LA COMÈTE DU DRYAS

SAISON 2 ANNEXE 17

Comme les dinosaures il y a 66 millions d’années, les mammouths et toute la mégafaune nord-américaine ont été anéanti par une comète qui a percuté sur la Terre il y a 12000 ans.

LA COMÈTE DU DRYAS. Les mammouths laineux (Mammuthus primigenius) avaient une taille relativement proche de celle de l'éléphant d'Afrique actuel.

Les mammouths laineux (Mammuthus primigenius) avaient une taille relativement proche de celle de l’éléphant d’Afrique actuel. Les mâles atteignaient une hauteur aux épaules comprise entre 2,7 et 3,4 m et pesaient jusqu’à 6 tonnes. Couverts de longs poils, ils étaient parfaitement adaptés à leur environnement glacial. Giant Screen Films, LLC. Source : Science&Avenir

UN CATACLYSME DURANT LA PRÉHISTOIRE

L’impact cosmique du Dryas récent (ou Dryas III, période de 1 200 ans allant de 10 900 à 9 700 av. J.-C.) est, selon une théorie proposée en 2007, responsable du retour du climat glaciaire sur l’ensemble de la planète, de l’extinction de la mégafaune du Pléistocène et la disparition de la culture Clovis en Amérique du Nord.

LA COMÈTE DU DRYAS. La comète en approche juste avant l’impact.

La comète en approche juste avant l’impact. Source : www.futura-sciences.com.

UNE NOUVELLE ÈRE GLACIAIRE

Selon l’hypothèse de l’impact cosmique du Dryas récent, de nombreux fragments de comète auraient percuté la Terre il y a 12 800 ans[1]. Certains auraient explosé dans l’atmosphère alors que d’autres auraient percuté les grands glaciers qui couvraient alors une partie de l’hémisphère Nord. Ces explosions auraient allumé des feux de forêt gigantesques et propulsé de grandes quantités de particules dans l’atmosphère. Ces dernières, en bloquant une partie du rayonnement solaire, ont eu pour effet de refroidir brusquement le climat d’environ sept degrés. Ce qui a déclenché le brusque refroidissement qui congela l’hémisphère Nord pendant plus d’un millénaire, entre – 12 900 et – 11 600 ans.

LA DISPARITION DES GRANDS MAMMIFÈRES

Ces bouleversements majeurs expliqueraient la disparition de grands mammifères terrestres (mégafaune du Pléistocène, telle que mammouths, paresseux terrestres, chevaux, chameaux, smilodons, etc.).

Tigre à dents de sabre (Smilodon fatalis) animal emblématique de cette époque aux côtes du mammouth.

Tigre à dents de sabre (Smilodon fatalis) animal emblématique de cette époque aux côtes du mammouth. Smilodon populator figure parmi les plus grands félins ayant jamais existé, avec un poids de 220 à 400 kg, de 1,8 à 2,3 mètres de long, une hauteur au garrot de 1,2 mètre et des canines de 28 cm de long. (Wikimedia Commons).

Certains de ces animaux ont été retrouvés congelés en parfait état de conservation dans le permafrost (sol perpétuellement gelé des régions arctiques) en Sibérie : des mammouths, des rhinocéros laineux, des chevaux, des lionceaux des cavernes, un ours de Sibérie ou des chiots de loups préhistoriques.

Bébé mammouth découvert en Sibérie, l’animal pèse 50 kilogrammes et mesure 85 cm de haut sur 130 cm de long.

Bébé mammouth découvert en Sibérie, l’animal pèse 50 kilogrammes et mesure 85 cm de haut sur 130 cm de long. Seules sa queue et ses oreilles ont été rognées. C’est une petite femelle âgée d’environ 6 mois, morte il y a 10.000 ans. Source : Science&Avenir,2007.

LA DISPARITION D’UNE CULTURE HUMAINE

En Amérique du Nord, les hommes préhistoriques de la culture dite de Clovis n’auraient pas survécu à ce cataclysme. Ces populations de chasseurs-cueilleurs, longtemps considérés comme les plus anciens habitants du Nouveau Monde, ont été dénommées ainsi après la découverte en 1932, près de la petite ville de Clovis dans le Nouveau-Mexique (États-Unis), des restes d’un mammouth tué à l’aide de lances dotées de pointes en pierre taillée. Ces populations seraient venues d’Asie, il y a 14 000 ans, par le détroit de Béring, alors à sec, le niveau de la mer étant 100 m plus bas qu’aujourd’hui.

