anticythère reposent sur une modélisation mathématique de la course des astres et sur la théorie géocentrique qui prévalait à l’époque, c’est-à-dire que la Terre représente le centre de l’Univers. Son fonctionnement repose sur la rotation d’engrenages de tailles différentes entraînant des aiguilles indiquant la position des astres à un moment donné. Une manivelle (ou éventuellement une clef) a peut-être servi à actionner la roue principale qui entraîne l’ensemble des engrenages et les aiguilles nécessaires à la lecture des indications. La face avant possède un cadran circulaire représentant les 365 jours du calendrier égyptien et deux cadrans indiquant les positions de la Lune et du Soleil par rapport au Zodiaque.

Reconstitution hypothétique de la machine d’Anticythère.

Reconstitution hypothétique de la machine d’Anticythère. Source : Image: 2005 X-TEK SYSTEMS

La face arrière comporte deux cadrans en spirale représentant deux calendriers astronomiques utilisés pour prédire des éclipses de la Lune et du Soleil.  Un cadran à 235 positions correspondant au cycle de Méton de 19 ans, soit 235 lunaisons et un cadran à 223 positions correspondant au cycle de saros d’un peu plus de 18 ans, exactement 223 lunaisons ou 6 585 jours 1/3).

LE TÉMOIGNAGE DE CICÉRON

Un mécanisme semblable est décrit par Cicéron (homme d’État romain et brillant orateur, 106 av. J.-C. à 43 av. J.-C.), lorsque Lucius Furius Philus l’examina avec Caius Sulpicius Gallus au cours du IIe siècle av. J.-C. L’auteur décrit un mécanisme capable de reproduire les mouvements du Soleil, de la Lune et de cinq planètes connues durant l’Antiquité : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne.

Ce que je vous dirai, reprit Philus, n’est pas nouveau ; je n’en suis pas l’inventeur et ma mémoire seule en fera les frais. Je me souviens que C. Sulpicius Gallus, un des plus savants hommes de notre puys, comme vous ne l’ignorez pas, s’étant rencontré par hasard chez M. Marcellus, qui naguère avait été consul avec lui, la conversation tomba sur un prodige exactement semblable ; et que Gallus fit apporter cette fameuse sphère, seule dépouille dont l’aïeul de Marcellus voulut orner sa maison après la prise de Syracuse, ville si pleine de trésors et de merveilles. J’avais souvent entendu parler de cette sphère qui passait pour le chef-d’œuvre d’Archimède, et j’avoue qu’au premier coup d’œil elle ne me parut pas fort extraordinaire. Marcellus avait déposé dans le temple de la Vertu une autre sphère d’Archimède, plus connue du peuple et qui avait beaucoup plus d’apparence. Mais lorsque Gallus eut commencé à nous expliquer, avec une science infinie, tout le système de ce bel ouvrage, je ne pus m’empêcher de juger qu’il y avait eu dans ce Sicilien un génie d’une portée à laquelle la nature humaine ne me paraissait pas capable d’atteindre. Gallus nous disait que l’invention de cette autre sphère solide et pleine remontait assez haut, et que Thalès de Milet en avait exécuté le premier modèle ; que dans la suite Eudoxe de Cnide, disciple de Platon, avait représenté à sa surface les diverses constellations attachées à la voûte du ciel ; et que, longues années après, Aratus, qui n’était pas astronome, mais qui avait un certain talent poétique, décrivit en vers tout le ciel d’Eudoxe. Il ajoutait que, pour figurer les mouvements du soleil, de la lune et des cinq étoiles que nous appelons errantes, il avait fallu renoncer à la sphère solide, incapable de les reproduire, et en imaginer une toute différente ; que la merveille de l’invention d’Archimède était l’art avec lequel il avait su combiner dans un seul système et effectuer par la seule rotation tous les mouvements dissemblables et les révolutions inégales des différents astres. Lorsque Gallus mettait la sphère en mouvement, on voyait à chaque tour la lune succéder au soleil dans l’horizon terrestre, comme elle lui succède tous les jours dans le ciel ; on voyait par conséquent, le soleil disparaître comme dans le ciel, et peu à peu la lune venir se plonger dans l’ombre de la terre, au moment même où le soleil du côté opposé … (lacune)[1].

Cicéron dit clairement que ces objets sont les œuvres d’Archimède.

La machine d’Anticythère peut-elle être attribuée à Archimède ?

BIOGRAPHIE D’ARCHIMÈDE

Archimède de Syracuse (287 av. J.-C. à 212 av. J.-C.), considéré comme l’un des principaux scientifiques de l’Antiquité classique en tant que physicien, astronome, mathématicien et ingénieur. Il est également l’inventeur de la vis d’Archimède, le palan, ou de systèmes de défense ingénieux pour Syracuse lors de la deuxième guerre punique, tels que la griffe d’Archimède.

Archimède, Domenico Fetti, 1620.

Archimède, Domenico Fetti, 1620, Musée Alte Meister, Dresde (Allemagne). (Wikimedia Commons).

Archimède est également considéré comme le plus grand mathématicien de l’Antiquité. C’est-à-dire qu’il avait les connaissances nécessaires et le savoir-faire technique nécessaire à la fabrication du mécanisme d’Anticythère.

Archimède meurt lors du siège de Syracuse en 212 av. J.-C., tué d’un coup d’un coup de glaive par un soldat romain malgré la volonté du général Marcus Claudius Marcellus de ne pas s’en prendre au savant.

La mort d'Archimède par Edouard Vimont (1846-1930).

La mort d’Archimède par Edouard Vimont (1846-1930). (Wikimedia Commons).

La machine d’Anticythère a servi de modèle au cadran de la destinée dans les aventures d’Indiana Jones. Pour en savoir plus, voir Les artefacts d’Indiana Jones

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SOURCES :

Pour en savoir plus :

Archimède — Wikipédia (wikipedia.org)

Machine d’Anticythère — Wikipédia (wikipedia.org)

NOTES :

[1] Cicero, De Re Publica I, 14.