L’OR DE TOULOUSE : UN TRÉSOR FABULEUX

LES DRUIDES SAISON 1 ÉPISODE 29

Un trésor mythique qui n’a jamais été retrouvé.

L’or de Toulouse (en latin aurum tolosanum) est un trésor celtique fabuleux. Strabon dans un de ses écrits (Géographie, IV, 1, 12-14) indique que ce trésor d’une valeur de 15000 talents provient de Delphes (environ 70 tonnes d’or d’après les auteurs anciens). Lors de l’expédition de Brennus vers Delphes en 279 av. J.-C., une des tribus, les Volques Tectosages, participant au raid, aurait emporté le trésor du temple d’Apollon à Tolosa (Toulouse), leur capitale. Il est déposé dans le sanctuaire d’Apollon. Diodore de Sicile (Bibliothèque historique, V, 27) dit qu’il est offert aux divinités, et que nul n’oserait y toucher par crainte des dieux.

En 106 av. J.-C., les Tectosages profitent de l’invasion des Cimbres et des Teutons, pour se révolter contre Rome. Les troupes du fameux proconsul Quintus Servilius Caepio répriment la rébellion. Caepio pille les sanctuaires gaulois et s’empare de l’or de Toulouse. Il reçoit l’ordre d’envoyer le trésor à Rome. Le proconsul fait transporter l’or sous escorte vers Marseille. Cependant le trésor n’atteindra jamais la cité phocéenne. L’or est volé et l’escorte massacrée.

Que s’est-il passé ?

Caepio prétend que ce sont des pillards qui se sont emparé de l’énorme trésor. Tandis que les autorités romaines le soupçonnent d’avoir détourné l’or à son profit. Des légendes médiévales disent que ce sont les Toulousains eux-mêmes qui ont massacrés les hommes de Caepio pour reprendre l’or volé.

Qu’est-il advenu du trésor de Toulouse ?

Nul ne le sait.

L’or de Toulouse est doublement maudit puisqu’il est volé deux fois dans un sanctuaire d’Apollon. Aulu-Gelle (Nuits Attiques, III, 9, 7) dit que tous ceux qui touchèrent à l’or issu de ce pillage connurent une fin misérable et pleine de tourments. Justin (Épitomé, XXXII, 3) pense que ce sacrilège fut la cause de la perte de Caepio et de son armée. Le tumulte de la guerre cimbrique s’abattit aussi sur les Romains comme pour venger les richesses sacrées. En tout cas Caepio a été puni sévèrement pour son incompétence puisqu’il est également le responsable de la catastrophique défaite des Romains lors de la bataille d’Arausio (Orange) face aux Cimbres et à leurs alliés. Bataille au cours de laquelle plus de 80000 légionnaires sont tués. Caepio est accusé de haute trahison, il est déchu de sa citoyenneté romaine, doit payer 15 000 talents d’amende, ses biens sont vendus au profit de l’État et il est condamné à l’exil. Caepio finit sa vie à Smyrne en Asie mineure.

L’or de Toulouse est devenu chez les Romains synonyme d’un bien mal acquis portant malheur. Donnant le proverbe : Aurum habet Tolosanum.

Cépion ravissant l’or de Toulouse, Sébastien Le Clerc d’après Jean-Pierre Rivalz, vers 1687, Musée Paul-Dupuy. (Wikimedia Commons).

Toutefois les auteurs anciens et modernes ne pensent qu’à l’or. Certains pensent que le trésor de Delphes était déjà vide. D’autres affirment que Caepio n’aurait jamais pu transporter 70 tonnes d’or vers Marseille. Alors que Brennus s’est emparé d’un talisman autrement plus précieux. L’or de Delphes est un trésor spirituel. Le cupide Caepio ne l’a même pas vu.

INTERPRÉTATION

Un des personnages du chaudron de Gundestrup porte le surnom de Brennus (en latin) avec ses variantes gauloises Brennos ou Brannos. Sous ce nom, qui signifie « corbeau », il apparaît dans plusieurs mythes ou histoires mythifiées. C’est le cas lors de l’expédition des Celtes vers Delphes. Cette histoire se lit sur deux niveaux suivant la formule d’Hermès Trismégiste : Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut. Le mythe inscrit dans les étoiles raconte le destin d’un dénommé Bran ou Brennos qui attaque un sanctuaire pour dérober un précieux talisman. Les Brennus historiques ou légendaires essaient de suivre ce modèle céleste en attaquant les centres sacrés de leurs voisins. C’est le cas du premier Brennus, lors du sac de Rome au IVe siècle av. J.-C., qui assiège le Capitole, centre religieux de la ville C’est le cas du second Brennus qui lance une expédition au IIIe siècle av. J.-C. vers le sanctuaire de Delphes, le centre sacré du monde grec. C’est le cas des héros légendaires. Bran le Béni qui commande une expédition militaire contre l’Irlande pour récupérer un chaudron qui ressuscite les guerriers morts au combat. Ainsi que Brennius (Bran) et son frère Belinus (Beli) qui se disputent pour la succession du royaume de Bretagne avec pour enjeu le centre sacré de l’île, le monument mégalithique de Stonehenge. Dans un article à venir, il faudra revenir longuement sur ces expéditions celtiques à la recherche d’un précieux talisman, ancêtres de la Quête du Graal.

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Image mise en avant :

Drachme en argent des Volques Tectosages (région de Toulouse), Daté du Ier siècle av. J.-C. (Source www.cgb.fr)

Bibliographie ;

Pour l’or de Toulouse :

Jean-Luc Boudartchouk, Patrice Cabau, Philippe Gardes, Henri Molet et François Quantin, Les « lacs sacrés » et l’or des Tectosages de Toulouse à travers les sources littéraires de l’antiquité tardive,du moyen âge et de l’époque moderne. Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, t. LXVI (2006). Disponible sur societearcheologiquedumidi.fr