Les pointes Clovis du site de Rummells-Maske (Iowa, USA).

Les pointes Clovis du site de Rummells-Maske (Iowa, USA). (Wikimedia Commons).

LES PREUVES D’UN CATACLYSME

L’hypothèse formulée en 2007 par des chercheurs américains, rassemblés autour de D.J. Kennett, s’appuie sur les analyses sédimentaires de sites archéologiques liés à la culture Clovis qui révèlent une nappe noire épaisse (couche d’une dizaine de centimètres, dénommée « black mat ») riche en carbone (vestige supposé des incendies) et avec une concentration anormale d’iridium, un élément lourd et rare à la surface de la Terre et qui a souvent une origine extraterrestre. De plus, des nanodiamants, caractéristiques exclusives d’échantillons de matières extraterrestres, ont aussi été trouvés dans les sédiments. Les nanodiamants, d’aspect le plus souvent sphérique pour une taille comprise entre 2 et 300 nanomètres (ou milliardièmes de mètre), ne peuvent se former qu’à des niveaux de températures et de pressions très élevés jamais atteints à la surface de la Terre. Cependant ces conditions extrêmes sont réunies lorsqu’une comète ou une météorite entre en contact avec le sol ou l’atmosphère terrestre. Les datations au carbone 14 pour déterminer le début du Dryas récent sur la base de cette hypothèse, indiquent une date comprise entre 12 835 et 12 735 ans avant le présent.

CONCLUSION :

La théorie est controversée et âprement discutée entre spécialistes. Ce qui était également le cas de la théorie de l’astéroïde qui a exterminé les dinosaures. Voir SAISON 2 ANNEXE 16 L’astéroïde tueur de dinosaures

Les uns doivent apporter des preuves pour appuyer leur théorie et le autres pour la réfuter. Ce qui est le court normal de la science.

Il faut dire que l’astéroïde qui a tué les dinosaures a facilité les choses puisqu’il était formé de roches compactes et qu’au final il a laissé un gigantesque cratère au large du Mexique. Alors que la Comète du Dryas — une grosse boule de neige sale pour faire court — a pulvérisé un épais bouclier de glace de plus de 2 km d’épaisseur en Amérique du Nord, en une fraction de seconde, sans doute sans laisser de cratère. La théorie l’astéroïde tueur de dinosaures, largement acceptée par communauté scientifique aujourd’hui, a été proposée au début de années 1980 et ne s’est finalement imposée qu’après plusieurs décennies d’âpres discussions. Pour la Comète du Dryas, on en reparlera dans 30 ans lorsque suffisamment de preuves auront été accumulés dans un sens comme dans l’autre. Donc patience.

LA PEUR QUE LE CIEL NOUS TOMBE SUR LA TÊTE

Il y a peut-être encore un facteur psychologique en défaveur de cette Comète du Dryas qui n’a rien de scientifique. Un astéroïde tueur de dinosaures il y a 66 millions d’années, c’est très loin dans le temps. Alors qu’une comète tueuse, il y a seulement 10000 ans, cela fait un peu désordre dans notre vision d’un cosmos aux rouages bien réglés. Imaginer que l’on peut être à la merci d’un de ces monstres venus du fond de l’espace peut réveiller des peurs. Surtout s’il n’est pas repéré à temps. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 18 Un astéroïde a frôlé la terre… et n’a été détecté que deux jours plus tard

Peut-être lorsque l’on aura un système de détection précoce qui fonctionne et les moyens de détourner un astéroïde tueur de planète, ce qui sera sans doute le cas après 2030. Du moins on l’espère. Alors, il sera plus facile d’accepter la théorie d’une comète destructrice durant des temps historiques. Voir à ce propos SAISON 2 ANNEXE 19 La mission DART

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[ACCUEIL]

[1] L’absence apparente de cratère de cette époque s’expliquerait par l’explosion d’une comète de 3 km (dénommée « comète de Clovis » par les chercheurs américains), ou plus précisément d’une pluie ou d’un « essaim » de comètes, dû à la dislocation d’un objet plus gros.

Sources :

Il y a 13 000 ans, une pluie de comètes a congelé la Terre, Marc Mennessier, Publié le 02/01/2009, mis à jour le 27/01/2009.

Disponible sur :

Il y a 13 000 ans, une pluiede comètes a congelé la Terre (lefigaro.fr)