LES CIRCONSTANCES DE LA DÉCOUVERTE DU CHAUDRON DE GUNDESTRUP

LES DRUIDES SAISON 1 ANNEXE 6

Les péripéties entourant la découverte du chaudron de Gundestrup et l’étrange disparition d’une des plaques les plus importantes du chaudron.

DANEMARK 1891

Le chaudron pose de nombreuses questions depuis sa découverte en 1891. D’où vient-il, qui l’a fabriqué et pour qui, quelle est la signification des scènes qui ornes les plaques intérieures et extérieures ? De nombreux spécialistes se sont penchés sur ces questions et ont développés un certain nombre de théories. Commençons par la découverte du chaudron.

LA DÉCOUVERTE DU CHAUDRON D’ARGENT

Le chaudron dit de Gundestrup a été découvert en mai 1891 près du village de Gundestrup dans la partie nord du Jutland au Danemark, dans une tourbière nommée « Rævemose ». C’est par hasard lors de la coupe de tourbe que le chaudron a été trouvé par un ouvrier agricole nommé Jens Sørensen qui travaillait dans une tourbière qui appartenait à Christian Mogensen, un fermier et patron de Sørensen. Les plaques du chaudron reposaient à entre 60 et 90 cm de profondeur dans la tourbière sans aucun autre objet à proximité. La découverte du chaudron a été signalée quelques jours plus tard à la gendarmerie locale puis au Musée national du Danemark à Copenhague. Des investigations menées par le Musée ont montrées que le chaudron n’est ni tombé dans la tourbière ni enterré dans la terre mais déposé à la surface de la tourbière soigneusement démonté. Lorsque les spécialistes du Musée National ont tenté de remonter les différents fragments du chaudron d’argent, ils se sont aperçus que certaines pièces manquaient, six tubes qui forment le bord supérieur et les bandes en tôle qui servaient de joint de fixation aux différents morceaux du chaudron, mais surtout il manquait une plaque de l’extérieur du chaudron.

LA DÉCOUVERTE DU CHAUDRON DE GUNDESTRUP. Le chaudron dit de Gundestrup a été découvert en mai 1891 près du village de Gundestrup...

Les différentes pièces composant le chaudron de Gundestrup (Source : Lukas Bernhard Summer)

Les chercheurs ont pu comprendre comment s’emboitent les différentes plaques. Les cinq grandes plaques qui forment le côté extérieur du chaudron et les sept plaques plus petites utilisées pour le revêtement extérieur. Grâce à des traces de soudures et des trous de clous l’ordre des plaques intérieurs a pu être reconstitué, mais pas l’ordre des plaques extérieures puisqu’une de ces pièces est restée manquante. Ainsi reconstitué le chaudron mesure 60 cm de diamètre et 42 cm de haut. Le dépôt était constitué d’un fond en forme de bol avec à l’intérieur douze plaques carrés et rectangulaires incurvées, une plaque de fond ronde ainsi que deux tubes à moitié ouvert provenant du bord supérieur du chaudron. Les plaques ont une hauteur de 21 à 22 cm, les intérieurs mesurent 40 à 43 cm de long tandis que les extérieurs sont plus petits avec une longueur de seulement 24-26 cm. Le chaudron assemblé pèse 8. 885 kg et est composé à 97 pour cent d’argent pur. Les plaques extérieures et intérieures étaient décorées de feuilles d’or. Les sept têtes à l’extérieur avaient leurs pupilles remplies d’une pâte de verre de couleur bleue dont la plupart ont disparues. L’étude des matières végétales entourant le chaudron a démontré que l’objet a pu être déposé sur une zone solide de la tourbière durant l’âge de fer. Les Germains et les Celtes considéraient que les tourbières comme des lieux sacrés et faisaient des offrandes à leurs dieux sous forme de sacrifices humains (les corps retrouvés dans les tourbières[1]) ou sous forme d’offrandes votives.

UNE OFFRANDE AUX DIEUX

Une offrande votive est un objet déposé dans un lieu sacré à l’intention d’une divinité en vue d’en obtenir une protection. C’est pourquoi il fort probable que le chaudron de Gundestrup est une offrande votive comme l’on montré d’autres découvertes. Il faut dire que les fouilles ont été menées de façon exemplaire pour l’époque. N’empêche qu’il manque une pièce essentielle au chaudron de Gundestrup. Volée lors du dépôt ? César dans son ouvrage De Bello Gallico nous apprend que les Gaulois n’auraient jamais touché de telles offrandes par craintes de leurs dieux. Tout comme Diodore de Sicile :

Les habitants de la Celtique supérieure offrent une autre singularité au sujet des temples. Dans les temples et les enceintes sacrées de ce pays se trouve entassé beaucoup d’or offert aux dieux ; et, quoique tous les Celtes aiment l’argent, pas un d’eux n’ose y toucher, tant la crainte des dieux les retient[2].

D’ailleurs le contrevenant subit une punition cruelle s’il ose voler une telle offrande. Un interdit religieux et une punition exemplaire rendent l’hypothèse d’un dépôt incomplet peu probable.

UNE DISPARITION ÉTRANGE

Volée lors de la découverte ? La récompense offerte à Mogensen et Sørensen pour leur découverte par le gouvernement danois a entrainé une dispute entre les deux hommes. Si une pièce avait été subtilisée par l’un ou par l’autre, le lésé aurait dénoncé le voleur.

Une disparition plus tardive malgré le grand soin mené lors des fouilles et des recherches qui ont suivi.

La réponse vient peut-être de la personnalité du directeur du Musée National Danois, le professeur Sophus Otto Müller (1846-1934) archéologue danois de renom, directeur du Musée National de 1895 à 1921, qui devient chevalier de l’Ordre du Dannebrog en 1889. Première personne à examiner le chaudron de Gundestrup à son arrivée au Musée National de Copenhague en 1891. Son travail scientifique a servi de base à toutes les thèses et recherches ultérieures. Fils de Carl Ludvig Müller (1809-1891) théologien et numismate, lui-même fils de Peter Erasmus Müller (1776-1834), historien, linguiste, théologien et professeur de théologie à l’Université de Copenhague puis évêque de Zélande de 1830-1834, la plus haute dignité ecclésiastique du Danemark à l’époque.

C’est certainement le contenu théologique explosif pour l’année 1891 de la plaque manquante qui porte à croire à l’hypothèse d’une disparition dans le musée même.

Il est évident que ce n’est pas l’appât du gain qui a motivé une sommité scientifique comme Sophus Otto Müller de soustraire une pièce essentielle d’un objet archéologique de première importance, mais un motif éminemment religieux dont le but est d’empêcher la divulgation de cette découverte et ainsi éviter d’ébranler les fondements du christianisme. Toute son histoire familiale le pousse à agir dans ce sens.

Sophus Otto Müller (1846-1934), archéologue danois et directeur du Musée National du Danemark

Sophus Otto Müller (1846-1934), archéologue danois et directeur du Musée National du Danemark

©JPS2021

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[1] Individus dont les restes momifiés ont été conservés dans des tourbières. L’homme de Tollund (Danemark) en est un des exemples les plus frappants.

[2] Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Livre V, 27, Traduction F. Hoefer, Charpentier, Libraire-éditeur, Paris, 1846.


Bibliographie :

En ce qui concerne la découverte du chaudron.

Lukas Bernhard Summer, Master’s thesis, The origins of the Gundestrup cauldron A smorgasbord of elements, scenes and cultural influences of Eurasia, from the Indus valley to Gallia, Vienna 2018.

LA DÉCOUVERTE DU CHAUDRON DE GUNDESTRUP

Chaudron de Gundestrup — Wikipédia (wikipedia.org)